La conférence de presse, tant attendue, à enfin eu lieu, tard dans la nuit du jeudi à vendredi. Elle a confirmé ce que tous les mauritaniens savaient déjà : Aziz est maintenant SEUL. De tous les hommes politiques qui l’adulaient, par crainte ou par intérêt, il ne reste autour de lui que Boydiel Ould Houmeid, et Seyidina Ali Ould Mohamed Khouna.
Elle a aussi levé le doute sur la nature de la « crise » entre le président Ghazouani et son prédécesseur. Il s’agit bien d’une lutte pour le pouvoir qui a éclaté plus tôt que prévue. Même si les « soupçons » de tentative de putsch peuvent être écartés, les « aménagements » au niveau du BASEP peuvent être considérés comme une mesure préventive.
Mais la question de l’Union pour la République (UPR), le parti au pouvoir (ou du pouvoir) reste au centre des débats et je ne pense pas qu’Aziz a bien trouvé en elle les « arguments » pour mettre à mal, politiquement, son ami devenu subitement « ennemi ».
Comment, en effet, l’ancien président peut-il refuser, au nom de la Constitution ou tout simplement de la praxis (« ce qui se faisait ») qu’un parti au pouvoir ne prête allégeance à la tête de CE pouvoir ? N’était-ce le cas quand lui était LE président ? S’agit-il, dans son entendement, d’un changement de statut parce que le Raïs a changé ? Qui nommait et dénommait à la tête de l’UPR, au cours de la décennie 2009-2019 ? Qui fixait les agendas ? Qui donnait les « ordres » ? Pas seulement au Parti mais également aux élus, aux chefs de tribus, aux hommes d’affaires, à l’administration et aux médias publics ? Les « descentes » du président Aziz au siège de SON parti n’ont-elles pas laissé de traces sur Youtube et dans les archives de la télévision « Al Mouritaniya » ?
Certes, la Constitution a bien délimité le champ de l’Exécutif de ceux du Législatif et du Judiciaire mais c’était bien avant l’arrivée du président Ghazouani. Qui s’en souciait vraiment ?
Aziz doit savoir que notre démocratie est toujours en « construction » et que, pour aller de l’avant, on n’a pas besoin de ce legs de la décennie 2009-2019. Il faut, au moins, reconnaître à Ghazouani le mérite d’avoir reconnu aux opposants un statut autre que celui de « parias » dans lequel l’Ancien Régime s’efforçait de les confiner.
Aziz a raison sur un seul point : son droit à exercer la politique, à s’exprimer et à agir, pacifiquement, pour influer sur le cours des choses. Cela n’est pas un crime mais on dira qu’il relève du « politiquement incorrect » envers un ami qui a toujours fait preuve de discrétion quand il n’était pas aux commandes de la République.
Sneiba Mohamed