Onze femmes venues de plusieurs régions du pays ont reçu chacune une enveloppe de 30.000 MRU en guise d’allocation d’aides à la réinsertion après avoir été guéries de la fistule obstétricale. La cérémonie de remise de ses aides allouées par le Ministère de la Santé, avec l’appui de l’UNFPA, a eu lieu lundi 30 décembre 2019 à Nouakchott.
Le Ministère de la Santé, à travers le Service de la santé de la reproduction (ex-PNSR) et l’appui du Fonds des Nations pour la Population (UNFPA), vient d’allouer la somme de 330.000 MRU (3,3 Millions MR0) à onze femmes guéries de fistules obstétricales. C’était au cours d’une cérémonie organisée lundi 30 décembre 2019 à Nouakchott en présence des autorités sanitaires et de leurs partenaires du système des Nations Unies, en particulier l’UNFPA.
Au cours du discours qu’il a prononcé à l’occasion, le Secrétaire général du Ministère de la Santé, M.Ahmed Salem Ould Bouhada a déclaré que «l’isolement social constitue le défi le plus traumatisant auquel sont confrontées des milliers de femmes souffrant de fistules obstétricales à travers le monde». Brossant le profil de ces femmes, il ajoutera qu’elles sont «pauvres, issues de milieux défavorisés, et n’ont pas accès aux services de santé, ce qui constitue une violation de leurs droits les plus élémentaires». La Mauritanie, dira-t-il en substance, a très tôt lancé une stratégie nationale pour la prise en charge sociale et médicale des femmes souffrant de fistules obstétricales, avec le concours de l’UNFPA. Les autorités actuelles ont développé, selon lui, un programme de santé qui accorde une attention particulière aux franges les plus pauvres de la population, notamment la gratuité de la réparation chirurgicale pour les femmes victimes de fistules obstétricales. Il a remercié dans ce cadre l’appui inestimable de l’UNFPA dans cette lutte et son apport considérable dans la prise en charge des fistuleuses depuis leur détection, leur transport et leur guérison totale.
Auparavant, M.Seynath Haidara, Assistant du Représentant résident de l’UNFPA en Mauritanie avait souligné que «cette remise d’aides à la réinsertion des femmes guéries de fistules obstétricales est l’occasion de plaider en faveur d’une plus grande mobilisation de fonds pour éradiquer définitivement ce fléau». Citant l’Organisation mondiale de la Santé (IOMS), il estime le nombre de victimes à 2 millions à travers le monde, avec 50 à 100.000 nouveaux cas chaque année. Selon lui, «la Mauritanie n’est pas épargnée par ce fléau qui continue de détruire la vie de plusieurs femmes», exhortant à plus d’efforts pour lutter contre le mariage des enfants et les mutilations génitales féminines, la multiplication des campagnes de sensibilisation pour exhorter les femmes à accoucher dans des formations sanitaires et à recevoir la bonne information sur les questions de la santé de la reproduction, notamment la planification familiale, mais aussi sur l’existence d’une chirurgie réparatrice pour que les femmes porteuses de fistules sachent que leur mal n’est pas incurable. Il a insisté sur les mesures préventives qui constituent selon lui un axe majeur des ODD, avant de souligner qu’en 2019, 26 cas de fistules obstétricales ont été réparés en Mauritanie.
Selon Vatimetou Mint Moulaye, Présidente de l’Association des Sages-femmes de Mauritanie, «la stratégie nationale de lutte contre les fistules obstétricales en Mauritanie, lancée en 2005, a permis d’offrir la réparation chirurgicale à environ 300 femmes dont 24, avec les onze d’aujourd’hui, ont bénéficié d’aide à la réinsertion sociale, sans compter les cas traités par les ONG locales spécialisées».
Aminata Bâ, femme guérie de la fistule originaire de Kaédi : «j’ai succombé à la fistule au cours de mon dernier accouchement et j’ai traîné deux ans avec la maladie. Après l’opération, j’ai repris goût à la vie. Avec cette enveloppe que vient de m’offrir l’Etat, je vais me lancer dans le commerce d’habillement»
Coumba, originaire de la région du Trarza : «j’ai été opérée par Dr. Diagana à l’hôpital Mère et Enfant de Nouakchott après des années de fistule. Je ne me suis jamais sentie rejetée par ma famille, et aujourd’hui grâce à cette aide qui vient de m’être donnée, je pourrais investir dans le commerce et le maraîchage».
Cheikh Aïdara