En prélude au Forum régional sur l’esclavage prévu du 16 au 17 mars 2022 à l’ancien Palais des Congrès de Nouakchott, l’Honorable député Birame Dah Abeid, président de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), a animé le 14 mars, une conférence de presse sur cet évènement organisé par son association avec l’appui du gouvernement mauritanien et sous la Haute présidence du Chef de l’Etat, SEM. Mohamed Cheikh Ghazouani.
Dans une salle archi-comble de l’hôtel Halima de Nouakchott et derrière une forêt de caméras, le président d’IRA, le député Birame Dah Abeid a animé le 14 mars 2022 une conférence de presse pour édifier l’opinion sur le Forum régional sur l’esclavage que son association organise les 16 et 17 mars 2022 à Nouakchott, avec l’appui du gouvernement mauritanien. Ce sera en présence d’abolitionnistes venus des pays du G5 Sahel (Niger, Mali, Burkina Faso et Tchad), en plus du Sénégal, de la Guinée, du Ghana et de délégation venant des Etats-Unis d’Amérique et d’Europe.
La conférence a cependant pris le ton du réquisitoire sur l’état de la lutte contre l’esclavage, Birame Dah Abeid ayant pointé un doigt accusateur sur deux engrenages qui freinent la volonté exprimée par le Président de la République d’endiguer ce phénomène. Il s’agit de l’appareil judiciaire resté selon lui réfractaire au vent de changement qui souffle dans le pays face aux pratiques esclavagistes et la Commission nationale des droits de l’homme (Cndh), dont le président et les membres viennent de voir leur mandat renouveler.
Sur ce dernier point, il a rapporté l’inquiétude exprimée par les cadres et les militants d’IRA, mais aussi celle des organisations internationales des droits de l’homme, face au renouvellement de mandat d’une Cndh qui a été, dira-t-il en substance, la résonnance du déni porté par l’ancien régime qui avait nommé ses membres. « En renouvelant sa confiance aux membres de la Cndh qui ont continué à nous combattre, nous verrons si la volonté politique actuelle infléchira la ligne de conduite de ses membres à notre égard, ce qui confirmera la sincérité des promesses faites en faveur du respect des lignes directrices de la lutte contre l’esclavage et du respect dû aux abolitionnistes, ou si cette volonté a dévié de ses objectifs » a commenté Birame Dah Abeid.
S’agissant de la justice, le président d’IRA a déclaré qu’il s’agit de l’ultime bastion des esclavagistes. Selon lui, les magistrats mauritaniens continuent de traiter les cas d’esclavage avérés, en dehors des dispositions de la loi 031-2015 incriminant l’esclavage.
Il a fait dans ce cas le parallèle entre l’impunité accordée à des auteurs d’esclavage avérés, donc auteurs de crime contre l’Humanité, à l’instar de Cheikhna Chahlawi d’Aïn Verba, libéré au bout de deux mois, et la sévère condamnation de jeunes accusés à Bassiknou d’un viol non avéré sur la plainte d’une association féministe qualifiée de raciste, avec l’appui d’hommes politiques locaux pour faire payer au village dont ils sont issus leur vote lors de la présidentielle de 2019 contre un candidat attitré.
Ou encore, l’emprisonnement continu depuis plusieurs mois aujourd’hui des jeunes de R’Kiz sortis pour fustiger la médiocrité des services sociaux, ou les jeunes de NGawlé, auteurs d’agression mais dont le cas aurait relevé, selon Birame, de l’esprit de la loi et non de la lourdeur de condamnations.
Enfin, Birame Dah Abeid s’est longuement attardé sur la bonne foi du président Ghazouani d’apaiser la scène sociale et politique, citant en exemple l’ouverture de l’espace d’expression libre au mouvement IRA et à toutes les associations frappées du sceau du bannissement. Le plus fort signe d’ouverture des nouvelles autorités mauritaniennes dira Birame, c’est la levée de l’interdiction qui frappait les organisations internationales des droits de l’homme qui étaient interdits de séjour en Mauritanie sous l’ancien régime. Autre signe, l’organisation d’un forum régional sur l’esclavage avec l’arrivée attendues de plusieurs organisations régionales abolitionnistes qui n’osaient rêver fouler un jour le sol mauritanien, tellement l’exclusion dont ils étaient l’objet était systématique.
Birame Dah Abeid était entouré lors de la conférence de presse par ses collaborateurs et un représentant du Commissariat aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile, M. Isselmou Moustapha, Directeur de la Communication, de la Documentation et de la Formation.
Cheikh Aïdara