Mokhtar Ould Khaye, conseiller du président du parti Insaf pour les affaires politiques à Al-Wiam : Le Président souhaite rétablir la bonne gouvernance (Interview)
Le président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, s'efforce de rétablir la bonne gouvernance et de réformer notre système électoral afin d'évaluer l'efficacité du rôle joué par certaines institutions nationales, a déclaré, l’ancien maire et conseiller du président du Parti Insaf pour les affaires politiques, M. Mokhtar Ould Khayeh, selon lequel, cet objectif sera atteint grâce à un large dialogue visant à aborder les questions nationales qui requièrent un consensus.
Dans une interview exclusive accordée à l'agence de presse nationale Al-Wiam relative au contenu des discours prononcés par le Président lors de sa récente tournée effectuée dans la wilaya du Hodh Chargui, M. Ould Khayeh estime que sans sécurité ni stabilité, « il n'y aura ni État, ni développement, ni démocratie, et rien ne pourra être réalisé ».
La tribu et la Région « ne sauraient se substituer à l'État, qui possède tout et dispose d'un arsenal de lois qui le régisse». Il a souligné que le rétablissement du système scolaire républicain vise à former une génération dont les membres se comprennent et sont unis », selon ses propres termes.
Question : Quels objectifs le Président de la République espére-t-il atteindre en appelant à une large participation au dialogue national lors de sa visite dans la wilaya de Hodh Ech Chargui ?
Mokhtar Ould Khayeh : Je remercie vivement l'agence nationale Al-Wiam pour cette opportunité.
Les objectifs que Son Excellence le Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, a cherché à atteindre par son appel au dialogue et à une large participation sont clairs. Comme l'a déclaré Son Excellence le Président, l'ensemble du spectre politique est invité à participer activement afin de traiter les questions nationales qui requièrent un large consensus, tant du spectre politique lui-même que du peuple mauritanien dans son ensemble, à travers ses représentants au sein des partis politiques, des organisations de la société civile et des élites.
L'objectif de cette démarche, toujours selon Son Excellence le Président, est de rétablir la bonne gouvernance et notre système électoral afin d'évaluer l'efficacité du rôle joué par certaines institutions nationales, notamment le rôle de développement des conseils régionaux et des municipalités. Nous sommes confrontés à de nombreux défis et points qui seront abordés dans le cadre d'un dialogue sérieux et responsable, en vue de parvenir à un accord et à des conclusions concrètes. Le Président et son gouvernement seront prêts à mettre en œuvre les résultats de ce dialogue.
Question : Comment le Président a-t-il présenté la notion de sécurité et de stabilité comme condition essentielle au développement, et quelles mesures s'est-il engagé à prendre pour soutenir les forces armées et les forces de sécurité ?
Mokhtar Ould Khayeh : C'est une question très importante. Sans sécurité ni stabilité, il ne peut y avoir d'État, de développement, de démocratie, et rien ne peut être réalisé.
Je crois que la manière dont Son Excellence le Président a présenté le concept de sécurité et de stabilité était très simple et facile à comprendre, permettant ainsi à chacun d'entre nous, simples citoyens, d'en saisir le sens et l'importance capitale, et de s'y engager en plaçant leur préservation au sommet de nos priorités, par la solidarité et la coopération. En effet, l’alternative à la sécurité et à la stabilité mènerait vers le chaos qui a conduit des nations à l’éclatement déplacé des populations dans la région et à travers le monde.
Concernant l'engagement de Son Excellence le Président de développer et de moderniser les forces armées et les forces de sécurité, et de veiller à ce que leur personnel bénéficie de conditions matérielles, morales et logistiques satisfaisantes leur permettant d'accomplir pleinement leurs missions, nous avons constaté les premiers signes de progrès et attendons la concrétisation de ce projet dans un avenir proche, compte tenu du ferme engagement de Son Excellence à honorer ses promesses.
Question : Qu'est-ce qui a incité le Président à insister sur la lutte contre le tribalisme et le régionalisme, et quelles mesures a-t-il annoncées pour empêcher leur instrumentalisation dans la vie publique ?
Mokhtar Ould Khayeh : Je crois que la tribu a deux aspects. L'un est positif, social et coopératif, de par son rôle d'entraide entre ses membres. Cependant, ni la tribu ni la région ne peuvent se substituer à l'État, qui détient tous les pouvoirs et dispose d'un arsenal de lois pour le réguler. Sans État, la tribu ne peut exister, mais sans tribu, l'État peut répondre aux besoins de tous sans avoir besoin d'aucune autre entité.
Le Président de la République a souligné à plusieurs reprises la nécessité de freiner la montée du tribalisme, et au cas où il faut en prendre une partie congrue, il faut que cela s’effectue sur l’aspect positif, tout en évitant l’aspect négatif, étant inutile et du fait que tout le bien réside dans l'établissement d'un État de citoyenneté qui garantit les intérêts de tous, assure la sécurité et la stabilité, et où les citoyens ont des droits et des obligations.
Lutter contre le tribalisme appelle donc à sensibiliser la population sur son inutilité, de renforcer l'État pour qu'il puisse remplir ses missions et d'abandonner les pratiques tribales qui nuisent au prestige, à la réputation, à l'unité, à la sécurité et à la stabilité de l'État.
Parmi les aspects les plus marquants dand la lutte contre le tribalisme figure la directive du Président interdisant aux responsables de l'État d'assister à des événements tribaux, afin d'empêcher que certains n'instrumentalisent leur présence pour prétendre que l'État est aligné sur un camp ou un autre. Nous appartenons tous à une entité sociale appelée tribu, mais notre allégeance première va à l'État. Nous devons y adhérer, œuvrer à son renforcement et consolider son concept. Son Excellence le Président a souligné la nécessité de combattre le tribalisme sous ses aspects négatifs, ainsi que les groupes ou segments qui adoptent un discours raciste et discriminatoire susceptible d'entraîner la désintégration du tissu social et l'affaiblissement de l'État. C'est ce qu'a indiqué Son Excellence le Président de la République dans ses récents discours dans la région de Hodh Charghi.
Question : Pourquoi le Président de la République a-t-il considéré l'éducation comme la pierre angulaire de la construction d'un État citoyen et de l'élimination de la hiérarchie tribale ? Et quel est le lien entre cela et le projet adopté de l’« École républicaine »?
Mokhtar Ould Khayeh : L'importance de l'éducation est indéniable. Nous, qui sommes nés dans les années 60 du siècle dernier, avons étudié dans le cadre de l'École républicaine. Il n'y avait ni écoles privées, ni hiérarchie dans l'enseignement. Tous les élèves étaient dans la même classe et suivaient le même programme. La compréhension et l'harmonie régnaient dans notre vie scolaire et dans notre quotidien, grâce à l'École républicaine qui a formé des générations.
Le rétablissement de l'École républicaine est une refondation de l'éducation visant à former une génération dont les membres se comprennent et tiennent des rapports fraternels. Le discours du Président a mis en lumière l'importance de l'École républicaine et les objectifs de sa mise en place ; ce qui a restauré notre confiance dans l'enseignement public.
Le système scolaire républicain prend en compte les capacités de chacun et préserve les liens entre les générations futures.
Ce système constitue le véritable fondement de l'égalité et de la fraternité entre les jeunes générations.
L'intérêt que porte Son Excellence le Président à l'éducation en général découle de sa conviction profonde qu'il ne peut y avoir de développement ni d'avenir sans éducation.
Nous reconnaissons que l'éducation comporte différents types et étapes, et que des différences existent entre les apprenants, mais chaque phase est essentielle pour former l'individu et assurer son avenir. Il est important de rappeler et de saluer la reconnaissance particulière que Son Excellence le Président a accordée aux enseignants et aux soldats, compte tenu de sa prise de conscience de leurs souffrances, de leurs conditions de vie et de leur rôle indispensable. Il a promis de fournir un logement et des allocations à ces deux secteurs vitaux, essentiels à la construction du capital humain de la nation et à la préservation de sa sécurité, de sa stabilité et de son intégrité territoriale.
Grâce à la promesse du Président de redonner du prestige aux enseignants, les générations futures grandiront en respectant le savoir, en s'efforçant de l'acquérir et de le diffuser à l'échelle internationale.
Question : Nous vous remercions d’avoir accepté notre invitation et pour vos réponses complètes et approfondies.
Mokhtar Ould Khayeh : Merci à vous également

