Au Parc national du Diawling, le projet WACA face à l’érosion côtière : immersion au cœur d’un territoire en résilience

Dans la zone du Kseïr, au cœur du Parc National du Diawling, un ouvrage hydraulique illustre de manière concrète la rencontre progressive entre l’eau douce du fleuve Sénégal et l’eau salée de l’océan Atlantique. À mesure que ces flux convergent, l’eau devient saumâtre, façonnant un écosystème d’une grande complexité où dunes, mangroves et plaines humides coexistent.

À quelques encablures de cet ouvrage, deux dunes offrent un contraste saisissant : l’une, désormais stable, est solidement fixée par une végétation dense ; l’autre demeure mouvante, exposée aux vents et à l’érosion. Sur la dune stabilisée, la flore sahélo-saharienne a repris ses droits. On y retrouve notamment Salvadora persica, Acacia senegal et d’autres espèces endémiques, témoignant de la résilience naturelle du milieu.

Les palmiers dattiers, disséminés dans le paysage, racontent quant à eux une autre histoire.

« Ces palmiers sont de véritables marqueurs historiques. Ils témoignent du passage des anciennes caravanes reliant Atar à Saint-Louis (Ndar) », explique Zein El Abidine Sidaty, conservateur du parc.

Mangroves restaurées : une forêt renaissante

Un peu plus loin, les résultats du programme de restauration des mangroves, engagé depuis 2013, sont visibles à l’œil nu. Pépinières, dispositifs de protection grillagés et surtout une forêt en pleine croissance témoignent de l’efficacité des interventions menées avec l’appui du Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA).

Plusieurs espèces adaptées aux milieux salins, notamment Avicennia germinans et Rhizophora, se développent désormais dans cette zone. Leur rôle est essentiel : stabiliser les berges, atténuer l’érosion côtière et constituer un rempart naturel contre les effets du changement climatique.

Financé notamment par la Banque mondiale, le programme WACA vise à renforcer la résilience des zones côtières ouest-africaines, dont le bas delta du fleuve Sénégal constitue l’un des espaces les plus vulnérables.

Fixation des dunes à Ghaher : protéger la route, désenclaver les communautés

Dans la localité de Ghaher, au sein de la commune de Ndiago, un vaste projet de fixation des dunes a permis de stabiliser 10 hectares, sur environ 400 mètres de long et 250 mètres de large. Menés entre septembre et octobre 2025, les travaux ont combiné des techniques biologiques et mécaniques, dans une démarche de fixation durable des sols sableux.

Ce projet, réalisé par l’ONG AMAMI au profit du PND et financé par le projet WACA, vise un objectif stratégique : protéger la route unique, principale voie de passage reliant les communautés locales et condition essentielle à la lutte contre l’enclavement.

« C’est une action majeure pour sécuriser la route et améliorer la mobilité des populations », souligne Mariem Mint Alioune, saluant une initiative à fort impact social et économique.

Bassin de Bell et Moydina : biodiversité et retombées économiques

Au bassin de Bell, sur le site de M’Reau, le visiteur peut observer les crocodiles du désert, une espèce emblématique et strictement protégée par le parc. Ce site illustre la richesse faunistique du Diawling, où conservation de la biodiversité et usages humains cohabitent.

Dans le cadre de la valorisation économique, les pêcheurs du bassin de Bell transforment et commercialisent du poisson séché, contribuant ainsi à l’amélioration des revenus locaux.

Dans le village de Moydina, des coopératives locales exposent objets artisanaux et produits touristiques, inscrivant la protection de l’environnement dans une dynamique d’écotourisme communautaire.

 

Une forte implication communautaire

L’approche WACA repose sur l’implication active des populations locales à travers le financement de mesures communautaires de réduction des risques de catastrophes et de projets destinés à restaurer les moyens de subsistance, notamment la pêche, l’agriculture et les activités génératrices de revenus.

L’AJAL, relais médiatique des actions du WACA

Partenaire du programme WACA depuis 2021, l’Association des Journalistes Amis du Littoral (AJAL) a organisé, le 25 décembre, une visite de terrain au Parc national du Diawling.

L’objectif : « faire connaître les réalisations effectuées au niveau du PND et celles au profit des populations riveraines, documenter les défis liés à l’avancée de la mer et rapporter les progrès réalisés ».

À travers reportages et enquêtes, l’AJAL contribue à renforcer la visibilité des actions environnementales et à sensibiliser l’opinion publique aux enjeux climatiques et côtiers.

Une approche intégrée et transfrontalière.

Mis en œuvre sous la tutelle du Ministère mauritanien de l’Environnement et du Développement durable, le projet WACA au PND s’inscrit dans une approche intégrée et transfrontalière, en coordination avec le Sénégal.

Il combine :la réhabilitation et l’agrandissement des digues,la restauration écologique par les mangroves,des études prospectives pour une gestion durable du Bas-Delta du fleuve Sénégal,

et le soutien direct aux communautés locales pour la réduction des risques de catastrophes.

Au Diawling, ces réalisations démontrent qu’au-delà des ouvrages et des chiffres, la résilience se construit par la synergie entre nature, savoir-faire local, action publique et engagement communautaire.

THIAM Mamadou

Le Calame