Marième Mint Cheikh Dieng, éminente militante du mouvement antiesclavagiste IRA et député à l’Assemblée Nationale sous les couleurs du parti SAWAB et du parti RAG, aile politique du mouvement IRA, a été libérée en milieu de soirée du lundi 20 mai 2024.
Elle a été accueillie en héroïne par une foule de militants du mouvement IRA, à la porte du commissariat d’Arafat 2 où elle était détenue depuis 9 jours suite à une plainte déposée contre elle, selon certaines sources, par le mari d’une de ses belligérantes.
L’icône de la lutte antiesclavagiste, connue pour ses sorties musclées au sein de l’hémicycle mauritanien contre les tenants du pouvoir civil et militaire, a été conduite chez elle en fanfare au milieu d’un défilé monstre.
Retour sur son arrestation
Dans un communiqué publié le 15 mai 2024 par le mouvement IRA, le député Marième Mint Cheikh a été mise aux arrêts trois jours plus tôt, le 12 mai, suite à une plainte déposée par « une dignitaire de l’INSAF (parti au pouvoir : ndlr), Rabi Aidara », fervente supporter du président sortant Ould Ghazouani et épouse d’un générale de l’armée à la retraite.
Selon le communiqué, Rabi Aïdara « supervisait une opération d’achats de conscience à l’endroit de compatriotes que leur vulnérabilité expose aux pièges du clientélisme alimentaire ». Le communique ajoute que la dame en question « s’acharnait depuis plusieurs jours à enrôler des citoyens, dans un bureau de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à Ryad, l’une des communes en périphérie de la capitale ».
Toujours selon le communiqué, Rabi Aïdara, ex-maire de Sebkha et parlementaire du parti-Etat, « distribuait ouvertement, des bons de nourritures délivrées par l’agence Taazour et en contrepartie, elle récupérait les reçus d’inscription préalables au retrait de la carte d’identité.
C’est en voulant empêcher cette fraude massive en prélude à l’élection présidentielle de juin 2024 qu’une altercation a opposé Marième Mint Cheikh et son frère à un groupe de femmes dans un bureau de la CENI. Selon le communiqué d’Ira, la militante-député a été agressée et battue. Au finish, tous les protagonistes de la bagarre se sont retrouvés au commissariat d’Arafat 2.
Le communiqué d’IRA a déploré les conditions de détention de leur militante qui ne disposait pas, selon ses termes de la moindre commodité, ne pouvait ni se laver, ni changer ses habits, ni accéder aux nourritures envoyées par sa famille, ni le thé. Le texte, selon ses non-dits, faisait entendre qu’il est urgent que l’opinion soit averti des conditions de Marième, pour éviter qu’elle ne soit victime d’un incident dans ce commissariat de police, comme ce fut le cas de Souvi Ould Cheine et d’Oumar Diop.
Rabi Aïdara réagit
Dans un droit-de réponse publié sur Cridem, Rabi Aïdara a réagi aux accusations portées contre elle par le communiqué du mouvement IRA. Dans sa réponse, le député du parti INSAF et femme leader dans la commune de Sebkha a rapporté la déclaration des victimes qui seraient toutes de sa mouvance politique, notamment l’initiative dédiée à Ghazouani qu’elle a mise en place pour soutenir sa candidature pour la présidentielle de juin 2024.
Selon ses propos, les femmes de son bord lui ont rapporté l’information selon laquelle, elles ont été attaquées par sa collègue Marième Mint Cheikh à l’école Bilal Rabah du PK 7 de Riyad alors qu’elles étaient venues s’inscrire sur les listes électorales.
Ainsi, selon ses dires, Marième Mint Cheikh aurait fait appel à quatre militants du mouvement IRA pour agresser ses militantes. Elle a parlé de strangulation et d’une femme enceinte qui ont perdu son fœtus au cours de la bagarre, puis de l’arrivée de la police.
« Des procédures illégales »
Selon Me Cheikh Ould Hindi, ancien bâtonnier de l’Ordre national des avocats et avocat de Marième Mint Cheikh qui d’ailleurs fut le premier à donner des informations sur ses conditions de détention, la procédure entamée contre son client a été entachée d’irrégularités depuis le début.
Arrêtée le 12 mai et jetée dans une salle de commissariat dénuée du moindre confort et soumise à une torture morale elle et son frère, Marième a été déférée au tribunal de Nouakchott Sud le 16 mai. Le juge d’instruction qui a hérité du dossier a signalé au Procureur l’irrégularité de la procédure, affirmant son incompétence à instruire un dossier qui concerne un député jouissant encore de son immunité parlementaire. Le dossier aurait été orientée vers la Chambre d’accusations. En droit, selon son avocat, sa cliente devait être libérée car n’étant plus ni sous l’emprise du procureur encore moins du juge d’instruction. Néanmoins, le procureur aurait ordonnée la poursuite de son arrestation à la police.
Finalement, Marième Mint Cheikh a été mise en liberté, face au fardeau que sa détention continuait à faire peser sur la crédibilité du système judiciaire, selon certains de ses partisans.
Cheikh Aïdara