Il y aura bien un avant et un après la cérémonie de lancement officiel des activités de l’ONG « Initiative pour la Résurgence d'un Mouvement Abolitionniste en Mauritanie » (IRA), cette nuit du 10 avril 2022, en son nouveau siège central à l’îlot K, en plein centre de Nouakchott, comme pour narguer ceux, très nombreux, qui avaient misé gros qu’aucun pouvoir n’acceptera jamais la légalisation d’une organisation dont le président et les militants avaient été diabolisés à outrance durant la décennie 2009-2019.
La reconnaissance d’IRA, qui a d’ailleurs profité à toute la société civile mauritanienne, passée du régime de reconnaissance par un ministère de l’Intérieur, très regardant, à un système déclaratif « normatif » (normalisé) qui tarde, pourtant, à profiter au parti RAG vu par certains cercles du pouvoir - mais aussi d'une opposition aux abois- comme un concurrent très sérieux aux élections à venir (communales, législatives, régionales, en 2023, et présidentielles, en 2024).
Cette cérémonie de renaissance de l’ONG IRA était une occasion à ne pas rater, pour son charismatique président BDA, de prononcer, sur une heure, chrono à la main, un cours majestueux sur la politique en Mauritanie mais également sur une situation socio-économique trouble. Certes, l’on comprend à travers cette analyse de haute facture agrémentée de succulentes anecdotes ayant trait au combat de tous les jours mené par le président d’IRA, aux heurts et lueurs qui sèment le parcours de treize années de lutte contre l’injustice, que le président Ghazouani a franchi un pas vers l’apaisement, en arrêtant la diabolisation d’IRA, mais qu’il y a toujours de la résistance, quelque part, car le Système qui le dépasse, et ayant survécu à tous ses prédécesseurs (de Moktar à Aziz, en passant par Ould Mohamed Saleck, Ould Louly, Haidalla, Maaouya, Ely, Sidioca) ne veut pas mourir.
La paix des braves scellée par Biram et Ghazouani était pourtant profitable à la Mauritanie tout entière. La reconnaissance d'IRA et du parti RAG contre la poursuite de la lutte pacifique, dans un climat de surchauffe politique et sociale consécutive à la proclamation des résultats de la présidentielle de 2019, quand certains, tapis dans l’ombre, poussaient à la confrontation violente. Il n’y avait ni postes, ni argent ni prébendes d’une quelconque autre nature pour arriver à l’entente actuelle, « qui n’est pas une fin en soi », précise une militante d’IRA, « si l’autre terme du contrat, la reconnaissance du parti Rag » n’est pas acté rapidement.
Les échéances électorales approchent et le Président d'IRA qui demande aux militants de cette organisation de le « libérer » un temps pour se mettre au service du Parti qui sera l’instrument de leur accession au pouvoir, dit être au courant de ce qui se trame pour empêcher la reconnaissance de RAG, synonyme de nom participation aux municipales et, donc, de non obtention des conseillers qui cautionneront la candidature de BDA à la présidentielle de 2024 !
Revenant sur les prétendus « dons » de conseillers, à ce sujet, en 2019, Biram Dah Abeid, élu député depuis sa cellule de prison, a raillé les tenants de telles allégations disant qu’il s’agissait plutôt d’une idée « lumineuse » du président Aziz tendant à multiplier les candidatures de l’opposition pour éparpiller ses votes, et donc affaiblir son candidat le plus fort, en l’occurrence BDA. Dans ce cadre, la focalisation sur les conseillers attribués à Biram n’est qu’un jeu malsain des officines du pouvoir, quand on sait que les candidats de Tawassoul et de l’UFP en ont aussi profité, et largement !
Vantant l’esprit d’ouverture du président Ghazouani qui a noué avec BDA un contrat social gagnant-gagnant, pour les deux camps, mais aussi pour toute la Mauritanie, le président d’IRA le met en garde contre ceux qui le poussent au renoncement à la voie pacifique choisie. « Aujourd’hui, nous sommes acteurs de cette apaisement apprécié par tous les Mauritaniens, bien heureux de sortir de la crise entretenue par Aziz durant une décennie, mais si on nous pousse à la confrontation, à nouveau, en nous refusant un droit constitutionnellement reconnu (celui de créer un parti), alors, nous ne garantissons rien », ont dit en substance tous les militants et cadres d’IRA et de RAG qui ont pris la parole lors de cette mémorable cérémonie du 09/04/2022.