Booster les résultats du projet SWEDD Mauritanie, une recommandation de la Directrice Régionale UNFPA WCARO

dim, 17/04/2022 - 20:28

Dans sa troisième journée de travail en Mauritanie, la Directrice Régionale du Fonds des Nations Unies pour la Population pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (UNFPA WCARO), Mme Argentina Matavel, a échangé, mercredi 13 avril 2022, avec le tout nouveau Coordonnateur du Projet Autonomisation des Femmes et Dividende Démographique (SWEDD) Mauritanie, M. Abass Sylla et son équipe. Au cœur des discussions, l’urgence de booster les résultats à travers une meilleure coordination et l’amélioration de la communication.

La Directrice Régionale UNFPA WCARO, Mme Argentina Matavel a eu une séance de travail avec l’équipe de l’Unité de Gestion du Projet (UGP) SWEDD Mauritanie, dont la Coordination vient d’être confiée à M. Abass Sylla, précédemment Directeur des Stratégies et Politiques au Ministère des Affaires Economiques et de la Promotion des Secteurs Productifs. La rencontre qui a eu lieu mercredi 13 avril 2022 s’est déroulée en présence du Représentant Résident du Bureau de l’UNFPA Mauritanie, M. Cheikh Fall et son staff, des assistants techniques du projet et des représentants du Ministère des Affaires Economiques.

Des exigences nouvelles dans l’assistance technique de l’UNFPA

Après avoir suivi une présentation de l’UGP SWEDD Mauritanie (résultats réalisés, objectifs et défis), Mme Argentina Matavel a rapporté des attentes non satisfaites de certains départements qui se plaignent de la lenteur dans l’atteinte de certains résultats, même si elle trouve que les volets sociaux prennent du temps à se réaliser. Elle trouve cependant qu’il y a beaucoup d’attentes et d’espoirs suscités par le projet chez les communautés qui tardent à percevoir son impact. Ainsi, selon elle, l’objectif de l’UNFPA est de voir comment l’assistance technique qu’elle fournit au projet peut s’accélérer et s’améliorer davantage, d’où des réaménagements en cours au niveau du Bureau Régional et du Secrétariat Technique Régional.

Elle trouve que cette assistance devient encore plus complexe avec l’élargissement des pays, de six au départ à neuf aujourd’hui, alors que quatre autres pays frappent à la porte du projet SWEDD, sans oublier l’existence d’autres partenaires comme l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS), et l’arrivée de nouveaux acteurs comme l’Agence Française de Développement (AFD), l’Union africaine et les organisations régionales (Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest et Communauté Economique de l’Afrique Centrale).

Impliquer davantage les départements ministériels

Elle a relevé par ailleurs l’impatience des six ministères clients des services du SWEDD en Mauritanie, les Affaires Economiques, la Santé, l’Education, les Affaires Sociales, les Affaires Islamiques et l’Emploi, qui se plaignent d’une faible implication dans l’exécution des activités et d’un déficit de communication, malgré l’existence de points focaux SWEDD dans ces différents départements.

D’autre part, la Directrice Régionale trouve que pour l’UNFPA, les exigences sont encore plus grandes aujourd’hui, parce qu’il y a davantage de fonds injectés dans le projet SWEDD. D’où la nécessité selon elle, d’exiger davantage d’engagement de la part des agents d’exécution du projet au sein des ministères ci-haut cités.

Un déficit de communication et de coordination

Elle a également relevé un déficit de communication dans les activités du projet qui, malgré leurs diversités et leur importance, restent encore invisibles aux yeux des populations dont la plupart ne serait pas selon elle, au courant des réalisations du projet. Elle trouve qu’il est impérieux d’activer le volet communication, mener des enquêtes et des sondages pour mesurer le degré de perception du SWEDD auprès des populations bénéficiaires.

Enfin, Mme Argentina Matavel voit dans le nouveau Coordonnateur de l’UGP SWEDD Mauritanie, M. Abass Sylla, un technicien capable d’assurer la coordination qui fait encore défaut, soulignant que son prédécesseur a fait sa part dans l’exécution des activités et qu’elle est sûre qu’il portera encore plus loin les résultats escomptés.

Renforcer la planification entre le bureau UNFPA Mauritanie et le SWEDD pays

Pour sa part, le Représentant Résident de l’UNFPA Mauritanie, M. Cheikh Fall, a fait remarquer que les défis qu’il a relevés à son arrivée sont les mêmes que ceux soulevés lors de la dernière rencontre du Comité de Pilotage du Projet (CRP) SWEDD qui a réuni le 24 mars 2022 à Nouakchott, les représentants des 13 pays membres. Il a souligné qu’à son niveau, des dispositions ont été prises par rapport au projet SWEDD pour améliorer la communication et le processus de planification pour éviter les doublons. Il a par ailleurs proposé la diffusion d’un bulletin régulier sur les réalisations du SWEDD, en impliquant davantage les médias et en renforçant la communication sociale pour le changement de comportement, tout en œuvrant pour que les départements concernés puissent s’approprier encore davantage les actions menées par le projet.

Dans l’atteinte des résultats

Parmi les intervenants, certains ont déploré le manque d’expertise dans l’élaboration des Termes de référence qui prennent beaucoup de retard dans leur conception, mais aussi le retard dans le recrutement au niveau régional des ONG de la société civile pour la mise en œuvre des activités. Dans la même foulée, il a été recommandé de créer plusieurs répondants dans chaque département en plus des points focaux, ces derniers étant en général des directeurs de département qui n’ont pas beaucoup de temps à consacrer aux activités SWEDD qu’ils considèrent parfois comme un travail supplémentaire et non un moyen d’atteindre leurs propres objectifs.

Dans le domaine de la santé communautaire, certains trouvent que la faiblesse de la prévalence contraceptive s’ajoute au retard dans la réduction des besoins non satisfaits en planification familiale, les ruptures de stocks, comme celles observées en 2021, étant fréquentes et souvent dues à un manque de coordination entre les services ministériels concernés. Parmi également les objectifs non encore atteints, la difficulté à faire de l’Ecole Nationale Supérieure des Sciences de la Santé (EN3S) un centre d’excellence pour le mentorat clinique des sages-femmes, mais aussi les difficultés à faire fonctionner les plateformes régionales de lutte contre les violences basées sur le genre, et le retard dans la mise en place des espaces sûrs.

En définitive, la Mauritanie qui vient de bénéficier de la deuxième phase du projet SWEDD, porte une double responsabilité, au regard des fonds supplémentaires qui lui ont été alloués par la Banque Mondiale (un budget de 60 millions de dollars U.S pour 4 ans) et sa présidence actuelle du CRP SWEDD.

Cheikh Aïdara