Beaucoup voulaient voir Sidi Ould Salem sortir du gouvernement. Ils pensaient que cette fois était la bonne, après avoir été ignorés, lors de la cabale contre le ministre « coupable », à leurs yeux, d’avoir insinué que le pouvoir de Ghazouani est une continuité du « nehj » (voie) de celui de son prédécesseur.
Il faut dire que le bilan de Sidi Ould Salem, en tant que ministre de l’Enseignement supérieur plaide largement en sa faveur. A la veille de sa reconduction, l’Institut préparatoire aux grandes écoles d’ingénieurs (IPGEI) annonçait l’admission de tous ses candidats au concours commun Mines/Ponts (CCMP), leur ouvrant l’accès à de très grandes écoles d’ingénieurs françaises. Certains vous diront que c’est l’arbre qui cache la forêt, la situation de l’enseignement supérieur en Mauritanie étant, de loin, différente de celle de ces écoles d’excellence qui commencent à établir la renommée du pays outre frontières.
Ceux qui s’acharnent à présenter Sidi Ould Salem comme un antihéros ont peut-être raison mais seulement quand ils ignorent l’AVANT et l’APRES. Et de répondre à la question : avions-nous une université digne de ce nom avant son arrivée au Supérieur en 2014 ?
Ceux qui tirent à boulets rouges sur Sidi Ould Salem, pour des raisons autres que celles tenant à la réalisation des objectifs de mise à niveau d’un enseignement supérieur qui a toujours été à la traine, par rapport à la situation dans les pays de la sous-région, obéissent à un agenda autre que celui fixé par le gouvernement : ils se complaisent dans la médiocrité et l’amateurisme qui leur permettaient de tirer profit d’une situation de déliquescence dont le coût a pour nom « le moindre effort ».
Si le président Ghazouani a décidé, malgré le tintamarre fait autour de la personne de Sidi Ould Salem, de lui renouveler sa confiance, c’est parce que ce Docteur en Science des Matériaux sortant de l’Université de Lyon I (France), et ayant présenté une importante thèse sur « la réalisation et caractérisation des guides d’ondes planaires dans le LiNbO3 » a vraiment le profil de l’emploi. L’homme qu’il faut à la place qu’il faut, pour « dire simple ».
Dès sa nomination, Sidi Ould Salem a d’abord commencé par restructurer, sachant, par expérience (il a mené plusieurs études au profit du secteur de l’Education) que le Mal est d’abord en cette anarchie qui « consomme » d’énormes ressources financières et humaines sans résultats probants.
Comme contre-argument à cet argument de poids, les détracteurs du ministre de l’enseignement supérieur qui sont légion parmi ses pairs (allez savoir pourquoi) mettent en avant les grèves des étudiants (comme si ce n’est pas un phénomène récurrent ailleurs), les difficultés de transport et autres récriminations qui ne datent pas d’aujourd’hui. Ceux qui ne veulent voir que la moitié vide du verre ne jugent pas utile d’accorder de l’importante à un bilan pourtant clairement exposé sur le site du Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et des technologies de l’information (MESRSTI) pour la période 2015-2020.
Les axes stratégiques qui ont présidé à cette réforme au niveau de l’enseignement supérieur, et qui peuvent inspirer la nouvelle dynamique que l’on cherche à impulser aux autres niveaux (fondamental et secondaire) sont : Renforcer le pilotage institutionnel et la gouvernance du système ; Améliorer la pertinence, la qualité des formations et l’employabilité des diplômes ; Améliorer l’accès aux formations de l’enseignement supérieur ; Promouvoir une recherche scientifique articulée autour des grandes problématiques du développement du pays. En pratique, cela a donné :
- Le passage de deux universités, en 2014, composées de 4 facultés et d’un Institut fréquentés par 13141 étudiants, 3 Ecoles d’ingénieurs pour 333 étudiants à une université composée de 4 facultés et d’un institut accueillant 16332 étudiants, 1 Ecole ESP qui compte 4 instituts et un cycle ingénieur avec 686 pensionnaires, est une prouesse que ne peut réaliser que celui qui appréhende, véritablement, les enjeux de la formation supérieure en Mauritanie.
- Mise en place du CNESRS par le Décret 119-2015 fixant la composition et le fonctionnement du Conseil National de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Scientifique.
- La création (IPGEI) par l’Arrêté 572-2015 portant organisation et fonctionnement de l’institut préparatoire aux grandes écoles d’ingénieurs.
- La mise en place d’Indicateurs de suivi de l’enseignement supérieur (Décret 120-2015 du 2 juillet 2015).
- Elaboration d’une Stratégie Nationale de la Recherche et de l’Innovation, comme outil du développement économique et social du pays.
- Création de la cellule chargée de l’évaluation de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Arrêté 018-2016 du 11 janvier 2016).
- Cahier des charges fixant les conditions de création, d’ouverture et d’accréditation des filières des établissements privés d’enseignement supérieur (Arrêté 024-2016 abrogeant et remplaçant l’arrêté 1669 du 4 aout 2011).
- Réalisation d’une étude « diagnostic de l’enseignement supérieur de Mauritanie» et élaboration d’un modèle de simulation financière du secteur.
- Création de l’Institut supérieur d’anglais (ISA) par le Décret 030-2016.
- Elaboration du cadre général du régime des études et les conditions d’obtention des diplômes nationaux dans le système LMD (Décret 044-2016).
- Création de l’Université de Nouakchott Al Aasriya et fixant les règles de son organisation et de son fonctionnement (Décret 138-2016).
- Création ISM-BTPU (Décret 160-2016 du 7 septembre 2016 portant réorganisation de l’École Supérieure Polytechnique et fixant les règles de son fonctionnement).
- Création du statut des Professeurs agrégés enseignants à l’IPGEI par le Décret n◦2016-129/PM du 12/07/2016.
- Création des sociétés savantes (Arrêté n° 2017 – 316 fixant les règles d’organisation des sociétés savantes).
- Lancement d’un site web pour l’identification de la diaspora WWW.diaspora.mr.
- Arrêté 421-2017 du 17 avril 2017 fixant les conditions de création et de fonctionnement des périodiques scientifiques dans les établissements d’enseignement et de recherche scientifique.
- Création de l’Autorité Mauritanienne de l’Assurance Qualité dans l’Enseignement Supérieur et fixant les règles de son organisation et fonctionnement (Décret 093-2017 du 10 juillet 2017).
- Accréditation des filières de licences dispensées par l’Institut Supérieur de Comptabilité et d’Administration des Entreprises (Arrêté 844-2017 du 10 octobre 2017).
- Création des écoles doctorales à l’université de Nouakchott Alasriya et fixant leur organisation et leurs règles de fonctionnement (Arrêté n° 2017 – 863).
- Accréditation des filières de licences de certains établissements privés d’enseignement supérieur (Arrêté 845-2017 du 10 octobre 2017) et d’une filière de licence professionnelle dispensée à l’Institut Supérieur de la Science de la Mer (ISSM) par l’Arrêté 846-2017 du 10 octobre 2017.
- Décret 070-2018 du 24 avril 2018 fixant le cadre général du régime des études et les conditions d’obtention du diplôme national d’ingénieur.
- Décret 091-2018 du 21 mai 2018 fixant le cadre général du régime des études et les conditions d’obtention du diplôme national de docteur d’état en médecine.
- Décret 092-2018 du 21 mai 2018 modifiant certaines dispositions du décret 044-2016 du 21 mars 2016 fixant le cadre général du régime des études et les conditions d’obtention des diplômes nationaux dans le système LMD (Licence, Master, Doctorat).
- Arrêté 770-2018 du 22 octobre 2018 portant organisation et fonctionnement de l’Institut
Supérieur des Métiers de la Mine (IS2M).
- Arrêté 334-2019 du 06 mai 2019 portant accréditation des filières du diplôme national d’ingénieurs dispensées à L’École Supérieure Polytechnique.
- Arrêté 335-2019 du 06 mai 2019 portant accréditation d’une filière de licence professionnelle dispensée à l’École Supérieure d’Officiers (ESO).
- Création du DU et DIU par Arrêté 343-2019 du 08 mai 2019 fixant le cadre général du régime des études et les conditions d’obtention du diplôme universitaire et du diplôme interuniversitaire.
- Arrêté 562-2019 du 09 juillet 2019 fixant le régime spécifique de la licence professionnelle dans le système LMD.
- Centre de calcul et de développement d’applications. Ce Centre dispose d’un supercalculateur capable d’effectuer 220 mille milliards (2,2 1014) opérations à virgule flottantes par seconde (flops) grâce au soutien financier de la Banque Centrale de Mauritanie et de l’Autorité de Régulation et à l’appui technique du réseau UNESCO UniTwin Campus Numérique des Systèmes Complexes ...
- Création de l’ISMS (Arrêté 835-2019 du 18 octobre 2019 portant organisation et fonctionnement de l’Institut Supérieur des Métiers de la Statistique (ISMS).
- Création d’une agence nationale de recherche scientifique et de l’innovation (Projet de décret complète le dispositif initié, en 2016, par la création du Haut Conseil à la Recherche Scientifique et à l’Innovation. Le HCRSI a pour vocation d’arrêter la politique et la stratégie en matière de recherche et d’innovation).
Il s’agit-là de réalisations concrètes et non d’une simple nomenclature qui, ailleurs, traduit souvent des projets restés à l’état de…projets. Elles justifient le maintien de Sidi Ould Salem au ministère de l’enseignement supérieur et montrent que le président Ghazouani n’est pas homme à se soumettre aux caprices des donneurs de leçons qui sont légion sur les réseaux sociaux. Elles sont certainement pour beaucoup dans le fait que Sidi Ould Salem s’est fait beaucoup d’ennemis, il est vrai, parce qu’il a bouleversé des habitudes dans un département à problèmes. Ses atouts ? Une bonne connaissance du domaine et une fermeté dont a besoin tout meneur d’hommes.
Sneiba Mohamed
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