Moins de 24 heures après son investiture, le président Ghazouani a nommé Moctar Ould Diay au poste tant convoité de Premier ministre. En toute logique. Ou, si vous voulez, un juste retournement des choses. Ould Diay quitte son poste de Ministre chargé du Cabinet du Président de la République pour celui de Premier ministre parce qu'il est toujours en mission. Une mission rendue plus exaltante par l'ampleur du chantier que le président Ghazouani a annoncé aux Mauritaniens pour les cinq prochaines années : Ce mandat sera celui de la jeunesse. Tout un programme pour qui sait ce que veut la jeunesse ! Etudier. Se former. Et travailler. pour ne plus avoir à avoir à partir, massivement, à l'aventure. Certes, l'atteinte de tels objectifs n'est pas l'affaire d'un quinquennat, ni même de deux, mais le pari est de démarrer rapidement, et en force, ces chantiers qui montrent qu'on est réellement sorti de la parole aux actes.
Le parcours exceptionnel du nouveau Premier ministre prouve qu'il est vraiment l'homme de la situation. Ghazouani est le premier à le savoir, lui qui a mis "Moctar" à l'épreuve en le nommant, voilà exactement une année, le 04 juillet 2023, ministre chargé du cabinet du Président de la République. Une sorte de Premier ministre bis qui allie technicité et politique, deux qualités qu'Ould Diay a prouvé à maintes occasions.
Malgré l'animosité de certains qui tiennent coûte que coûte à trouver un grain de responsabilité de l'homme dans les "casseroles" de Mohamed Ould Abdel Aziz, il faut reconnaître que Ould Diay est l'homme des grandes réformes économiques et financières que la Mauritanie a connues lors de son passage au ministère des Finances.
La suppression des "logements", véritables écuries d'Augias, et leur remplacement par une indemnité attribuée à tous ceux qui en ont droit, c'est lui. Une poignée d'élus, de gens qui avaient ce qu'on appelle communément des "pistons", étaient logés par la République, alors que des dizaines de milliers d'autres étaient laissés- pour-compte. Grâce à Ould Diay, tout fonctionnaire ou agent de l'Etat a aujourd'hui une indemnité de non logement portée sur son salaire de manière systématique. Les sociétés d'Etat accumulaient souvent des arriérés de salaires parce que les budgets étaient "détournés" par les directeurs vers des chapitres "prioritaires" permettant à ces (ir)responsables de vivre de leurs tieb-tieb. C'est encore Ould Diay qui a décidé que les salaires des travailleurs de ces entreprises publiques seront pris en charge directement par le budget. Depuis, des sociétés comme l'Agence mauritanienne d'information (AMI), la radio et la télévision ne se soucient plus de ce "fardeau" que sont les salaires. La fin des deux salaires, voire plus, c'est également une action salutaire de cet ingénieur statisticien formé au Maroc dont la force réside dans l'esprit d'initiative et la volonté de bien faire tout ce qu'il entreprend.
Il faut aussi dire que le passage de Ould Diay à la Présidence de la République en tant que ministre chargé du cabinet du Président de la République, malgré sa brièveté, a aidé Ghazouani à remettre de l'ordre au Palais grâce à l'esprit méthodique d'un homme qui se donne pleinement à la tâche.
Et n'oublions pas, pour finir, d'évoquer le rôle de premier plan joué par Ould Diay dans les victoires électorales de la majorité, notamment à Nouakchott, qui a toujours été un bastion de l'opposition. En mission pour le compte du parti El Insaf dont il est très lié à son président Mohamed Maalainine Ould Eyih, il a su aider à mettre en place un plan de bataille ayant provoqué la déroute de l'opposition lors des dernières élections municipales, législatives et régionales et de la présidentielle du 29 juin dernier. Avec un tel bilan, la sagesse du président Ghazouani et sa volonté de faire de son second mandat une véritable révolution au niveau de la gestion des affaires de l'Etat jusque-là objet d'une critique acerbe de la part d'une partie des Mauritaniens, lui a indiqué la bonne décision à prendre en consacrant Ould Diay Premier ministre, quitte à provoquer des remous au sein même d'une majorité où la faiblesse de certains hommes politiques est de regarder leurs intérêts particuliers avant l'intérêt général qui est de la responsabilité du président de la République.
Sneiba Mohamed