Birame Dah Abeid : « le président du patronat mauritanien Zeine Abidine a négocié à hauteur de 65 millions MRO le débauchage du bureau IRA/RAG en Côte d’Ivoire »

jeu, 16/01/2025 - 00:00

« Ce n’est pas tant le débauchage de nos représentants en Côte d’Ivoire qui me dérange, mais l’implication directe du régime politique dans cette affaire, à savoir la présidence de la République, le président du parti au pouvoir, le chef du patronat et les Renseignements Généraux » a déclaré le député Birame Dah Abeid, président de l’ONG antiesclavagiste IRA et candidat classé 2ème durant les trois dernières présidentielles. Cette déclaration a été faite au cours d’une conférence de presse qu’il a animée mercredi 15 janvier 2025 à Nouakchott.

Durant cette rencontre avec la presse, en présence de leaders de sa coalition ainsi que ses partisans, Birame Dah Abeid est revenu sur le long processus de débauchage auquel les présidents Mohamed Ould Abdel Aziz, Chef de l’Etat de 2009 à 2019 et son successeur, Mohamed Cheikh Ghazouani qui entame son second mandat, ont mené durant leur bras-de-fer avec le plus coriace adversaire de leur régime respectif.

Ce que Birame Dah Ould Abeid reproche à tous ceux qui ont été délogés de ses rangs à coups de corruption, ce n’est pas leur « trahison » a-t-il fait remarquer, mais le fait qu’ils « acceptent de se renier contre de maigres pitances, avant d’être rejetés, dans la pauvreté et la misère, par ceux-là même qui leur avait promis monts et merveilles en contrepartie de leur défection ».

« Il y a quelques temps, l’un des transfuges d’Ira dont le rôle depuis qu’il a quitté ses rangs il y a de cela plus de quinze ans est de nous dénigrer et nous insulter, est venu voir l’un de nos camarades pour demander de quoi assurer la dépense d’une journée pour sa famille » a-t-il donné à titre d’exemple.

« Si vous accepter de trahir, ayez au moins l’intelligence d’en profiter pour amasser assez pour le restant de votre existence » a encore ironisé Birame Dah Abeid s’adressant à tous ceux qui seraient tentés de partir en captant l’argent de la corruption politique.

Ainsi, pour Birame, la nouveauté aujourd’hui, sous Ghazouani, c’est l’implication directe au plus niveau de personnalités publiques dans la campagne de corruption pour essaimer les rangs du mouvement IRA et du parti RAG en attente de reconnaissance officielle.

L’affaire de Côte d’Ivoire ne serait à ses yeux que les prémisses d’une action qui risque de s’accélérer avec l’approche de la prochaine échéance présidentielle. Selon lui, le chef du patronat mauritanien, Zeine Abidine, se serait rendu à Abidjan avec une proposition en monnaie sonnante et trébuchante en direction des membres du directoire de IRA et de RAG. Leur sont proposés, 65 millions MRO, dont 35 millions maintenant et 30 millions après qu’ils aient prouvé leur rupture définitive avec Birame, à coups d’annonces, suivies de campagnes d’insultes et de dénigrements.

Au sujet du parti RAG, son président, l’ancien ministre Oumar Ould Yali, n’a pas manqué de souligner les manœuvres dilatoires et sans ambages du ministre de l’Intérieur qui n’aurait pas caché sa volonté manifeste de refuser toute reconnaissance à son parti à travers les nouveaux amendements introduits dans la loi sur les partis politiques.

Pour Birame, il est normal que le régime actuel montre un tel désarroi face à la panique provoquée par le rouleau compresseur que sa mouvance politique représente.

Ainsi, en préparation de la prochaine présidentielle de 2029, les thuriféraires du pouvoir qui ne comptent nullement courir le risque d’un changement de pouvoir, font de tout bois en travaillant sur le long terme afin d’abattre leur plus sérieux adversaire. C’est ainsi que Birame Dah Abeid et ses soutiens voient les enjeux actuels visant à l’affaiblir en délogeant le maximum de ses soutiens, même s’il faut dépenser pour cela, des milliards d’ouguiyas.

Cheikh Aïdara