C’est au détour d’un webinaire régional organisé mercredi 12 avril 2023, que la plupart des journalistes membres du Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) découvrent les Maladies Tropicales Négligées (MTN). L’invitée de ce webinaire, Mme Yacine Djibo, Directrice Exécutive de l’ONG « Speak Up Africa » et ses collaborateurs ont ainsi satisfait la curiosité des participants venus de plus d’une dizaine de pays.
Plus d’une cinquantaine de journalistes africains membres du REMAPSEN au niveau de 17 pays, ont pris part, mercredi 12 avril 2023, au webinaire organisé autour des MTN et animé par la Directrice Exécutive de l’ONG « Speak Up Africa », Mme Yacine Djibo, secondée par M. Papa Momar Touré, son Chargé de programme.
M. Bamba Youssouf, président du REMAPSEN, a introduit les débats en campant le décor, soulignant que ce webinaire avec « Speak Up Africa » est le troisième que le réseau a organisé depuis le début de l’année 2023, avec le webinaire organisé avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en janvier et celui avec ONUSIDA en mars.
Par la suite, la parole a été donnée à M. MBagnik Diouf, journaliste sénégalais, pour présenter Mme Yacine Djibo, avant que la parole ne revienne à cette dernière. Ce fut ensuite le tour des pays participants dont les représentants ont eu l’opportunité de poser leurs questions et de recevoir les réponses.
A propos de « Speak Up Africa »
Mme Yacine Djibo, a déclaré que “ Speak Up Africa” est une ONG à but non lucratif de plaidoyer et de communication stratégique créé en 2011, avec un statut d’association reconnue au Sénégal. Elle finance des organisations de la société civile dans le cadre de la mise en œuvre de ses programmes.
Son objectif est de favoriser le changement de politique, renforcer la sensibilisation autour du développement durable en Afrique et pouvoir catalyser le leadership. Selon elle, la santé est un droit humain et que l’amélioration de la santé publique doit être au cœur des actions. Son organisation, dira-t-elle en substance, soutient les ODD 1 à 6, qui vise notamment à transformer les sociétés africaines pour que chaque homme, enfant et femme ait une vie pleine, productive et saine.
« Aujourd’hui à Speak Up Africa, nous restons convaincus que la sensibilisation des citoyens est primordiale, et le rôle des médias est absolument nécessaire et essentiel » a-t-elle souligné.
Mme Yacine Djibo a précisé que son organisation travaille avec tous les secteurs de la société pour des actions concrètes dans six thématiques clés, à savoir, la lutte contre le paludisme, la lutte contre les MTN, l’accès à la vaccination, l’assainissement, la recherche et le développement, et enfin, l’égalité genre.
Plaidoyer et communication stratégique
« Speak Up Africa », d’après Mme Yacine Djibo, est engagée dans le plaidoyer pour la mobilisation des ressources et l’amélioration des budgets consacrés aux MTN dans le cadre des programmes et stratégies nationales des pays où elle intervient. Elle rappelle aux gouvernements leurs engagements sur la santé, notamment dans le cadre de la Déclaration d’Abuja, mais aussi dans le cadre de la lutte contre le paludisme et le VIH/Sida qu’ils se sont engagés à financer.
Mme Yacine affirme avoir été motivée dans son engagement pour la lutte contre les MTN par un souci d’équité, car selon elle, il s’agit de maladies évitables et traitables, car les médicaments sont disponibles et qu’il s’agit tout juste de rendre les systèmes de santé plus résilients.
Travailler avec les gouvernements
Sur ce plan, “ Speak Up Africa” travaille selon elle sur trois objectifs, renforcer l’engagement politique pour accroître les ressources nationales consacrées à la lutte contre les MTN, travailler avec les parties prenantes pour rendre les espaces de prise de décision sur les MTN plus inclusifs, pouvoir assurer que les jeunes, la société civile, les communautés, les femmes et les jeunes filles soient associés dans toutes les décisions et stratégies dans le cadre des programmes nationaux.
Pour l’instant, « Speak Up Africa » travaille dans quatre pays, le Niger, le Burkina Faso, le Bénin et la Guinée, avec un programme d’élargissement qui vise à couvrir d’autres pays où les MTN sont prégnantes.
Parmi les principaux défis auxquels l’organisation fait face, Mme Yacine Djibo a cité les financements et le manque de connaissances par rapport aux MTN. Son organisation travaille, selon elle, avec les Etats et dans le cadre de leurs programmes et stratégies qu’elle appuie et soutient. L’organisation a noué également un partenariat avec l’Union africaine, dans le cadre de la Feuille de Route 2030 des MTN. Dans ce cadre, elle travaille dans la vulgarisation de cette feuille de route, en soutenant le plaidoyer et la communication stratégique dans ce domaine.
Les médias, au cœur des activités
Mme Yacine Djibo a dit toute l’importance qu’occupe les journalistes et les médias dans les actions de communication stratégique de son organisation. Elle affirme que « Speak Up Africa » a déjà formé plus de 170 journalistes en Guinée dans le cadre de son programme, qu’elle a suscité des reportages au Sénégal dans le cadre des « Media Tours » qu’organise chaque année son organisation, qu’elle dispose d’un micro-financement de 2.000 dollars par an pour des reportages journalistiques. Un chargé de relation média a même été recruté en 2022 pour la cause, a-t-elle souligné.
Aussi, a-t-elle apprécié l’opportunité que lui a offert le webinaire de REMAPSEN pour une communication de masse avec les journalistes.
Les MTN, ce sont 20 maladies répertoriées
Pour Papa Momar Touré, les MTN, ce sont 20 maladies répertoriées et classées en deux groupes. Le premier groupe compte 5 maladies, le trachome (cécité), l’onchocercose (cécité des rivières), la schistosomiase (cours d’eau), l’éléphantiasis ou filariose lymphatique et les géohelminthiases.
Le deuxième groupe compte 15 maladies appelées « maladies de la honte » ou « MTN au cas par cas », où on peut citer entre autres, la lèpre, la gale, la rage, les morsures de serpent…
Selon Papa Momar Touré, les MTN touchent en particulier les populations vivant dans les zones les plus reculées d’Afrique. « Avec un engagement fort des Etats et des communautés, plus un programme de communication fort, on peut vaincre les MTN » a-t-il affirmé.
Selon lui, il y a 35 pays sur le continent qui sont les plus exposés aux MTN, ce qui pose un véritable enjeu de santé publique en Afrique, un combat qui concerne d’après lui, toutes les cibles et tous les secteurs.
A noter que les 17 pays ayant participé au webinaire sont Madagascar, Cameroun, Guinée Equatoriale, Burundi, Tchad, Congo, RDC, Gabon, Guinée Conakry, Niger, Burkina Faso, Sénégal, Mali, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Togo, Bénin et Guinée Bissau.
La Mauritanie et les MTN
En Mauritanie, l’OMS appuie l’élaboration du plan stratégique MTN 2022-2026 avec le Ministère de la Santé. Les maladies concernées sont les schistosomiases, les géohelminthiases, la lèpre, la rage, la dengue, la leishmaniose, le mycétome et les envenimassions par morsure de serpents.
Comme plusieurs pays, la Mauritanie se trouve à un stade où le trachome n’est plus considéré comme un grand problème de santé publique. Un programme de surveillance est toutefois mis en place. Le pays devrait même, si aucun nouveau cas n’est signalé, être certifié exempt de trachome depuis juillet 2022. En plus, la Mauritanie est considérée comme non endémique pour la filariose lymphatique.
Cheikh Aïdara
Secrétaire Général REMAPSEN Mauritanie