Pendant deux semaines, du 24 novembre au 8 décembre 2025, l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences de la Santé (EN3S) de Nouakchott a abrité la 2ème session de formation de 25 maîtres mentors issus de 13 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre.
Clôturant la 2ème session de formation régionale des Maîtres mentors d’Afrique de l’Ouest et du Centre qui s’est déroulée du 24 novembre au 8 décembre 2025 à l’EN3S de Nouakchott, le Directeur de l’école, M. Ahmedou Armiyaou, se prononçant au nom de la Secrétaire générale du Ministère de la Santé, a félicité toutes les participantes.
Un processus qui a débuté en 2017
Le Directeur de l’EN3S a déclaré toute sa satisfaction de constater le succès enregistré par le processus de formation en mentorat qui a débuté depuis quelques années, plus exactement depuis 2017, année de préparation et de validation des principaux documents au niveau des pays et des sociétés savantes de la sous-région. Il a rappelé que c’est en 2019 qu’il a été procédé à la mise en œuvre du premier plan d’action de l’approche mentorat. S’en est suivi, dira-t-il en substance, la pandémie de Covid qui a entraîné le ralentissement du processus.
Selon lui, la Mauritanie, malgré cette crise, a procédé à la formation de la première cohorte de mentors nationaux en 2020. En 2022, poursuit-il, l’école a reçu les points focaux d’Afrique de l’Ouest et du Centre concernés par l’approche mentorat dans les différents pays.
Ce n’est en 2024, a rappelé encore M. Ahmedou Armiyaou, qu’a eu lieu la 1ère formation régionale en maîtres mentors à l’EN3S. « Et voilà qu’en 2025, nous assistons à la clôture de la 2ème formation du genre ici à l’école » a-t-il déclaré. Selon lui, l’EN3S prouve session après session qu’elle tient son rang de structure de référence régionale en matière de formation de mentors et de maîtres mentors.
Par la suite, il est revenu sur la séquence des fréquences prévues dans le premier plan d’action, avant de conclure par un mot de remerciement en direction des partenaires, en particulier le Fonds des Nations pour la Population (UNFPA) et le projet Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (SWEDD).
L’UNFPA, un partenaire constant
Le Représentant adjoint du bureau Mauritanie de l’UNFPA, M. Senath Aïdara, a renouvelé le soutien indéfectible de son institution à la formation des sages-femmes, rappelant que « investir dans les sages-femmes peut sauver 4,3 millions de vie d’ici 2030 » citant le Rapport mondial sur la pratique sage-femme. Il a mis en exergue l’importance de la formation qui vient de s’achever et qui marque selon lui, « une étape majeure dans la consolidation du mentorat clinique comme une approche stratégique pour améliorer la qualité des soins maternels et néonataux dans notre région. ».
Il a également salué l’EN3S qui continue, selon lui, de prouver son statut de Centre Régional d’Excellence pour la formation des sages-femmes, mettant en exergue l’engouement que cette profession suscite au sein de la jeunesse.
Il a enfin remercié les Bureau Pays de la sous-région qui ont mobilisé les ressources nécessaires à la formation des participantes.
Présentation par pays
Il faut dire que la dernière journée de clôture a été marquée par la présentation par chaque pays de son expérience sur la politique du mentorat clinique, selon un format uniformisé. Il s’agissait pour chaque intervenant, dont certains par vidéoconférence, de rappeler le contexte local, l’approche utilisée, les critères de sélection au mentorat, l’indice de suivi, les défis et recommandations.
Le cas mauritanien a été présenté par Roghaya Diawara, Chef de service Formation au Programme National de Santé de la Reproduction (PNSR).
Elle a rappelé le contexte national marqué par un taux élevé de mortalité maternelle, 424 décès pour 100.000 naissantes vivantes et un taux de décès néonatal de 22 pour 1.000.
En 2021, rappelle-t-elle, il a été procédé à la sélection de 15 sages-femmes pour la formation mentor, une sélection 2024/2025 faite par le Ministère de la Santé, des critères de choix de sites basé sur plusieurs indices, dont le taux de fréquentations. Les sorties sur sites des mentors est trimestrielle, selon elle, pour une durée de 5 jours.
Entre 2022 et 2025, 254 sages-femmes ont été formées sur le mentorat. Au total, 480 sorties sur sites ont été enregistrées et 12 missions d’introduction depuis 2022.
En 2025, le plan d’action mentorat prévoyait 8 activités, mais seules 5 ont été réalisées, a reconnu la présentatrice. En octobre 2025, selon elle, 16 sages-femmes mentors ont été formées.
Selon elle, les médecins-chefs et les directeurs régionaux de santé ont exprimé leur approbation de l’approche mentorat. Parmi les défis relevés, l’affectation récurrente des sages-femmes mentors, le désistement de plusieurs sages-femmes, l’insuffisante appropriation de l’approche et du suivi, et surtout, l’insuffisance des financements. Dans les perspectives, la mise à l’échelle du mentorat, l’évolution du processus.
Des interventions pertinentes
Plusieurs intervenants ont pris la parole au cours de la cérémonie de clôture, notamment quelques figures du corps enseignant, Dr. Abdel Jelil, gynécologue, Pr. Ahmed Zeine de la Faculté de Médecine, Pr. Khadijetou Bilal, Pr. Somé, la sage-femme et maître mentor, Zeynabou Sidibé de l’EN3S, entre autres.
Le mot des participantes a été prononcé par Mme Kouboura Abba Moussa, conseillère-sage femmes au bureau UNFPA du Niger.
Il faut souligner que les participantes à cette session de formation viennent des pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, Mali, Gabon, Guinée Bissau, Mauritanie, Niger, Togo, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, République de Centrafrique, Congo, Sénégal, Cameroun et Bénin.
Cheikh Aïdara
Témoignages
En marge de la session de formation, quelques participantes et enseignants ont livré leurs témoignages.
Abba Moussa Koubourou, Sage-femme conseillère Bureau UNFPA, Niger
« Nous sommes venues à deux, avec ma collègue qui est enseignante à l’Ecole de Santé du Niger, dans le cadre de la formation de maîtres mentors. Le mentorat est une innovation très stratégique dans le cadre de la réduction de la mortalité maternelle et néonatale. Sachant que l’UNFPA porte le portefeuille des Trois Zéros transformateurs dont « Zéro décès maternel évitable » pour arriver à ce résultat le mentorat constitue une étape stratégique. Voilà pourquoi l’UNFPA s’intéresse beaucoup à cette stratégie puisqu’elle va permettre d’inverser beaucoup de tendance en matière de qualité des soins. Une des difficultés, c’est à la sortie des écoles, les sages-femmes sont confrontées à beaucoup de difficultés. Elles ont des connaissances théoriques mais la pratique pose un sérieux problème. Une fois le mentorat mis en place, cela permettra de corriger beaucoup d’insuffisance sur le plan pratique. »
Mme Zehero Amma, Sage-femme, Inspectrice de Santé, Côte d’Ivoire
« J’ai été ravie de participer à cette formation. Il faut dire que dans nos pays africains, le taux de mortalité maternelle et néonatale est très élevé. Parmi les causes, la faiblesse de la qualité des soins, et une insuffisance des compétences des prestataires. Donc, le mentorat clinique demeure une stratégie innovante capable d’améliorer la qualité des indicateurs, notamment le taux de mortalité maternelle et néonatale. Nous avons passé deux semaines de formation très enrichissante. Elles nous ont permis de savoir les missions du mentor et celles du maître mentor ainsi que les techniques d’apprentissage. Il faut aussi dire que le mentorat est un processus d’encadrement où nous avons le mentor, un prestataire aguerri qui a le devoir d’encadrer la mentorée pour lui donner des compétences. A l’issue de cette formation chaque maître mentor a établi un plan d’action à mettre en œuvre dans son pays ».
Zeynabou Sidibé, Maître mentor, Chef du Département des Sciences de la Santé à l’EN3S
« Le processus du mentorat clinique des sages-femmes a démarré à l’EN3S en 2017 par la planification et la programmation. A cette session ont pris part plusieurs sociétés savantes de la sous-région. En 2019, il y a eu la planification d’une façon générale. En 2020, il y a eu la 1ère session de formation régionale des maîtres mentors. Par la suite, il y a eu la formation des points focaux en 2021. En 2024, c’était la 1ère session de formation régionale des maîtres mentors de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Nous sommes en 2025 avec la 2ème formation du genre. Cela prouve la légitimité du choix de l’EN3S comme centre d’excellence et sa capacité à abriter ce genre de formation. Nous lançons un plaidoyer aux autres pays et aux partenaires pour la pérennité de cette formation en nous envoyant leurs sages-femmes mentors pour bénéficier de cette formation de maître mentor, une stratégie innovante et efficace pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale. »
Houlèye Diallo, Sage-femme au Centre hospitalier de Sélibaby, Mauritanie
« Participer à cette formation de maîtres mentors a été pour moi une expérience enrichissante et transformatrice. Elle m’a permis de renforcer mes compétences, notamment dans la prise en charge des urgences obstétricales et l’amélioration des soins de qualité. Elle m’a permis d’appréhender le rôle essentiel du mentorat clinique des sages-femmes dans nos structures de santé. De retour à Sélibaby, je compte appliquer tout ce que j’ai appris au cours des deux semaines de formation et à les partager avec mes collègues afin de renforcer la qualité des soins dans nos structures ».
Pr. Some Der Adolphe, maître mentor, formateur, Burkina Faso
« Le processus du mentorat a été lancé au Burkina Faso en 2013, ce qui en fait un pionnier dans la sous-région. Des évaluations nationales ont été faites et nous avons trouvé qu’il y avait un impact positif dans la réduction de la mortalité maternelle dont le taux est passé de 330 décès pour 100.000 naissances vivantes à 198 aujourd’hui. Bien sûr, il n’y a pas que le mentorat, mais son rôle a été important. C’est pour ça, je pense, que l’UNFPA s’en est approprié et c’est louable pour que la majorité des pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre puissent adhérer à ce mentorat. Il y a eu des réunions en 2019 pour réécrire les documents régionaux et mettre en place la formation de maîtres mentors. Nous sommes à la 2ème session de formation des maîtres mentors dont le rôle sera, sur le plan national, de former les mentors, de les suivre, de les évaluer, de capitaliser les données et de faire un plaidoyer auprès de qui de droit afin que le programme mentorat puisse suivre son cours. »
Roghaya Mohamed Mahfoudh, Sage-femme d’Etat, Chef de service stage et encadrement à l’EN3S, Mauritanie
« En réalité, la mission du maître mentor clinique des sages-femmes est une mission de stage et d’orientation des prestaires sur leur site d’opération. Cela permet aux prestataires d’améliorer leurs compétences cliniques en matière de maternité. Mon expérience en tant que participante à cette session de formation a été importante et enrichissante. Elle m’a permis certainement de renforcer mes compétences et d’appliquer de manière pratique les connaissances théoriques qui nous ont été dispensées. J’attends et j’espère en cueillir les fruits dans le proche avenir ».

