Foule immense et arc-en-ciel, couloirs bondés, salle archicomble, discours fort et ambiance folle à l’intérieur comme à l’extérieur de l’ancienne Maison des Jeunes de Nouakchott ! Tels sont les ingrédients qui ont accompagné mercredi 24 avril 2024, l’annonce solennelle de la candidature de Birame Dah Abeid à l’élection présidentielle de juin prochain.
Après 2014 et 2019, le député, président du mouvement antiesclavagiste IRA, récipiendaire de plusieurs prix internationaux des droits de l’homme, dont le prestigieux Prix des Nations Unies, Birame Dah Abeid, a annoncé, mercredi 24 avril 2024 à Nouakchott, sa candidature au scrutin présidentiel du 29 juin prochain.
Le décor ambiant
Plusieurs heures avant cette annonce, la foule se déversait à l’ancienne Maison des Jeunes par grappes. Venus des neuf départements de Nouakchott, Nouadhibou, Zouerate, Gorgol, et de plusieurs autres régions et localités du pays, des centaines de militants chevronnés et des sympathisants anciens et nouvellement acquis à la cause du leader harratine, avaient convergé dès les premières heures de l’après-midi du 24 avril vers le lieu du rassemblement.
Au milieu de la foule en délire, des manifestations folkloriques, des danses, des cris de joie. Un slogan assez révélateur du grand changement qui se dessine était sorti de centaines de bouches « Le peuple te réclame Ô Birame, Noir et Blanc ».
Des jeunes hommes et des jeunes filles profitaient de l’occasion pour immortaliser l’instant sous le flash discret de quelques appareils photos ou par le truchement de smartphone au crépitement silencieux.
Plusieurs leaders et chefs de courants politiques, des mouvements de femmes et de jeunesses, des notables, cadres et intellectuels de diverses obédiences, avaient pris les premiers rangs. Derrière, des couches interminables de militants de la cause esclavagiste, masses impatientes pour le changement, une atmosphère électrique qui avait transformé la salle de spectacle en un show strié par une marée humaine, bigarrée et colorée, dans une représentation en miniature de la Mauritanie plurielle.
Vers 17 heures, la voiture qui transportait Birame Dah Abeid, drapé dans un boubou bleu, debout les mains levées pour saluer l’immense foule massée à ses pieds, avait du mal à se frayer un chemin.
La ferveur militante montait au ciel dans un grondement sourd, accompagnant le leader antiesclavagiste dans sa lente progression vers l’enceinte de la grande salle, bondée jusque dans les allées. Quelques poignées de main avec les leaders et chefs politiques, leaders religieux, cadres et staff d’organisations sœurs, favorables à sa candidature. Le plancher où se dressait un pupitre garni, pris d’assaut par une flopée de journalistes et de bloggeurs, entremêlés dans une bataille de micros, laissait peu de place aux staffs techniques et la garde rapprochée du candidat. Les flashs de dizaines d’appareil photos zébraient la scène ainsi campée.
La nouveauté dans cette candidature annoncée de Birame Dah Abeid, c’est l’adhésion à sa cause de la communauté Bidhane qui a compris que le programme politique du candidat est inclusif et qu’il prône une Mauritanie où tous les citoyens jouiront des mêmes égards. C’est le cas de plusieurs démissionnaires du parti INSAF au pouvoir, à l’image du jeune Moulaye Ismaël Baba
Le discours
Le discours de Birame Dah Abeid était très attendu, surtout qu’il a eu l’intuition d’avoir adressé un clin d’œil aux victimes de l’injustice qui a frappé ces derniers temps quelques familles de la composante maure, tel l’emprisonnement du bloggeur, cinéaste et réalisateur Ould Savra, ou encore celui de l’ancien sénateur et président de l’ONG « Transparence Inclusive » Ould Ghadde, tous les deux victimes selon lui des manigances du pouvoir en place.
Il a appelé à la libération de tous les innocents actuellement en prison, comme le jeune entrepreneur Saadbouh, victime d’une cabale de la part de concurrents déloyaux avec l’appui des autorités. Il a aussi dénoncé l’injustice envers le président Aziz et sa communauté, soutenant que s’il accède au pouvoir, il va commanditer la révision du procès de l’ancien président qui est resté le seul visé dans un processus qui est parvenu à blanchir plus de 300 personnes, anciens dignitaires de son régime, aussi impliqués dans la gabegie.
Il a pointé aussi du doigt la gabegie et la corruption qui gangrènent le pays, mis en scène à travers le feuilleton « Son Excellence » du réalisateur Ould Savra, feuilleton dont deux épisodes avaient été diffusés à la télévision publique avant d’être arrêté, parce qu’il met à nu la prévarication ambiante de l’Etat mauritanien. Il a aussi invité le bloggeur Sidi Ould Kmache, l’un des plus grands influenceurs mauritaniens à l’étranger, et Yacoub Ould Sidiya, un autre influenceur, à enterrer la hache de guerre judiciaire qui les oppose aux USA, soutenant que leur querelle ne profite pas au pays.
Il a déclaré que sa confrontation avec le candidat du pouvoir, le président Ould Ghazouani, c’est un combat contre la mauvaise gouvernance et l’injustice, un combat pour l’émergence d’un pays réellement démocratique, égalitaire, juste et bien gouverné.
Cheikh Aidara