L'après Ouadane a bien commencé. Le discours historique prononcé par le président Ghazouani à l'ouverture du Festival des Cités du patrimoine est la continuité de celui adressé à la Nation la veille de la commémoration du 61eme anniversaire de l'indépendance nationale. Il s'agit d'actes posés avec force pour corriger la trajectoire d'un processus de nouvelle gouvernance entachée par une certaine mollesse, dans l'exécution de projets inscrits dans le programme "Taahoudati", de sonner la rupture avec des mentalités et comportements d'un autre âge faisant peser une menace sérieuse sur la cohésion sociale et, enfin, de replacer la jeunesse au cœur des préoccupations du gouvernement. Des discours forts suivis d'actes qui constituent les premiers jalons d'un redressement que tous les segments du pouvoir sont appelés à considérer comme la somme des engagements du président de la République parce qu'ils portent sur ce qui est essentiel pour la survie d'un pays comme le nôtre : lutte contre la corruption, lutte contre les préjugés sociaux et priorité à la jeunesse. L'injonction faite au gouvernement de ne plus transiger avec les indelicatesses et autres relâchements dans l'exécution de projets et programmes de développement suivie par un décret rattachant l'Inspection générale d'État à la présidence de la République et le lancement d'un programme spécial pour la formation et l'emploi des jeunes sont des actes fondateurs à effets immédiats, comme le prouve la succession de faits et de décisions prises à divers niveaux (ministère de l'Equipement et des transports, Discours du président de l'UPR devant le Bureau exécutif, Union nationale du patronat mauritanien, etc.) pour enclencher le processus d'un redressement tous azimuts. Il reste que cette volonté politique à laquelle le gouvernement est soumis de facto, en tant qu'exécutant, et l'Union Pour la République, par son statut envié de bras politique du pouvoir, nécessite également le concours de tous les Mauritaniens qui en appréhendent la portée historique, notamment en ce qui concerne le changement de mentalités et de comportements désuets. Car si la constitution du pays fonde - déjà - l'égalité entre tous les citoyens, il y a, dans nos pratiques de tous les jours, des "choses qui refusent de mourir et d'autres qui peinent à naître". Celles qui doivent mourir, ce sont ces idées de compartimentation sociale présentes, par exemple, dans une division du travail séculaire et dans les appellations objets de frustrations, alors que celles que nous devons travailler, tous, à faire naître, relèvent d'une citoyenneté vraie que l'on doit avoir en partage, de l'amour de la patrie et de la conscience qu'il ne doit y avoir, désormais, qu'UN Mauritanien, sans distinction d'origine sociale, de couleur ou d'emploi. Nous aurons alors compris que le Discours de la Méthode à Ouadane relève d'une volonté ferme et sincère de nous réconcilier avec nous mêmes.
Mohamed Ould Brahim