L’air de Nouakchott devient de plus en plus irrespirable pour les jeunes mauritaniens engagés dans le mouvement abolitionniste IRA (Initiative pour la Résurgence d’un Mouvement abolitionniste en Mauritanie. Jamal Mohamed Laghdaf, 27 ans, n’en pouvant plus d’être arrêté à chaque fois qu’il prend part à une manifestation pacifique d’IRA, a choisi le chemin de l’exil, de l’aventure, malgré les risques que cela comporte. Il compte désormais parmi ces milliers de jeunes mauritaniens qui ont répondu au « rêve américain » ! Contrairement à beaucoup de fils à papa, issus de la communauté maure dominante, Jamal est parti aux USA pour fuir la répression, déclare son père Mohamed, boucher à Nouakchott qui prend en charge une famille nombreuse.
Jamal a vu sa scolarité perturbé à cause de ses prises de position où il lui arrive souvent de dénoncer le racisme dans l’enseignement. Une école à deux vitesse où les Beydane (blancs, détenteurs de tous les pouvoirs, envoient leurs enfants dans des établissements privés où ils peuvent payer jusqu’à 80000 UM (200 USD) mois, alors que les descendants d’anciens esclaves sont obligés de rester dans une école publique laissée-pour-compte.
La famille de Jamal a longtemps hésité à le laisser suivre le mouvement de déferlance des jeunes vers les USA mais n’en pouvant plus de le voir arrêté, à chaque fois, que IRA manifeste, elle a fini par se plier à la volonté du jeune qui a une forte admiration pour cette Amérique où les droits des minorités sont de plus en plus respectés. Son désir le plus ardent, a déclaré son père, est de voir la Mauritanie appliquer une démocratie à l’image de celle des USA pour pouvoir revenir vivre dans son pays.
S. Brahim