Les journées nationales de concertation se profilent à l'horizon. Majorité et opposition les préparent déjà "en interne" par des réunions de leurs organes décisionnels (bureaux exécutifs, coalitions) et des sorties médiatiques où l'on exprime les attentes et craintes face à des concertations qui ne détonnent pourtant pas avec le climat d'apaisement politique en cours depuis l'élection présidentielle de 2019. Le président du parti MPR (Mouvement pour la refondation) et membre de la coalition "Vivre ensemble", Kane Hamidou Baba était l'invité, dans la nuit de vendredi à samedi, de l'émission "Plateforme des concertations" de Radio Mauritanie avec la participation de l'Agence mauritanienne d'information (AMI).
Cette plateforme constitue sans nul doute un « renforcement de la liberté d’expression » qu’il faut saluer. Rappelant l’engagement de la Coordination des Coalitions et Partis de l’Opposition démocratique (CCPOD) constituée des partis Mustaqbal, APP, Tawassoul et des coalitions CVE et CVE/VR), à aller vers ces concertations parce qu’elles ont été « validées » par les pouvoirs publics, Kane Hamidou Baba déclare que les 5 partis politiques qui ont accepté d’aller ensemble aux concertations prévues ont une certaine vision de la Mauritanie. Pour lui, « concertations » ou « dialogue », ce n’est qu’une question de sémantique mais ce qui peut être dit dans l’un peut l’être aussi dans l’autre. Il demande également qu’une Commission préparatoire formée de partis de la majorité et de l’opposition soit mise en place pour rassurer tout le monde et l’impliquer en amont du processus.
Toutes les réserves sont maintenant derrière nous, dira Kane Hamidou Baba parce que ma rencontre avec le président de la République m’a rassuré qu’on va vers « un dialogue sérieux dont les conclusions appliquées ». C’est lui qui doit être le chef d’orchestre de ces concertations qui, en cas de succès, seront une réussite pour la majorité alors que le succès de l’opposition sera dans les résultats.
Le président du MPR reconnait que nous venons de loin, précisant que le dialogue de 2005 ressemblait plus à une kermesse parce que les questions de fond ont été ignorées pour donner la priorité à l’organisation d’élections pensées comme une issue pour sortir de la crise provoquée par le coup d’état. Enfin, il a indiqué qu’à ce niveau, les concertations sont encore une page blanche et que, au niveau de la préparation, il faut penser à y inscrire d’abord les thèmes qui seront au centre des débats (Partager du pouvoir, unité nationale, esclavage, Éducation, Cohabitation, aspects structurels du passif humanitaire). « Avec un pouvoir à l’écoute, l’espoir que suscitent en nous ces concertations est donc loin d'être un optimisme béat », conclut Kane Hamidou Baba.
Sneiba Mohamed