La commission parlementaire qui enquêtait sur certains aspects de la gestion de la dernière décennie vient de rendre son rapport.
Les observateurs politiques ont évalué les résultats auxquelles elle est parvenue en fonction des espoirs que chacun plaçait en elle et de l'analyse qu'il se faisait de la situation du pays.
Pour ma part, ayant encore à l'esprit le fait que :
- il y a à peine un peu plus d'un an, le pays était sous la menace d'un troisième mandat qui allait, inéluctablement, compromettre son existence;
- même après l'installation du nouveau pouvoir, les prophètes du malheur et marchands d'illusions nous interdisaient tout espoir de changement, sous le fallacieux prétexte que le ''NEHJ'' allait continuer et que nous n'avions droit qu'à une terne copie de l'ancien régime, je suis largement satisfait du travail de la commission, ne serait-ce que pour les quelques raisons que je vais citer ci-après :
- Le pouvoir exécutif, qui veut dire dans notre système politique, le Président de la République, de notoriété fidèle dans les amitiés, a résisté à toutes les pressions et sollicitations et a parfaitement respecté la séparation des pouvoirs en laissant les législateurs exercer, en toute indépendance, leurs prérogatives de contrôle de l'action gouvernementale. Ainsi, l'assemblée nationale a-telle constitué, en toute liberté, la commission d'enquête, en ne se référant qu'au respect de ses propres équilibres internes. Cette volonté avérée de respecter les pouvoirs constitutionnellement dévolus aux autres institutions de l'État était jusqu'ici impensable chez nous, surtout pour des domaines aussi sensibles.
- L'institution législative, qui n'a pas d'expérience en la matière, a su remarquablement gérer ses contradictions, dépasser ses faiblesses et mener à bien sa mission dans les délais prescrits et aboutir à un résultat hautement appréciable aussi bien dans sa forme que dans son contenu.
- L'opinion publique qui, quant à elle, suivait avec grand intérêt le processus a fait preuve d'une forte maîtrise de soi et d'un civisme remarquable. On nous faisait planer, à dessein, le spectre du tribalisme et la grande fragilité du pays pour saper tout effort de réforme et empêcher toute mesure concrète de lutte contre les comportements condamnables. Le peu de voix qui ont tenté de se solidariser avec les milieux objet de l'enquête, ont rapidement été contenues par des voix beaucoup plus autorisées et plus représentatives appartenant, de surcroit, au même milieu social.
Il y a lieu, maintenant, que le troisième pouvoir, la justice, mène, dans le même esprit, les missions qui sont les siennes dans le cadre du processus engagé et que son travail aboutisse au recouvrement des richesses qui auraient été spoliées et que le rapport de la commission a révélé. Il est permis d'espérer de voir notre pouvoir judiciaire s'inspirer, dans ce cadre, de l'exemple récent de l'Angola. Dans ce Pays, en effet, les services rendus au Pays par Dos Santos, de la libération à la construction, n'ont pas pu servir d'alibis aux malversations accomplies par le cercle familial et l'entourage amical de l'intéressé. Au contraire, la justice a privilégié l'intérêt général. Ainsi, grâce à des mises en demeure préalables elle a pu conclure avec les prévenus des compromis avantageux pour l'État. L'espoir est permis que, chez nous aussi, les groupes et individus concernés, prenant connaissance des préjudices qu'ils ont fait subir au pays et à leurs concitoyens, se ressaisissent et restituent, volontairement, les biens révélés par l'enquête et présentent leurs excuses aux Mauritaniens.
DAH ABDELJELIL
Nouakchott le 30/07/2020
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Source : Debellahi ABDEL JELIL
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