Camp MBerra, une étude environnementale pour la survie et la cohésion sociale

mar, 29/10/2019 - 15:15

Assurer un espace de vie durable par la cohésion sociale et des services sociaux de base fiables à MBerra et villages avoisinants, avec une gestion intelligente des ressources naturelles. Tels sont les enjeux abordés par l’étude environnementale menée par le BIT, sur financement du Département d’Etat américain, et présentée le 28 octobre 2019 aux différents intervenants à Bassiknou.

Les locaux de l’Ambassade américaine à Nouakchott ont abrité lundi 28 octobre 2019 une rencontre autour de l’étude environnementale de base sur le territoire du camp de MBerra et les villages avoisinants. L’étude a été réalisée par MS Environnement et Territoire dans le cadre du projet «Promouvoir un modèle d’accès aux moyens d’existence durable et de cohésion sociale à Bassiknou Moughataa ». Ce projet, exécuté par le Bureau International du Travail (BIT) sur financement du Bureau de la Population, des réfugiés et de la migration (BPRM) du Département d’Etat américain propose, à travers une cartographie physique des enjeux environnementaux dans la zone, un urbanisme durable et résilient qui tient compte de l’accroissement prévisible de la population et fournit aux habitants des services de base.

Passer de l’Humanitaire au Développement

L’idée, selon Federico Barroeta, Point Focal du BIT en Mauritanie, est de passer de l’humanitaire au développement, à travers la formation professionnelle et la création d’emplois, sur le modèle Projet Chantier-école du BIT à Bassiknou, tant la nécessité de travailler constitue une priorité pour les réfugiés, l’aide humanitaire à elle seule étant insuffisante ou inadaptée à leurs besoins.

Cette absence de débouchés conduit souvent, selon l’étude, à des comportements souvent négatifs et exposent les réfugiés à plusieurs risques, comme le travail dans des conditions difficiles et dangereuses, l’exploitation sexuelle et le travail des enfants. Une telle situation pourrait ainsi être source de tension entre les réfugiés et les populations autochtones.

Avec ses 56.900 réfugiés, le camp de MBerra est devenu en peu d’années une ville presque de la taille du chef-lieu de département, Bassiknou, avec une forte pression sur les ressources naturelles, qu’il partage avec les villages voisins. Ce qui met la question de l’environnement au cœur de la problématique du développement territorial, premier aspect abordé par l’étude qui consacre plusieurs questions sur les éléments de contexte, l’enclavement de la zone, l’exode et la crise humanitaire, dans un cadre traditionnellement agropastoral exposé aux crises climatiques et sur un territoire en mutation rapide.

Les défis environnementaux

L’étude met en relief les défis environnementaux des zones habitées où les besoins en énergie sont croissants, ce qui se traduit par la déforestation et la dégradation des sols, mais aussi où la répartition de l’eau, abondante pour le moment dans le camp et insuffisante dans les villages environnants peuvent créer des tensions. Se posent également la gestion des eaux usées et des déchets, l’absence de planification urbaine qui expose certaines zones habitées aux inondations, l’utilisation de plus en plus forte de matériaux de construction peu adaptée à la zone, avec l’abandon progressif de l’habitat traditionnel peu coûteux. La cartographie de la zone montre également des milieux naturels dégradés avec un net recul des espaces arborés, le surpâturage, la menace sur l’économie de la cueillette et sur la régénération végétale. Ces phénomènes impactent ainsi sur les activités agropastorales qui accusent un recul depuis plus de 20 ans, notamment à partir de 2013 avec l’abandon des champs, sauf dans deux zones, à Sidra et aux alentours d’El Mansour.

Solutions et recommandations proposées

L’étude menée par le BIT propose de maîtriser le développement urbain pour améliorer les conditions de vie et atténuer l’impact sur l’environnement, promouvoir des villes et des villages propres et écologiquement responsables, favoriser les dynamiques environnementales de protection contre les aléas climatiques, protéger la nature existante, restaurer les écosystèmes dégradés, renouer avec une nature productive et accompagner la mise en place d’une gestion partagée et durable des ressources naturelles, avec une batterie de détails pratiques pour chaque problématique posée.

L’étude recommande enfin, compte-tenu du fait que le développement territorial de la zone de MBerra et Bassiknou ne peut être envisagé que dans le cadre d’une vision durable de la gestion de l’environnement, d’enrayer la dégradation de l’environnement, de faire de la gestion environnementale et de l’adaptation aux changements climatiques une opportunité de développement, tout en renforçant la cohérence de l’analyse territoriale en ouvrant la porte à une réflexion transfrontalière et proposer sur la base de cette étude, la réalisation d’un état référentiel de l’environnement.

A noter que la rencontre a été marquée par la présence de SEM. Michael Dodman, ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique en Mauritanie et Federico Barroeta, Point Focal du BIT. Plusieurs acteurs actifs dans le département de Bassiknou, notamment dans le Camp de MBerra, ont été représentés, HCR, OIM, FAO, PNUD, UNICEF, USAID, Union européenne, Ambassade du Japon, GIZ, Action Contre la Faim, ECODEV et World Vision. Le gouvernement était présent à travers les représentants du ministère du Développement Rural, du Ministère de l’Environnement et la Direction de la formation technique et professionnelle.

Cheikh Aïdara

 

SEM.Michael Dodman entre Federico Barroeta et un représentant de l'Etat
Vue aérienne du camp de MBerra