La clôture du Forum régional du Réseau G5 Sahel contre l’esclavage, survenue le 17 mars 2022 au Palais des Congrès de Nouakchott sous le Haut patronage du Président de la République, SEM. Mohamed Cheikh Ghazouani, a été marqué par les travaux de groupe autour du Manuel de Lutte Contre l’Esclavage au Sahel (MLCES). Ce document, qui servira de référence aussi bien pour les ONG antiesclavagistes que les gouvernements, sera validé en juin 2022 à Niamey, selon Ali Bouzou, Secrétaire Exécutif du réseau.
Après deux jours d’intenses échanges à travers quatre grands panels, les 16 et 17 mars 2022 sous le thème « Faisons de la lutte contre l’esclavage un combat commun et consensuel entre la société civile et les gouvernements des pays du Sahel », le Forum des ONGS de la société civile des pays du G5 Sahel de lutte contre l’esclavage, s’est achevé par la restitution des travaux de groupe et des recommandations autour du Manuel de Lutte Contre l’Esclavage au Sahel.
Echanges de discours
La cérémonie de clôture a été l’occasion pour M. Rassoul Ould El Khal, Commissaire adjoint aux Droits de l’Homme, à l’Action Humanitaire et aux Relations avec la Société Civile qui présidait la séance, d’expliquer que la tenue du colloque fut une belle opportunité pour des échanges féconds et constructifs d’expérience visant à renforcer les efforts des gouvernements et des organisations de la société civile dans les Etats du Sahel pour lutter efficacement contre l’esclavage et ses formes contemporaines.
« Ce colloque a permis surtout d’envoyer des messages clairs selon lesquels la Mauritanie privilégie le dialogue et le partenariat constructif avec tous les acteurs sur le terrain, nonobstant leurs orientations, affiliations ou opinions, pour examiner et résoudre en particulier les problèmes qui affectent la protection et la préservation de la dignité humaine » a-t-il affirmé.
Auparavant, le député et président du mouvement IRA Mauritanie, M. Birame Dah Abeid, avait remercié les autorités pour leur respect des principes démocratiques et institutionnels.
« Le système déclaratif qui a toujours constitué une requête de la société civile et une exigence de l’Etat de droit ainsi que celle de la communauté internationale, est devenue une réalité en Mauritanie » s’est-il félicité. Il a dans ce cadre remercié le Président Ghazouani et son gouvernement pour l’achèvement de cette importante loi sur les associations qui marque selon lui, une rupture avec les régimes d’exception où la reconnaissance des organisations de la société civile se faisait d’une manière discrétionnaire.
A son tour, le Secrétaire Exécutif du Réseau G5 Sahel contre l’esclavage, M. Ali Bouzou, a déclaré que la lutte contre l’esclavage doit être un travail commun entre la société civile et les gouvernements pour mettre fin à cette pratique honteuse.
« La conférence de Nouakchott est un exemple concret dans cette collaboration entre l’Etat et les acteurs de la société civile. Personnellement, je ne m’attendais pas à ce que cette réunion puisse connaître un tel succès. Nous avons été agréablement surpris, la délégation des ONG du Sahel qui m’accompagnaient et moi-même de l’accueil officiel et chaleureux qui nous a été réservés et cela ne fait que donner plus de valeur à la Mauritanie, cette Mauritanie si différente de celle dont nous avions entendus parler » a-t-il témoigné.
Selon M. Ali Bouzou, la Mauritanie actuelle œuvre dans le sens des libertés fondamentales, du respect des droits humains et d’une République juste, et qu’il est satisfait des résultats auxquels le forum de Nouakchott est parvenu. Il a conclu en affirmant que le Manuel de Lutte Contre l’Esclavage, objet de travaux au cours du colloque, sera validé lors de la prochaine réunion du Réseau G5 qu’il dirige et qui se tiendra au mois de juin 2022 à Niamey au Niger.
Travaux de groupe
Les participants s’étaient scindés en deux groupes de travail autour du Manuel de Lutte Contre l’Esclavage au Sahel, un document composé de cinq chapitres, sur les objectifs du manuel, l’aperçu de l’esclavage au Sahel (définition et différentes formes), les instruments juridiques nationaux et internationaux, les obstacles liés à la persistance de l’esclavage, enfin, les stratégies de lutte à travers les actions de prévention à mener et l’identification des victimes.
Les travaux de groupes ont été restitués en plénière et le rapport final de la rencontre lue et approuvée.
La cérémonie de clôture a été aussi marquée par le témoignage de l’ancien bâtonnier de l’Ordre National des Avocats, Me Cheikh Ould Hindi, qui a retracé brièvement six années d’accompagnement des militants d’IRA et du président Birame Dah Abeid à travers une série de procès qui leur a été intenté pendant ses deux mandats à la tête du barreau mauritanien.
Echanges d’amabilités et farniente
La clôture du Forum de Nouakchott sur l’esclavage a connu des échanges de cadeaux. L’ancien ministre burkinabé et défenseur invétéré de la cause antiesclavagiste, M. Dicko Amadou Diemdioda, président de l’ONG FESTICHAMS, a offert à plusieurs de ses camarades abolitionnistes, dont le président Birame Dah Abeid, des tenues FASO DANFANI, tenue traditionnelle du Burkina Faso 100% coton.
A son tour, M. Birame a offert un somptueux dîner, le jeudi soir 17 mars 2022, puis une séance de chants traditionnels maures à ses hôtes en les habillant de tenue traditionnelle mauritanienne. Le vendredi 18 mars, il a conduit ses invités au Trarza, dans la localité de Chegara, pour leur montrer un pan des problèmes fonciers auxquels font face les populations rurales.
Cheikh Aïdara