Le mardi 10 décembre 2024, une table ronde portant sur le thème "Du droit à l’information à la lutte contre la désinformation" s’est tenue à l’Académie diplomatique de Nouakchott. Cet événement, organisé à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, a été co-organisé par la Délégation de l’Union européenne en Mauritanie et le festival littéraire *Traversées Mauritanides* dans sa 15ème édition.
La table ronde, modéré par Bios Diallo, président du festival "Traversées Mauritanides", a rassemblé d’éminents professionnels des médias et des acteurs de la société civile, qui ont débattu de l’importance de l’information dans le contexte de la désinformation croissante. .
Informer, un droit fondamental
Prenant la parole, le chef de la Délégation de l’Union européenne, SEM. Joaquim Tasso Vilallonga, a souligné que le droit à l’information est un principe fondamental et essentiel pour garantir à chaque individu un accès à des informations fiables, transparentes et impartiales. Il a insisté sur le rôle crucial de ce droit dans la lutte contre la désinformation et a réaffirmé l’engagement de l’Union européenne à accompagner la Mauritanie dans sa mise en œuvre effective pour tous les citoyens.
Il a également rappelé les initiatives conjointes entre l’Union européenne et la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA), notamment à travers l’organisation de séminaires sur la lutte contre les fakenews et la désinformation.
Lui succédant, Mme Hindou Mint Ainina, conseillère auprès du Premier ministre, a insisté sur l’importance du droit à l’information en tant que pilier essentiel pour une participation éclairée à la vie publique. Elle a toutefois souligné que l’information n’est jamais neutre, et que les citoyens doivent apprendre à distinguer les faits avérés des fakenews.
Foisonnante législation pour encadrer le droit à l’information
A son tour, M. Rassoul El Khal, commissaire adjoint auprès du Commissariat aux droits de l’homme et à l’action humanitaire, a rappelé que la Mauritanie dispose de plusieurs textes garantissant le droit à l’information tout en encadrant son usage. Parmi ces textes, il a cité la Constitution, notamment son article 10, la loi n° 2011-045 du 25 juillet 2011, sur la liberté de la presse, la loi n° 2018-038, relative à la cybersécurité et à la cybercriminalité.
Le fact-checking pour contrer la désinformation
Pour sa part, Amadou Sy, journaliste et Directeur Pays (Mauritanie) de « Média et Démocratie » a souligné qu’en matière de désinformation, les réseaux sociaux n’oint fait qu’amplifier un phénomène qui a toujours existé, donnant l’exemple des fausses informations diffusées par les Alliés lors du débarquement de Normandie et qui leur a fait gagner la guerre, ainsi que d’autres faits historiques où la désinformation a servi des objectifs de guerre.
Il a rappelé les ateliers de formation et de renforcement de capacité des journalistes dans les 14 pays membres, que « Média et Démocratie » a organisé dans le domaine du fact-checking, soulignant toutefois que le fact-checking seul ne suffit pas pour combattre la désinformation.
Selon lui, pour avoir une bonne information, il faut des spécialistes du domaine, notamment les journalistes. Or, fait-il remarquer, face à la disparition des rédactions qui servaient de cuisine pour les stagiaires en journalisme, et en l’absence de toute école ou institut de formation de journalistes en Mauritanie, le pays n’en produit plus. Ceux qui en ont les moyens, devront aller se former à l’étranger, a-t-il fait remarquer, ajoutant que ceux qui continuent à exercer ce métier sont pour la plupart dans la précarité. D’où l’appel qu’il a lancé pour la création d’un centre de formation des journalistes en Mauritanie.
A son tour, Me Fatimata M’Baye, avocate et présidente de l’Association mauritanienne des droits de l’homme (AMDH), a souligné que le droit à l’information et la lutte contre la désinformation poursuivent un objectif commun : bâtir une société informée, critique et résiliente face aux manipulations.
La HAPA, un régulateur
Prenant la parole, M. Oumar Moktar, membre du conseil de la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA), a présenté les missions de cette institution, définies par l’ordonnance n° 2006-034 du 20 octobre 2006, qui en fait un outil de régulation chargé de garantir la liberté et l’indépendance des médias tout en assurant un accès équitable à l’information. Soulignant que la HAPA « régule mais ne censure pas », il a également mis en lumière certaines de ses activités qui portent sur la liberté de l’information, comme la formation des journalistes et l’organisation d’ateliers sur la lutte contre les fakenews.
La parole au public
À la suite des interventions, la parole a été donnée au public, qui a enrichi la discussion avec des contributions pertinentes. Cela a permis d’élargir le débat sur les défis et solutions liés au droit à l’information et à la désinformation en Mauritanie.
Cette table ronde a mis en lumière les défis et opportunités liés au droit à l’information dans un contexte de lutte contre la désinformation. Elle a aussi réaffirmé l’importance de la collaboration entre les acteurs nationaux et internationaux pour garantir une information fiable et accessible à tous.
L’expérience de la DW en Libye
Avant l’entame de la table-ronde, l’assistance avait suivi une présentation par visioconférence de l’expérience de la Deutsch Welle dans la lutte contre la désinformation en Libye. Une expérience qu’ils ont promis de proposer en Mauritanie
Cheikh Aïdara