Cet hommage rendu à l’un des acteurs les plus actifs dans le domaine littéraire et de la jeunesse en Mauritanie a été l’occasion pour l’ambassadeur du Maroc de louer le « dynamisme culturel et littéraire d’un écrivain qui a toujours travaillé dans le silence, sans tambour ni trompette ».
Bios Diallo, avec une forte émotion lors de la cérémonie a réveillé ses souvenirs, se rappelant que ses rapports avec le CCM vont bien au-delà des 12 ans de collaboration entre le centre et son festival « Traversées Mauritanides ».
« Mes rapports avec le Centre culturel marocain remontent à mes années d’étudiant. J’habitais dans les années 1990 en face de la bibliothèque du centre. Quand j’y bouquinais, ou suivais une conférence, un enfant de la famille savait exactement où me trouver. Autant dire, que je dois beaucoup à ses livres et à ses débats. Merci aux différents directeurs qui se sont succédés dans ce noble édifice et qui ont enrichi sans cesse les rapports d’amitié culturelle entre le Royaume et la Mauritanie » a-t-il témoigné.
M. Cheikh Nouh, poète et écrivain, a rendu un vibrant hommage à Bios Diallo, remerciant le directeur du CCM pour sa générosité, celle qu’il n’a cessé d’accorder aux personnalités culturelles du pays. Selon lui, la décoration de Bios Diallo est un honneur pour la Mauritanie. Parlant du récipiendaire, il dira que « Bios Diallo est un homme magnifique et exceptionnel. Poète, romancier et académicien, travailleur de l’ombre, son festival littéraire est connu en Mauritanie mais aussi à l’extérieur de ses frontières ». Il est aussi un éducateur hors pair, l’ami des jeunes, dont il a su valoriser les talents cachés, en initiant avec l’UNICEF, un concours d’éloquence dont le succès dépasse tous les pronostics, dans la mesure où il a su nourrir au sein de la jeunesse l’art de l’émulation et de la passion oratoire.
Né à Sélibaby, Bios Diallo est poète et romancier. Il a publié plusieurs recueils dont Les Pleurs de l’arc-en-ciel(L’Harmattan 2002), Les Os de la Terre (L’Harmattan 2009), un roman Une Vie de Sébile (L’Harmattan 2010) et son dernier recueil La Saigne (Le Manteau et la Lyre Obsidiane 2021).
Bios Diallo est également journaliste, collaborateur du mensuel Jeune Afrique, L’Autre Afrique et plusieurs autres magazines, comme il a participé à plusieurs travaux littéraires collectifs.
Après son retour au terroir après un long séjour en France, Bios Diallo a créé en 2006, le Festival littéraire Traversées Mauritanides, des rencontres qui rassemblent des écrivains et des personnalités de la culture mauritanienne, mais aussi des pays limitrophes tels que le Sénégal, le Mali, le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, etc. D’éminents écrivains francophones ont ainsi participé à ces rencontres littéraires avec des têtes d’affiche de renommée, comme Tahar Ben Jelloun, ancien prix Goncourt, l’écrivaine ivoirienne Marguerite Abouet, et divers Prix des cinq continents de la Francophonie comme Felwine Sarr, Yamen Manai, Geneviève Damas, Fawzia Zouari.. ou encore le célèbre auteur de « L'Aventure Ambigüe », le Sénégalais Cheikh Hamidou Kane, et la liste est longue.
Depuis 2018, il a lancé le « Concours Eloquence » avec l’appui de l’UNICEF, un concours qui a tiré ses rideaux il y a quelques semaines sur sa 3ème édition et qui a vu éclore dans le majestueux temple des députés, l’Assemblée Nationale, des jeunes pétris de talent.
La Maison de Quartier de la Cité Plage qu’il a ouverte dans son quartier de résidence est le rendez-vous des jeunes, des amoureux de la culture et des arts en Mauritanie.
Certains amis de Bios Diallo regrettent quelque part que tant de travail abattu au nom de la culture, de la cohésion sociale et du vivre ensemble, par-delà ses soubassements culturels et sociaux, n’ait pas valu à ce combattant infatigable de l’unité nationale, une reconnaissance nationale. Une décoration de la part du Ministre de la Culture. L’adage « nul n’est prophète chez soi » a effleuré quelques esprits.
Cheikh Aidara