C’était attendu et cela devait arriver un jour ou l’autre. Le renvoi de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz en prison. Aziz a tout simplement précipité les choses. En narguant la justice.
Sachant que les faits qui l’accablent s’accumulaient à chaque fois que la justice avance dans ses investigations, Aziz a voulu brûler les étapes. Une fuite en avant qu’il considérait, à tort, comme une "défense".
Placé sous contrôle judiciaire, puis en résidence surveillée, l’ancien président n’a cessé d’enfreindre les règles qui régissent ces deux dispositions légales qui ont été le sort de nombre de citoyens avant lui, y compris d’anciens chefs de l’État, et continueront à s’appliquer à ceux qui enfreignent les lois de la République.
Aziz est en prison par la volonté d’une justice qui a démontré, tout le long du processus, son degré haut d’indépendance. Elle a résisté aux injonctions de ces nombreux citoyens qui, considérant la gravité des faits, avaient pensé, dès le départ, que la place de l’ancien président était la prison. La justice suivait son cours, comme on dit, alors qu’Aziz cherchait, malicieusement, par sa "marche" vers les locaux de la police de répression des crimes économiques où il est contraint par la loi de se présenter trois fois par semaine, à manipuler la rue, n’arrivant à s’attirer la sympathie que de badauds et d’enfants désœuvrés.
Dans cette affaire, Aziz est un prisonnier de droit commun, accusé de dissimulation de biens publics évalués à des dizaines de milliards d’ouguiyas. Le statut de "prisonnier politique" ou d’opinion qu’il cherche à se forger ne se base sur aucun argument valable puisque la parole libre - libérée - continue à dénoncer, y compris au sein du parti "Ribat" qu’il a adoubé, ce qu’elle considère comme manquement ou insuffisance. Il faut comprendre seulement, qu’en matière de protection des biens publics, personne n’est au-dessus de la loi et la position du président Ghazouani est claire en cela, lui qui a laissé la justice suivre son cours, malgré ce qu’on dit de l’affinité qui le liait à l’ancien président Aziz.
Il est clair maintenant que la Mauritanie est entrée de plain-pied dans une nouvelle ère, celle où la protection des biens publics compte plus que les arrangements sociopolitiques et tribalo-affairistes qui avaient cours dans le passé. Ceux qui permettaient de s’en sortir, à moindre frais, après avoir commis des crimes ou délits qui, dans les démocraties qui se respectent, vous envoient directement au gnouf.
Bénéficiant de l’appui inconditionnel d’une majorité soudée conduite par l’Union pour la République (UPR), le bras politique du pouvoir, le gouvernement met en branle depuis août 2019, une politique de bonne gouvernance dont l’un des premiers fruits est cette volonté de laisser la justice suivre son cours pour traiter, en toute sérénité et sans interférences, ce que l’opinion publique nationale et internationale appelle le "dossier de la décennie" 2009-2019.
Mohamed Ould Brahim