
Du 9 au 11 juillet 2025, un mini-sommet inédit s’est tenu à la Maison Blanche. Invités par le président Donald Trump, les chefs d’État du Gabon, de la Guinée-Bissau, du Liberia, du Sénégal et de la Mauritanie ont échangé autour d’une nouvelle forme de coopération entre l’Afrique et les États-Unis, plus fondée sur l’investissement que sur l’aide.
Dans ce cercle restreint, la Mauritanie a fait forte impression. Le président Mohamed Ould Ghazouani s’y est illustré par une intervention maîtrisée, calme et ambitieuse. Sa prestation a été saluée par les observateurs comme un moment fort du sommet, grâce à un message clair : l’Afrique est prête à bâtir des partenariats équitables fondés sur la confiance, les ressources et la stabilité.
Une voix crédible et un plaidoyer panafricain
Cette reconnaissance n’est pas née d’un hasard. Mohamed Ould Ghazouani, en tant que président en exercice de l’Union africaine en (février 2024-février 2025), s’est imposé comme une figure d’équilibre et de vision. Il a porté haut la voix du continent dans les débats mondiaux, plaidé avec conviction pour une réforme de la gouvernance internationale, et soutenu l’intégration de l’Union africaine dans le G20. Il a également initié des actions fortes pour la paix au Soudan, en Libye, en RDC et au Sahel, tout en mettant la jeunesse, l’éducation et l’énergie au centre de l’agenda continental.
À Washington, cette crédibilité a permis à la Mauritanie de s’affirmer comme un interlocuteur sérieux, capable de défendre non seulement ses intérêts nationaux, mais aussi ceux de l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble.
Une Mauritanie ouverte aux partenariats stratégiques
En soulignant les atouts géographiques et économiques de son pays, le président Ghazouani a su convaincre que la Mauritanie est un acteur incontournable dans les équilibres régionaux. Riche en minerais (fer, or, manganèse, terres rares, uranium), dotée d’un potentiel énergétique immense (gaz, solaire, éolien), et d’un littoral poissonneux, la Mauritanie est aujourd’hui à un tournant de son développement.
Ce que la Mauritanie attend des États-Unis, ce n’est pas une aide ponctuelle, mais un engagement sur le long terme. Les États-Unis peuvent :
• Investir dans les infrastructures : routes, ports, télécoms, énergie.
• Apporter leur expertise technologique dans les énergies renouvelables.
• Soutenir la modernisation de la pêche et de l’agriculture.
• Offrir des programmes de formation et d’échange universitaire.
• Accompagner la montée en compétence des institutions et des forces de sécurité, pour une région sahélienne plus stable.
Une dynamique ouest-africaine à saisir
Les pays présents à Washington – le Gabon, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Sénégal et la Mauritanie – ont des défis communs : faire face à l’insécurité, valoriser leurs ressources naturelles, et retenir leurs talents. Le sommet a posé les bases d’une réponse concertée, régionale, et moderne. En cela, la Mauritanie peut jouer un rôle de pivot stratégique, en raison de sa position géographique et de sa stabilité politique.
Conclusion : un modèle à suivre
Le mini-sommet de Washington aura peut-être marqué un tournant. Le président Ghazouani y a incarné un leadership apaisé, responsable, tourné vers l’avenir. Il a rappelé que l’Afrique n’est pas en quête d’assistanat, mais de partenariats solides, fondés sur le respect mutuel et les bénéfices partagés.
C’est cette voie — celle de la diplomatie sobre, du développement durable et de la souveraineté économique — que la Mauritanie, sous sa direction, semble vouloir emprunter. Et si ce modèle était aussi une chance pour l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest ?
Dr Ismail Ould Sadegh ancien ministre mauritanien
