Alors que la Mauritanie retient son souffle à l’orée d’une élection présidentielle prévue samedi 29 juin 2024, déjà exacerbée par une mobilisation extraordinaire des forces de sécurité stationnées dans tous les carrefours de Nouakchott et dans les capitales régionales ainsi que dans les hameaux les plus reculés du pays, les appréhensions sont lourdes quant à l’issue du scrutin.
Loin de tout pronostic qui se révélerait hasardeux dans un contexte marqué par une campagne et une pré campagne durant lesquelles certains candidats se sont bâtis des certitudes de victoire, au vu des foules qu’ils sont arrivés à drainer durant leurs tournées et leurs harangues, un candidat particulier retient l’attention. Il s’agit de Birame Dah Abeid.
Le choix de ce candidat s’explique par le fait qu’entre tous les autres concurrents, c’est celui sur lequel une analyse comparative peut être faite par rapport aux résultats de l’élection présidentielle de 2019 où il était arrivé deuxième derrière le président sortant, Mohamed Cheikh Ghazouani qu’il affronte pour la deuxième fois. Cela n’ôte en rien le mérite des autres candidats qui gardent chacun ses chances de briguer la magistrature suprême
Les bastions imprenables de l’Est vont-ils basculer ?
Les régions orientales du pays, les deux Hodhs et l’Assaba en particulier, mais aussi le Centre et le Nord, tels que le Tagant, l’Adrar, le Brakna et l’Inchiri, ont de tout temps été la chasse gardée des chefferies traditionnelles et religieuses. Elles constituent de par leur poids démographique, des zones concentriques de puissances temporelles, spirituelles et économiques, des sortes de greniers électoraux assignés aux différents pouvoirs militaro-civils qui se sont succédé à la tête du pays depuis l’émergence du pluralisme démocratique. C’est là où repose la pérennité du système dominant et le lit où il puise la quintessence de sa force politique. C’est également là où sont issus les oligarchies qui dirigent le pays, les hauts cadres et gradés de l’armée et de l’administration publique, ainsi que l’écrasante majorité des hommes d’affaires et banquiers.
En 2019, le candidat Birame Dah Abeid n’a récolté que des miettes dans ces vastes prairies électorales où le pouvoir de la pauvreté écrase toute volonté de liberté, maintenant la masse populaire de ces régions dans des liens de dépendances économiques et intellectuelles quasi pérennes.
Il avait obtenu les scores suivants :
- Hodh Charghi : 3%
- Hodh Gharbi : 4%
- Tagant : 4%
- Adrar : 6%
- Inchiri : 8%
- Brakna : 11%
Aujourd’hui, la situation semble avoir évolué. Le bilan mitigé du premier quinquennat de Ghazouani semble avoir insufflé une vague d’indignation et de colère jusqu’aux tréfonds des bastions électoraux de ces régions orientales et occidentales. Les réseaux sociaux ont en effet insufflé un vent d’éveil et de prise de conscience des populations. L’information ne s’accommode plus de filtre. Elle s’introduit dans chaque concession, glisse sous toutes les tentes et pénètre toutes les baraques.
Birame Dah Abeid pourrait en effet profiter de la vague de mécontentement populaire pour bousculer les tenants du pouvoir dans leur propre fief, notamment dans toutes ces zones éloignées où les bureaux de vote étaient laissés à la merci des pontes locaux pour manipuler les urines. Cette incapacité de couvrir tout le territoire par absence de représentants l’avait en effet toujours pénalisé, ainsi que les autres candidats de l’opposition.
Au vu de l’engouement que ses tournées récentes ont provoqué, les observateurs croient qu’il pourra améliorer considérablement ses scores de 2019 dans toutes ces régions déjà citées. Ainsi, ses partisans ne sont pas loin d’imaginer des surprises de tailles dans les zones traditionnellement acquises aux tenants du pouvoir et à leurs thuriféraires locaux.
Les exploits de 2019 seront-ils reconduits ?
Il faut rappeler qu’à l’issue de l’élection présidentielle de 2019, Birame Dah Abeid avait battu Mohamed Cheikh Ghazouani dans 14 circonscriptions électorales dont 4 capitales régionales et trois grandes Moughataa à Nouakchott.
En effet, Birame avait remporté Kaédi, Mbout, Rosso, Sélibaby, Nouadhibou, Sebkha, El Mina et Riyadh, en plus d’autres circonscriptions, Edebaye Ehel Guelaye, Lahrach, Terguent Ehel Moulaye Ely et Voum Legleita (Gorgol), Edebaye Hijaj (Brakna) et Hassi Chegar (Guidimagha).
Voici les résultats de l’élection présidentielle de 2019 qui avait réuni les candidats suivants :
- Mohamed Cheikh Ghazouani
- Birame Dah Abeid
- Kane Hamidou Baba (Paix à son âme)
- Mohamed Ould Maouloud
- Ould Wavi Mourtaji
- Sidi Mohamed Boubacar
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Les Wilayas où Birame a obtenu les plus faibles scores :
- Hodh Charghi
- Hodh Gharbi
- Tagant
- Adrar
- Inchiri
Birame Dah Abeid avait battu le candidat Mohamed Cheikh Ghazouani dans 14 circonscriptions électorales
dont des capitales régionales
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Cheikh Aïdara