Les Mauritaniens ont une façon singulière de comprendre les choses de la politique. Ils pensent, par exemple, que quand tu as choisi, dans des circonstances particulières, d’être opposant, tu ne peux plus « épouser » la Majorité. Tu es condamné, à vie, à ce statut qui peut changer quand les circonstances évoluent dans le sens qui te convient. Ou qui convient à la Cause défendue.
Il en est de même des personnalités politiques dont les noms sont apparus dans le rapport de la Commission d’enquête parlementaire (CEP) et qui ont eu des « explications » avec la justice.
Quand cette dernière décide que vous n’avez rien à vous reprocher, rien ne vous empêche alors de reprendre le cours normal de votre vie politique et professionnelle un temps « mis à l’arrêt » (en pause), pour les besoins de l’enquête.
Il n’y a donc nulle aberration dans la récente nomination de l’ancien ministre Ba Ousmane, l’un des dirigeants les plus en vue de l’UPR, parti au pouvoir, à la tête du Conseil supérieur de l’Education.
Le président de la République Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani avait tenu, personnellement, à ce que ses soutiens impliqués, à tort ou à raison (c’est à la justice de trancher) dans le dossier dit de la décennie (2009-2019) soient déchargés de toutes fonctions pour faciliter le travail de la justice. Mais il avait aussi assuré que ceux qui auront apporté la preuve qu’ils n’ont rien à se reprocher redeviennent, du coup, des citoyens comme vous et moi : qualifiés pour jouir de tous les droits et opportunités, y compris celui d’être nommé aux plus hautes fonctions de l’État. L’ostracisme politique et social est pire que l’injustice. Condamner le retour aux affaires d’un homme « blanchi » par la justice relève de considérations qui n’ont rien de « juste ». Sauf s’il s’agit des sempiternelles guéguerres politiques dont la « saison » approche avec la proximité des échéances électorales dans le pays.
Sneiba Mohamed