Les femmes journalistes mauritaniennes forment les médias sur la couverture des affaires judiciaires

jeu, 31/10/2024 - 23:49

Nouakchott a abrité le 29 et le 30 octobre 2024, un atelier de formation des journalistes sur la couverture médiatique des affaires judiciaires. Animé par des magistrats et des avocats, l’accent a été surtout mis sur la terminologie juridique, entre liberté de presse et respect des procédures, avec à la clé un guide de conduite.

Dans l’objectif de former des femmes et des hommes de médias spécialisés dans les affaires de justice, le Réseau des femmes journalistes de Mauritanie, en partenariat avec l’UNESCO, a organisé les 29 et 30 octobre 2024, une formation en direction d’une trentaine de journalistes du secteur public et du secteur privé.

Jouer sur la terminologie juridique

Il a été rappelé combien sont étanches les frontières entre liberté de presse et d’expression et respect des règles d’éthique et de déontologie journalistique. Une terminologie mal usitée peut conduire tout journaliste devant les barreaux des tribunaux pour diffamation, tant le vocable de « criminel » est le plus souvent collé à un simple prévenu. La distance étymologique est également grande entre le détenu et le prisonnier, entre la condamnation définitive et la condamnation en première instance, toute personne restant innocente tant qu’elle n’est jugée devant un tribunal légalement constitué.

Souvent, avant même que le parquet n’émette son jugement, ou que le juge décide de poursuivre ou de classer définitivement l’affaire qui lui est soumise, la plupart des journalistes condamnent déjà le prévenu. Sa filiation couvre les UNE des journaux ou sites, sa photo largement diffusée. Il est déjà criminalisé. Ce qui conduit souvent à des plaintes pour atteinte à l’honneur et à la dignité, et les risques d’emprisonnement pour l’auteur de l’article incriminé.

Inculquer la culture juridique

C’est contre tous ses abus, souvent dus à l’ignorance des règles de droit et l’absence de toute culture juridique, que cette formation a été conçue et organisée, selon le mot de la présidente du Réseau des femmes journalistes de Mauritanie, Khdeija Mint Moujtaba.

Elle a invité les journalistes à revenir au b-a ba de la profession qui exige avant toute publication, la vérification et le recoupement des faits ainsi que le choix des bonnes sources. La course irréfléchie au scoop et l’usage des fakenews pouvant aboutir à des faits graves de privation de liberté pour les journalistes, a-t-elle rappelé avec insistance. 

Les participants ont suivi plusieurs communications, sur la sécurité des journalistes pendant l’exercice de leur profession, justice et presse entre complémentarité et hostilité, l’usage des pages personnelles des journalistes dans les réseaux sociaux, rôle de la justice dans la protection des journalistes, etc.

Ces présentations ont été faites par d’éminents magistrats, avocats et experts de la communication, à l’image du président du Réseau des journalistes mauritaniens, Moussa Ould Bohly, la professeure en journalisme et communication, Saviya Mint Hababa, l’avocat Abdallahi Ould Béchir, entre autres.

La modération de cette série de communications et de présentation a été assurée par le doyen du Syndicat des Journalistes de Mauritanie (SJM) Ahmed Taleb Ould Maaloum.

Un guide de couverture journalistique des affaires judiciaires a été conçue en marge de l’atelier de formation, et devra être distribuée incessamment aux acteurs des médias.

La clôture de l’atelier a été marquée par le mot du Directeur de la presse, Mohamed Issa Ould Yedaly.

L’atelier s’est achevé par la distribution des certificats aux participants et les photos de groupe.

Les prémisses de l’atelier

La veille, mardi 29 octobre, les prémisses de l’atelier ont été lancés en présence du Substitut du Procureur Général de la Cour d’Appel du Tribunal de Nouakchott-Ouest, Ahmed Bamba Ould Mohamedou. C’était en présence du Directeur de la Presse, Mohamed Issa Ould Yedaly, du Directeur exécutif du Forum international de la Palestine pour l’information et la communication, Abdel Samad du Maroc. 

A ce titre, les participants ont suivi le mot par visioconférence du Représentant de l’Unesco à Rabat qui couvre les pays du Maghreb, dont la Mauritanie. S’en est suivi, le discours de bienvenue de la présidente du Réseau des femmes journalistes de Mauritanie, Khdeija Moujtaba et le mot d’ouverture du Directeur de la Presse.

Dans sa communication sur le sujet relatif à la couverture médiatique des affaires judiciaires, le Substitut du Procureur Général près de la Cour d’Appel a rappelé quelques interdits, tels que celui relatif à l’introduction de tout matériel audiovisuel ou de photographie, y compris les téléphones, dans les salles d’audience.

Il a rappelé les dispositions de loi relatives à la définition du journaliste, des conditions de publication, de la couverture des procédures en cours d’instruction, de la prescription des délits de presse (3 mois). Il a reconnu toutefois le droit des journalistes à l’accès à l’information judiciaire en particulier et à toute information de manière générale. Il a rappelé ce qu’est la diffamation, invitant les journalistes à passer en revue toutes les lois relatives à leur profession, la loi sur la liberté de presse, la loi sur les symboles, la loi sur la cybercriminalité, la loi sur les données personnelles, les articles du code pénal et du code de procédures pénales relatives à la presse et la publication à caractère de presse, etc.

Cheikh Aïdara