Le dossier de l’ex président Mohamed Ould Abdel Aziz est des plus délicats, quand les médias doivent en parler. Non seulement, il est entre les mains de la justice mais l’état de santé du prévenu ayant conduit à son hospitalisation appelle à la prudence sur tout ce qui se dit – ou s’écrit – à son propos parce que les seules voix autorisées sont celles de la justice, qui avait décidé, il y a six mois, de placer l’ex président, en détention préventive, ou l’équipe médicale composée d’éminents spécialistes nationaux, qui l’a pris en charge suite à ses derniers soucis de santé.
Il est louable que le gouvernement mauritanien est choisi de se tenir à l’écart du tintamarre entretenu dans la rue, sur les réseaux sociaux, et même aux alentours du Centre National de Cardiologie (CNC) par ceux qui ne se soucient ni de la quiétude et la tranquillité des pensionnaires de cet hôpital ni des conséquences fâcheuses que peut engendrer une telle indélicatesse réprouvée par la morale et la justice. Il ne s’est agi, concernant l’Exécutif, que de réponses apportées aux questionnements de la presse, de souhaits de prompt rétablissement pour l’ex prévenu – qui dans tous les cas reste un citoyen mauritanien jouissant de tous ses droits garantis par la loi – et les instructions données pour qu’il fasse l’objet de la plus grande attention en matière de soins. L’envoi d’Ould Abdel Aziz à l’hôpital militaire (là où est pris en soigné, dans l’urgence, tout président de la République, qu’il soit en fonction ou n’ayant plus de charge présidentielle) puis au CNC et le traitement adéquat dont il a bénéficié montrent le haut degré de responsabilités des autorités en rapport avec le dossier peu ordinaire de l’homme.
Concernant donc la liberté provisoire dont a bénéficié ce vendredi 7 janvier 2022 le prévenu Mohamed Ould Abdel Aziz dont le dossier est inscrit dans les registres de la justice sous le numéro 001/2021, la loi a encore prévalu puisque, la décision a été prise par les autorités compétentes (le pôle d’enquête sur requête du Parquet général prenant en compte l’avis médical de l’équipe soignante qui indique que l’état de santé de l’ancien président recommande de le placer dans un cadre de vie qui requiert des conditions « particulières ».
Par cet avis avisé, le Parquet général, quoique partie civile engagée dans la défense des intérêts du peuple mauritanien dans une affaire de dilapidation de biens portant sur des milliards d’ouguiyas, avec des preuves accablantes, montre, une fois de plus, que la justice mauritanienne est indépendante dans ses décisions et que l’Exécutif, souvent accusé à tort de lui mettre la pression, tient plus que tout à la séparation des pouvoirs. C’est une ligne de conduite qui a prévalu durant la détention préventive et qui sera observée, sans aucun doute, lors de cette « pause » (liberté provisoire) et dans la poursuite du processus judiciaire jusqu’à son aboutissement final.
Mohamed Ould Brahim