La Mauritanie organise, pour la première fois, un championnat d’Afrique de football. Certes, il s’agit de celui des moins de 20 ans, considéré de moindre importance médiatique et financière que le CHAN (championnat dédié aux joueurs locaux) et la CAN qui est la compétition reine, mais sur le plan diplomatique, la Mauritanie est en train de tirer un important profit de sa percée sportive qui pourrait être encore plus grande si son candidat Ahmed Ould Yahya, président de la Fédération mauritanienne de football (FFRIM) est élu à la tête de la Confédération africaine de football (CAF) en mars prochain.
Cette diplomatie sportive qui a fait la renommée de beaucoup de pays de par le monde bénéficie du soutien des plus hautes autorités du pays. Elle s’est concrétisée par l’envoi, dès l’annonce de la candidature d’Ahmed Ould Yahya à la présidence de la CAF, de trois ministres pour plaider ce dossier Le ministre secrétaire général de la présidence, M. Adama Bocar Soko, la ministre conseiller à la présidence de la République, Mme Coumba Bâ et le ministre de l’Emploi, de la jeunesse et des sports, M. Taleb Ould Sid’ahmed ont donc inauguré une diplomatie sportive qui utilise les mêmes approches de toutes diplomatie, alliant les « armes miraculeuses » de la proximité géopolitique (Dakar, Abidjan) à celle inversant les règles de la méthode lifo (dernier venu, premier sorti) en occupant le terrain avant les adversaires (Kampala).
S’il faut saluer cette offensive diplomatique mauritanienne, engagée par le gouvernement peu après l’audience accordée par le président de la République, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, au président de la FFRIM, Ahmed Ould Yahya, il faut reconnaître - aussi - que le jeune patron du football mauritanien a déjà balisé le terrain. Car cette diplomatie sportive ne vient pas ex nihilo.
Aujourd’hui, la Mauritanie sportive n’est plus une terra incognito. Grâce au football où elle occupe, selon le dernier classement FIFA, le 101ème rang (avec 1207 points) sur 210 nations concernées par ce répertoire. Elle devance de grandes nations dotées de plus de moyens économiques et de potentiels humains comme le Kenya (104), la Libye (111), la Nouvelle-Zélande (118), l’Angola (125), le Rwanda (133) ou encore l’Ethiopie (146). Certes, une régression par rapport à la 81ème place (classement du mois de septembre 2016) mais un énorme progrès par rapport au rang de bon dernier qui était celui de 206ème place mondiale, en 2012 !
L’Evènement phare consacrant la percée remarquable de la diplomatie sportive mauritanienne est sans doute l’organisation en cours de la COCAN (coupe d’Afrique des U-20) regroupant pour la première fois 12 pays, au lieu de 8.
Le soutien du gouvernement s’est traduit par la « préparation du terrain », disons plutôt des stades devant accueillir la compétition. La réhabilitation de ceux de Nouakchott (Stade olympique et Stade Cheikha Ould Boidiya) et la construction d’un stade répondant aux standards internationaux à Nouadhibou confiée au génie militaire étaient le meilleur engagement en faveur du football que les Mauritaniens commencent à apprécier, non seulement en tant que sport (roi) mais moyen pour mieux faire connaître le pays. La diplomatie sportive mise en œuvre par les États, en plus d’autres canaux plus « traditionnels », est multiple : vecteur de rayonnement pour un État à l’international, elle est également un volet prometteur et en pleine expansion sur le plan économique.
Sneiba Mohamed