La négligence ou le « je m’en foutisme » du Wali du Hodh Charghi, Cheikh Ould Awa, selon la famille Ehel Bneïjara, risque de mettre la poudrière entre elle et les Oulad Melouk, sous fond d’un conflit foncier. Et cela à une journée ou deux de la visite que devra effectuer dans la région, le Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Mohamed Salem Merzough.
La visite du Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation Mohamed Salem Merzough au Hodh Charghi, prévue le 1er ou le 2 octobre 2021, ne passera certainement pas inaperçu. La famille de Ehel Bneïjara, répartie dans toutes les régions du pays, vont converger vers la capitale du Hodh Charghi, Néma, dans un sit-in que ses membres ont décidé de tenir devant les locaux de la Wilaya, lors de la visite de Ould Merzough. Ils comptent protester contre le refus du Wali, Cheikh Ould Awa, d’exécuter les instructions du Ministre de l’Intérieur dans le conflit foncier qui les oppose à la faction Oulad Melouk.
En effet, le Ministre de l’Intérieur avait dans une lettre en date du 10 décembre 2020, instruit le Wali Cheikh Ould Awa d’appliquer l’accord signé entre les deux parties le 24 avril 2000. Ce que ce dernier se refuse de faire depuis cette date. Cela a poussé la famille Ehel Bneïjara à se demander ce que veut réellement ce Wali. « Veut-il nous pousser à la rébellion, comme les gens de R’Kiz, ou ce qui s’est passé antérieurement à Tintane, Kobeni et Aïoun ? ». Mieux, Mohamed Bneïjara, porte-parole de la famille, se demande pour qui roule le Wali Cheikh Ould Awa, « pour Ould Abdel Aziz, sous lequel il a servi jusqu’à maintenant ? » Il s’étonne de la persistance du Wali à jouer le rôle d’une opposition au sein du pouvoir actuel, en refusant d’obtempérer aux instructions de son ministre.
L’affaire en question porte sur une étendue territoriale située dans la commune de Hassi Etile, à une trentaine de kilomètres de Néma. Elle a été à l’origine de l’avortement d’une tentative de l’Etat d’opérer un regroupement dans le cadre de la politique initiée à l’époque par les pouvoirs publics pour le regroupement des villages. Seulement, le lieu choisit faisait l’objet d’un conflit latent. Ce conflit avait dégénéré en batailles rangées, avec casse de biens communautaires, comme des digues. L’affaire sera exposée aux instances judiciaires, jusqu’à l’arrivée du Wali Ould Abdallah, vers la fin du quinquennat de Ould Abdel Aziz. Face à l’échec de la tentative de regroupement, il demandera à chacune des deux familles de rejoindre son territoire antérieur. Mais cela ne mit pas fin au conflit.
Pourtant, un accord explicite, enregistré au niveau du Cadi de Néma avait permis par acte en date du 24 avril 2000, de régler définitivement le conflit.
C’est la substance de la lettre que le Ministre de l’Intérieur, Mohamed Salem Merzough avait adressé en décembre 2020, sous forme d’instruction, au Wali Cheikh Ould Awa. Dans cette lettre (voir fac-similé), le Ministre demande au Wali de revenir à cet accord basé sur un partage de la zone litigieuse suivant le lit de la Batha. La partie Sud revenait à la famille Bneijara et la partie Nord à la famille Oulad Melouk.
Non seulement, le Wali Cheikh Ould Awa, a osé affirmer ne pas avoir pas pris connaissance de la lettre du Ministre de l’Intérieur trois mois après l’avoir reçu, mais il s’abstiendra de toute tentative depuis cette date d’appliquer les instructions de son ministre.
Ce qui est sûr, c’est que les deux factions sont prêtes à en découdre si l’Etat, à travers le Ministère de l’Intérieur, ne prend aucune disposition pour remettre chacune des deux parties dans ses droits. A quelques encablures des graves évènements de R’Kiz, Néma et ses alentours risquent à leur tour de s’enflammer face à l’inertie des pouvoirs publics d’imposer le respect de l’Etat de droit, en commençant par rappeler à leurs représentants au niveau des régions, leurs entières responsabilités.
Cheikh Aïdara