Les réseaux sociaux, le Net en général, sont l’expression d’un paradoxe : le Bien et le Mal. Une réalité qu’ils partagent avec bien d’autres domaines et qui n’est « contenue », dans ses manifestations de tous les jours, que par une régulation, en amont, par la loi posée, et en aval, par son application stricte aux contrevenants.
A Rosso, le président Ghazouani a rappelé ce principe fondamental dans un discours qui arrive au moment où le désordre, sur les réseaux sociaux, veut s’imposer comme « l’ordre ». Quand n’importe qui, au nom d’une liberté d’expression non assimilée – donc non assumée – se croit permis de publier, ou dire, n’importe quoi sur n’importe qui. La préservation de la sécurité, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières du pays « n’est pas négociable », avait dit Ould Ghazouani faisant ainsi parler son instinct d’ancien chef d’état-major général des armées raffermi, depuis 2019, par son statut de président de la République, et donc de chef suprême des forces armées et de sécurité.
En cela, cette sécurité ne doit pas subir les aléas de la manipulation que constituent le mauvais usage, le visage maléfique, des réseaux sociaux quand ils se transforment en porte d’entrée pour la cybercriminalité. Certes, ces outils peuvent jouer le rôle de médias citoyens, en informant et en éduquant, par leur bon usage, mais ils servent aussi de noirs desseins, entre les mains de manipulateurs de la politique et de ceux qui veulent entretenir les crises sociales.
Garantir la sécurité c’est favoriser le développement du pays. D’ailleurs, le concept de « sécurité et développement », en vogue dans le monde, fonctionne comme un dyptique indispensable au progrès qui s’accomplit, de plus en plus, en avenir incertain. C’est le nouveau « fondement de l’Etat », comme le président de la République n’a pas manqué de le rappeler, assurant que le rôle joué par les citoyens dans la préservation de cette sécurité est de premier ordre.
Concrètement, le mauvais usage des réseaux sociaux contre lequel les autorités sont décidées à lutter, par tous les moyens, sans toucher toutefois aux libertés publiques garanties par la constitution, sont les fakes news (infox, fausses nouvelles), ou encore informations fallacieuses, informations mensongères diffusées dans le but de manipuler ou de tromper le public et la cybercriminalité dans son expression classique combattue par toutes les polices du monde.
Il s’agit donc d’une nouvelle forme de criminalité et de délinquance qui se distingue des formes traditionnelles en ce qu’elle se situe dans un espace virtuel, le « cyberespace ». Favorisé depuis quelques années par la démocratisation de l’accès à l’informatique et la globalisation des réseaux, le développement du cybercrime est donc une menace réelle contre laquelle une stratégie de « containment » doit être conçue et activée le plus vite possible. C’est le sens qu’il faut donner au récent discours du président de la République et aux mesures que s’apprêtent à mettre en œuvre le gouvernement pour s’assurer des effets préventifs et coercitifs d’une « loi informatique et libertés » qui, tout en s’inspirant de celles qui fonctionnent dans de nombreux pays du monde, prend en compte les spécificités d’une société mauritanienne qui voit en les réseaux sociaux, sans méfiance aucune, une forme nouvelle de sa pratique quotidienne du « chtari » (quoi de neuf ?)
Sneiba Mohamed