Très attendu après la sortie prématurée de l’équipe nationale de football, les Mourabitounes, suite à sa piètre prestation à la CAN 2022 Cameroun, le président de la Fédération mauritanienne de football, Ahmed Ould Yahya, n’a apporté aucune explication à l’échec enregistré par ses poulains. C’était au cours d’une interview accordée à la chaine « Arriadia » mardi 25 janvier 2022.
Dans un entretien qu’il a accordé durant la soirée du mardi 25 janvier 2022 à la chaîne sportive « Arriadia », le président de la Fédération mauritanienne de football (FFRIM), Ahmed Ould Yahya, entouré de membres de son staff, est revenu sur le parcours peu élogieux des Mourabitounes à la Coupe d’Afrique des Nations 2022 dont les phases finales se disputent du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun.
D’emblée, il a déclaré partager avec les Mauritaniens la même déception face aux résultats peu encourageants des Mourabitounes au Cameroun. « Mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras et jeter les armes » a-t-il martelé.
Ahmed Ould Yahya a expliqué que les membres du bureau exécutif de la FFRIM ont entamé avec le département de tutelle, en l’occurrence le Ministère de la Culture, chargé des Sports, des réunions d’évaluation sur le parcours de l’équipe nationale. « Seul l’intérêt supérieure de la Nation nous guidera dans nos décisions, s’il faut opérer des changements, cet intérêt sera au-dessus de toute autre considération » a-t-il fait comprendre.
Qui sont responsables du parcours peu glorieux de l’équipe nationale de football de Mauritanie à la CAN ? Les joueurs, le staff technique, ou la FFRIM ?
C’est à ces question et à d’autres relatives à d’autres aspects portant sur les raisons de l’échec des Mourabitounes à la CAN 2022 que le premier responsable de la fédération mauritanienne de football a répondu, non sans s’emporter quelque fois.
Racisme sportif
« Vous pouvez tout dire sur les joueurs, sur leurs défaillances, sur leurs erreurs, mais jamais sur leur nationalité mauritanienne, comme ces propos racistes qui se répandent sur certains sites et réseaux sociaux » s’est énervé Ahmed Ould Yahya. L’allusion porte sur une vague de racisme qui fuse depuis la participation de l’équipe nationale. « Les Camara, les Coulibaly, les Bâ, qui ont été cités par ce site raciste sont plus Mauritaniens que vous, moi et l’auteur de ces attaques irrévérencieuses » a-t-il débité. C’est justement à cause des postings racistes sur sa page Facebook, que la FFRIM a décidé, selon lui, de suspendre les commentaires sur sa page. Selon lui, de tels propos portent préjudice à l’unité nationale et à la cohésion sociale.
Joueurs expatriés
Répondant à une question sur le choix des joueurs expatriés plutôt que les joueurs locaux, Ahmed Yahya juge que ceux qui posent ce genre de question ne connaissent réellement rien du football. « Dites-moi une seule équipe nationale parmi celles présentes à la CAN qui n’est dominé par des internationaux » a-t-il déclaré. « La Gambie et les Comores avec qui vous nous comparez, sont composés en majorité de joueurs évoluant en Europe » a-t-il illustré. Selon lui, ces deux pays signent leur première participation à une CAN, alors que la Mauritanie en est à sa deuxième participation, plus deux participations au CHAN et une participation à la Coupe Arabe.
Consolider les acquis
Pour Ahmed Ould Yahya, certes les résultats tardent à venir, mais le travail continue au niveau du football mauritanien et l’avenir selon lui, est prometteur. Il a invité les Mauritaniens à évaluer le parcours réalisé. « Où était le football mauritanien avant l’arrivée de l’actuelle équipe de la fédération, où est-ce qu’elle est aujourd’hui, depuis notre arrivée en 2011 ? » a-t-il posé comme question.
De poursuivre, « le football est fait de victoires et de défaites, l’essentiel est de continuer à se battre. En 2019, c’est la Mauritanie qui a écarté le Burkina Faso de la CAN, et c’est la même équipe du Burkina qui est revenu à cette CAN et qui s’est qualifié pour les quart de finale. Nous aussi, nous pouvons revenir à de meilleurs résultats à force de travail et de chance ».
Un travail de fond
« Vous portez plus d’intérêt sur le décor, une belle façade pour le siège de la FFRIM, des boutiques, restaurants, et vous négligez le fond ». Cette question a fait sortir pratiquement Ahmed Ould Yahya de ses gongs. « Travailler sur la formation des entraîneurs, un aspect sur lequel j’étais en train de bosser avec l’un de mes collaborateurs en particulier au niveau des régions de l’intérieur, œuvrer pour la formation des administrateurs et techniciens, organiser l’un des championnats les plus réguliers de la région, avec l’exclusivité d’un championnat pour les petites catégories, c’est du concret et non du décor, construire des stades, les équiper, ce n’est pas du décor, mais du fond » a-t-il martelé.
Les ressources
S’agissant des fonds reçus par la FFRIM, une question récurrente selon Ahmed Ould Yahya sur la langue de ses détracteurs, il déclare que la Mauritanie n’est pas une exception quant aux fonds versés par l’Etat ou les instances du football, la FIFA ou la CAF. « Nous recevons moins que les autres pays, surtout pour la préparation de cette CAN » a-t-il lancé. Selon lui, « l’accès aux ressources est aussi un travail que notre fédération a bien mené, par la pertinence de nos projets et le sérieux de leur exécution » a-t-il plaidé. « Vous pensez que l’Etat ou la CAF et la FIFA jettent leur argent par la fenêtre ? Nous avons pu les convaincre à travers la qualité des projets que nous leur avons présenté, et l’argent ne nous est pas tombé du ciel » a-t-il de nouveau argumenté.
« On ne démissionne pas »
Enfin, Ahmed Ould Yahya a indiqué que ce n’est pas le Bureau Exécutif qui choisit les joueurs de l’équipe nationale, mais que ce choix fait partie des prérogatives du sélectionneur national. « Ceux qui cherchent à nous voir partir, nous leur dirons que nous ne démissionnerons pas, et qu’on ne peut pas nous limoger. Nous avons été élus par une Assemblée générale devant laquelle nous sommes redevables. Ceux qui cherchent à prendre nos places doivent passer par ce processus démocratique » a-t-il indiqué.
Pour le moment, le monde sportif mauritanien est divisé, entre ceux qui font porter l’échec des Mourabitounes sur la fédération, et ceux qui font porter la responsabilité sur le staff technique et les joueurs. Ainsi, les sportifs mauritaniens qui s’interrogent sur les retombées de la CAN, et si des têtes vont tomber ou pas, ils devront encore prendre leur mal en patience.
Cheikh Aïdara