Après la ville de Terni où il s’est exprimé le 15 septembre dernier à la Place du Théâtre, devant un parterre de personnalités sur le combat antiesclavagiste de son organisation en Mauritanie, le député et président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid, poursuit sa tournée en Italie. Le 18 septembre 2021, il recevait le prix Cicérone en marge d’une conférence tenue dans la ville d’Arpino, sur les droits humains et les droits constitutionnels en Afrique, cas de la Mauritanie.
Birame Dah Abeid, député et président du mouvement IRA, a tenu un discours très suivi à la mairie de Arpinum (Arpino) en Italie, le 18 septembre 2021. Ce discours précédait une conférence sur la crise du droit constitutionnel en Afrique et dans le monde arabe qu’il a animée en compagnie de Mario Patrono, professeur émérite du droit public comparé, et Giorgio Piras, professeur de philosophie classique. En toile de fond de cette conférence, une réflexion sur l’œuvre de l’homme d’Etat, homme de lettres et juriste romain, Marcus Tilluis Cicérone (106-43 avant Jésus Christ).
Dans son intervention, Birame a brossé une biographie assez exhaustive de Cicéron, car selon lui, « on ne peut pas venir à Arpino sans parler de ce grand juriste qu’est Cicéron ». C’est une personnalité historique connue, selon lui, par son éloquence et son plaidoyer permanent en faveur du droit, qu’il oppose à la loi du plus fort. Cicéron, d’après lui, a ainsi toujours dénoncé à son époque le coup d’Etat comme mode de prise du pouvoir politique. « Le destin ambivalent de Cicéron rappelle que l’action politique d’un homme ou d’un groupe dure dans le temps et s’enracine si elle s’adosse sur des valeurs morales et de justice, comme elle s’estompe quand elle s’écarte de ses mêmes valeurs. » a souligné Birame. Selon lui, l’héritage laissé par Cicéron, parle aujourd’hui aux Africains et au monde musulman qui sont porteurs d’un cancer qui s’appelle « les coups d’Etat », rappelant dans ce cadre le triste record détenu dans ce domaine par la Mauritanie, et les évènements récents en Guinée.
Par la suite, Birame est entré dans la genèse du mouvement abolitionniste IRA dont l’objectif à ses débuts en 2008 était, d’après lui, tourné vers la défense des droits humains, sans aucune visée politique. Il a évoqué dans ce cadre le contexte particulier en Mauritanie, avec la persistance de l’esclavage et sa légitimation, ainsi que le racisme domestique de l’Etat qui prévalait à l’époque. Cela s’est traduit par ce qu’il appelle l’arme de la subversion utilisée par IRA pour combattre les dogmes obscurantistes qui font la promotion de l’esclavage et codifiaient selon lui, un mode de vie séculaire et moyenâgeux qui mettaient en servitude une partie de la population. Il a rappelé aussi les exactions que lui et ses partisans ont subi, amplifiés par les médias et soutenus par les religieux. « A la violence, nous avons répondu par la non-violence » a-t-il martelé. Il a aussi évoqué les procès et les poursuites dont ils furent objet, et la solidarité internationale qui s’en est suivi avec la création de IRA-Italie puis IRA-France et le mouvement populaire à l’intérieur.
Birame a aussi parlé de son entrée en politique avec la création de l’aile politique de son mouvement, le parti RAG, qui sera selon lui, frappé de non reconnaissance comme son pendant des droits de l’homme IRA. Il a évoqué dans ce cadre son mariage de raison avec le parti Sawab, son emprisonnement avant les législatives et son élection comme député. Puis, de sa candidature à la course présidentielle, pendant laquelle, il déclare avoir gagné les cœurs des laissés pour compte de la société ainsi qu’une partie des classes dominantes. Se disant victime d’un hold-up électoral à l’issue du scrutin de 2019, il a expliqué son rôle dans le dénouement de la crise politique qui s’en est suivi, ainsi que le processus de dialogue et de concertation que le président Ghazouani a institué par la suite avec l’ensemble de la classe politique.
Birame a parlé des bons rapports qu’il entretient avec le Chef de l’Etat et dit fonder son espoir de voir ses ambitions se réaliser aux termes de la prochaine échéance. Selon lui, la réalisation de ses objectifs dans le domaine des droits humains, de la lutte contre l’esclavage et des multiples problèmes encore en instance en Mauritanie, passe nécessairement par la prise du pouvoir exécutif d’une manière légale et démocratique.
A la fin de son discours et de la conférence sur le thème « Liberté c’est la faculté de Vivre comme on veut », Birame a reçu des mains de Renato Réa, maire de la ville d’Arpino, le Prix Cicérone. La conférence qui l’avait réuni sur le plateau avec deux autre éminents professeurs, Mario Patrono et Giorgio Piras, était modéré par l’assesseur culturel Nicolo Casinelli, en présence du vice-président du Conseil régional Mauro Buschchini et une pléthore de professeurs. Avaient assisté également à la rencontre Yacoub Diarra, Président de IRA-Italie et son épouse Ivana, mais aussi l’épouse de Birame Dah Abeid, Leïla Ahmed.
Cheikh Aïdara