La Présence militaire étrangère en Mauritanie, entre accusations et démentis !

sam, 21/06/2025 - 18:18

1. Un débat symptomatique des enjeux de souveraineté

La question de la présence de forces étrangères sur le sol mauritanien touche à un point névralgique : la souveraineté nationale. Les propos du général à la retraite Lebatt Ould Meyouf résonnent d’autant plus fort qu’ils émanent d’une personnalité ayant occupé un poste stratégique dans le renseignement. Son intervention traduit une inquiétude partagée par une partie de l’opinion publique, surtout dans un contexte régional instable (Sahel, Mali, Niger, etc.), où la présence de forces étrangères est fréquente chez les voisins.

2. Le gouvernement sur la défensive

La réaction ferme et répétée du gouvernement, par la voix du ministre Ould Meddou, montre la volonté de rassurer la population et de préserver l’image d’une Mauritanie indépendante et maîtresse de ses choix sécuritaires. Cependant, le simple fait que ce débat ressurgisse régulièrement, et qu’il soit alimenté par des personnalités crédibles, nourrit le doute et la suspicion. L’absence de communication transparente, ou la perception d’opacité, peut devenir contre-productive et entamer la confiance du public.

3. Les risques politiques et institutionnels

Pour le gouvernement : S’il s’avérait qu’une présence étrangère existe, même limitée ou temporaire, le déni officiel pourrait se retourner contre lui, alimentant les critiques de l’opposition et des voix indépendantes ou d’autres mouvements critiques.

Pour l’armée : La crédibilité de l’armée nationale est en jeu. Elle doit apparaître comme l’unique garante de la sécurité du territoire, sans tutelle ni ingérence.

Pour la stabilité nationale : Dans un contexte où la société mauritanienne est attentive à toute atteinte à la souveraineté, la moindre rumeur peut être instrumentalisée, voire amplifier des tensions internes ou régionales.

4. L’appel à une commission d’enquête : une solution crédible ?

L’idée d’une commission d’enquête indépendante, proposée par Ould Meyouf, est pertinente. Elle permettrait d’objectiver le débat, de clarifier les faits et de restaurer la confiance. Cela montrerait également la capacité des institutions à pratiquer l’autocritique et la transparence, ce qui manque souvent dans la vie politique mauritanienne.

5. Mon avis

Sur le fond : Il est essentiel que la souveraineté nationale reste une priorité absolue. Toute présence militaire étrangère, si elle existe, doit être connue, débattue et justifiée de façon transparente.

Sur la forme : Le gouvernement gagnerait à ouvrir le dialogue, à communiquer davantage et à accepter le principe d’un contrôle indépendant. Cela renforcerait sa légitimité et désamorcerait les polémiques récurrentes.

Sur le contexte : Il faut aussi garder à l’esprit que la Mauritanie évolue dans un environnement régional difficile. Des partenariats sécuritaires peuvent exister (formation, renseignement, logistique), mais ils doivent être clairement encadrés et expliqués à la population.

Pour finir très sérieusement ! 

Ce débat est sain et nécessaire. Il montre que la société mauritanienne reste vigilante sur les questions de souveraineté. Pour sortir de la suspicion, la transparence et l’ouverture institutionnelle sont les meilleures réponses, surtout dans une période où la confiance entre gouvernants et gouvernés est précieuse.

Abdoulaziz DEME 
Le 21 Juin 2025