
Le Centre Arabo-africain pour les Médias et le Développement que dirige l’ancien président du Syndicat des Journalistes Mauritaniens et actuel Président de l’Association des journalistes du Maghreb, Ahmed Salem Dah, a organisé dimanche 22 juin 2025 à Nouakchott, un débat sur la relation entre médias, sécurité et justice.
Ce débat a été animé par des experts des domaines soulevés, l’ancien colonel de l’armée, Alboukhary Mohamed, le président du Club des magistrats, le juge Moulay Ely, l’ancien président de la Cour Suprême, le magistrat Seyid Ghailany et l’avocat et ancien membre de la Cour Constitutionnelle, Me Bilal Ould Dick.
Les intervenants ont surtout abordé l’aspect multiforme de la sécurité en ce sens qu’il englobe plusieurs niveaux de responsabilité, en commençant par la sécurité d’ordre citoyenne, la sécurité nationale assurée par les armées, et la sécurité régionale et mondiale qui sont le jeu des alliances internationales.
La sécurité dans les trois dernières dimensions reste pour la plupart, selon le colonel Alboukhary, dans le domaine du secret défense, indiquant que l’immixtion des journalistes dans ce secteur comporte un double tranchant, dans la mesure où elle peut contribuer positivement dans les objectifs recherchés par les commandements de l’armée comme elle peut nuire à leur action.
L’ancien colonel est par la suite entré dans les différentes formes d’information, allant jusqu’à évoquer des termes liés à la fausse information, aux guerres de communication dans un but militaire en cas de conflit, et le rôle que peut jouer l’information dans la propagande militaire, sous-tendue par des techniques d’amplification dans un continuum de spirale de l’information et de l’infobosité.
Pour sa part, le juge Moulaye Ely, rejoint plus loin par Seyed Ghailani et Me Bilal Ould Dick, est entré dans une longue explication des procédures judiciaires, soulignant que l’innocence est le principe de base avant tout jugement définitif. Faisant allusion à des dossiers aussi sensibles que l’affaire récente des saisies de drogue et de faux médicaments, objets de suspicion de la part de l’opinion quant à son traitement, il a indiqué que le juge est finalement le seul capable d’apprécier le degré d’implication des suspects. Ceux que l’opinion considèrent à priori comme coupables peuvent selon lui, malgré les indices fuités, se révéler être des innocents faussement embarqués dans telle ou telle affaire
Bilal Ould Dick a surtout recommandé aux journalistes de bien choisir leur terminologie dans le traitement des affaires judiciaires, la plupart des médias condamnant et criminalisant selon lui des suspects dès leur arrestation ou aux premières heures de l’instruction. Ce qui est inacceptable, selon lui, car ces individus peuvent par la suite être innocentés au cours de l’enquête préliminaire.
Cheikh Aïdara
