Présidentielle Mauritanie 2024, l’Occident joue la carte de la stabilité et soutient la réélection de Ghazouani

ven, 12/07/2024 - 01:28

« Pour nous, il est très important que la Mauritanie reste stable et se développe ». Ainsi s’est exprimé le 11 juillet 2024 au micro de la Deutsch Welle après la victoire de Mohamed Cheikh Ghazouani, le député allemand Carl-Julius Cronenberg du parti libéral FDP, qui constitue avec les Verts et les socio-démocrates du SPD la coalition au pouvoir en Allemagne. Il préside également le groupe parlementaire pour les Etats du Maghreb.

Ce sentiment est largement partagé par le camp occidental dont les principaux dirigeants, notamment américains, français et espagnols, entre autres, se sont empressés pour féliciter le président sortant.

Hormis le souci de garder un allié précieux dans un Sahel où les puissances occidentales font face à des renvois de leurs anciennes bases militaires et de leurs intérêts, mais aussi d’une hostilité grandissante de la part des populations et leur remplacement par la Russie, la Mauritanie constitue un partenaire à garder à tout prix. C’est un maillon important dans la lutte contre la migration, en acceptant de jouer au « gendarme » aux frontières Sud de l’Europe » avec la signature d’un accord décrié par sa propre opinion. C’est aussi et surtout un partenaire de taille grâce à son potentiel gazier et son projet d’économie verte qui pourraient être d’un grand secours pour une Europe confrontée à une sérieuse crise énergétique.

C’est surtout la place de la Mauritanie dans la géostratégie internationale, avec un Occident menacé dans sa survie par l’émergence des Brics, un endettement hors du commun et une perte de leadership mondial, qui fait le lit d’une élection présidentielle qui aurait été mieux jaugée à l’aune des règles démocratiques normales.

Cela dans un contexte où l’alternative serait un Birame Dah Abeid plus proche, selon leurs analyses, des idées révolutionnaires qui soufflent au Sahel et dont la philosophie politique serait plus proche des tenants du panafricanisme ambiant.

Aussi, comprendrait-on la sortie du candidat à la présidentielle Birame Dah Abeid dans sa dernière sortie, le 8 juillet dernier, quand il s’est attaqué sans ménagement au monde occidental, un monde libre qui selon ses propos aurait choisi de fermer les yeux sur la « mascarade électorale qui a conforté Ghazouani au pouvoir ». Les mots sont durs et le ton amer, quand il se demande « pourquoi l’Amérique ment ? Pourquoi l’Union européenne ment ? »

Cheikh Aïdara