Gouvernement : On ne change pas une équipe qui gagne

L’élection présidentielle est bien derrière nous. L’investiture aussi. On vient juste de fêter l’An I du second mandat de Ghazouani. Et, déjà, chacun se lance dans les supputations. Changement dans une semaine, dans un mois, peut-être en début de 2026 ! Une « chaleur informative » - qui durera un temps - et ses montagnes de propositions intéressées. Et puis rideau.

 

El Moctar Ould Diay et son équipe viennent de rentrer de leurs premières vacances gouvernementales après une année bien remplie. Beaucoup de réalisations mais encore beaucoup d’attentes. Le bilan est largement positif. Il justifie, à mon humble avis, la sagesse qui dit qu’ « on ne change pas une équipe qui gagne ». Le président Ghazouani, connu pour sa sagesse légendaire, ne va certainement pas répondre aux caprices des manipulateurs des réseaux sociaux et à la cabale menée contre son Premier ministre qui a fait ses preuves quand il était ministre chargé du cabinet du Président de la République montrant qu’il est un homme de bonne volonté. 

L’attelage politico-technocratique actuel, avec Ould Diay au Premier ministère, Moulay Ould Mohamed Laghdaf, comme ministre secrétaire général de la Présidence, Nani Ould Chrougha, ministre chargé du Cabinet du Président de la République et Sid’Ahmed Ould Mohamed à la présidence du parti au pouvoir est d’une efficacité telle qu’il a éclipsé et mis en déroute une opposition qui ne s’est jamais remise de ses multiples débâcles électorales (législatives, municipales, régionales et présidentielle). L’architecture gouvernementale est également adaptée à la vision politique, économique et sociale d’un président de la République dont les « ambitions pour la patrie » se déclinent en plusieurs domaines, ce qui lui donne la latitude d’envisager, avec sérénité, l’action à entreprendre pour raffermir le front intérieur (dialogue national) mais également de faire face aux défis extérieurs qui sont légion. 

Alors Ould Diay qui tient la barre, contre vents et marées, après la Présidentielle de  juin 2024, déroule sur le terrain le programme électoral du Raïs, se trouve être un homme de confiance du Président et sans doute celui qui sert le pays avec dévouement. Pourquoi voudrait-on qu’il s’en sépare sans raison ?

Il continue à gagner des batailles sans aucune perspective de perdre la « guerre » contre les « oppositions » mauritaniennes qui se cherchent depuis 2005. 

Qu’on se le tienne pour dit : le départ d’Ould Djay est une hypothèse hautement improbable. Surtout que le pouvoir ne subit aucune vraie pression ni sur le plan intérieur ni sur le plan extérieur.

 

Et puis, on oublie aussi que le Président n’aime pas changer pour changer. C’est un maitre incontesté du soft power politique. Il a montré à chaque fois que les « faiseurs de ministres », par presse interposée, n’ont aucune influence sur le cours de sa pensée et de son action stratégique. 

En fait, Ghazouani n’a de compte à rendre à personne. Il pense et agit en fonction non pas de ce qui est justifiable mais de ce qu’il croit juste. La gestion apaisée des affaires publiques, même après le sacre de 2024, est une option irréversible. Elle convient à l’homme et au système qu’il veut instaurer sous forme de Vème République, (après Daddah, Haidalla, Maaouiya et Aziz).

Il ne faut donc pas s’attendre, dans les prochains jours, à un chambardement de l’actuel gouvernement. On peut entrevoir, tout au plus, une restructuration autour de Ould Diay, avec naissance de nouveaux portefeuilles, fusion et dislocation d’autres pour être plus en phase avec les objectifs annoncés du nouveau quinquennat. Un petit changement donc qui entraînera dans son sillage une grande déception de politiques qui rongent leur frein dans l’antichambre du pouvoir.

 

Sneiba Mohamed