1er Congrès du parti RAG à Rosso, Birame Dah Abeid crie haro contre les notabilités traditionnelles

dim, 06/03/2022 - 01:46

Le député et président de l’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA), Birame Dah Abeid, a présidé en compagnie de l’ancien ministre Oumar Ould Yali, le premier Congrès du parti Radical pour une Action Globale (RAG) qui s’est ouvert samedi 5 mars 2022 à Rosso, capitale de la Wilaya du Trarza. Au menu, les prochains combats électoraux, l’opposition contre le poids des chefferies traditionnelles et le problème foncier.

La capitale du Trarza, Rosso, a abrité le 5 mars 2022 le démarrage des travaux du 1er Congrès du parti RAG, en présence des représentants du parti dans les différents villages, villes et localités de la région.

L’ouverture du Congrès a été marquée par quelques versets du Saint Coran et le mot de bienvenue du Coordinateur régional du parti RAG au niveau du Trarza, Mohamed Mahmoud Ould Bilal qui a souhaité la bienvenue au président de IRA, Birame Dah Ould Abeid et au président du parti RAG, Oumar Ould Yali.

Le gros des discours a été prononcé par Birame Dah Abeid qui a abordé plusieurs thèmes, d’abord les objectifs du parti RAG et du présent congrès, l’attaque contre les chefferies traditionnelles qui constituent selon lui, les principales entraves à l’exercice démocratique et enfin, la question du foncier qui hante la paysannerie locale.

RAG, bras politique du mouvement IRA

Sans détour, Birame Dah Abeid a bien avoué que le parti RAG n’est autre que le bras politique du mouvement IRA qu’il dirige et à travers lequel il compte accéder au pouvoir et au sommet de l’Etat. Son horizon se porte déjà sur les élections futures de 2023-2024 et la présidence de la République, mais aussi les postes électifs au niveau communal et législatif.

C’est dans ce cadre qu’il a exhorté les bureaux exécutifs du mouvement IRA et du parti RAG ainsi qu’à leurs militants à conjuguer leurs efforts jusqu’à la victoire finale.
 

Rosso, une ville délaissée et une chefferie traditionnelle fossoyeuse des choix électifs

Birame a brossé un tableau sombre de la ville de Rosso, ville fantôme au visage balafré et dont la jeunesse et la population, selon lui, sont pris entre l’étau du chômage et l’enclume du bradage de leur économie par une élite gangrénée par la corruption et le mauvais usage du pouvoir politique. Par la suite, il s’est attaqué à la chefferie traditionnelle qu’il accuse d’être le véritable obstacle à l’émergence d’un Etat démocratique et égalitaire.

A ce propos, Birame distingue deux catégories de chefs tribaux et religieux. Ceux qui sont loin de la politique et de ses magouilles, pour lesquels il dit vouer le respect le plus absolu. Et une chefferie traditionnelle qui a trempé, selon lui, dans toutes les magouilles électorales et qui est à l’origine de de toutes les fraudes en faveur du pouvoir en place. C’est contre cette catégorie qu’il faut se dresser, a-t-il invectivé ses partisans en substance. « Le temps des bureaux de tel chef ou de telle tribu, dont certains n’hésitent pas à franchir les frontières de la région pour déporter de faux électeurs, est révolu » a-t-il martelé.

Il en appelé à la vigilance de ses partisans, mais aussi à la fermeté des autorités chargées de superviser les élections, notamment la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), les autorités administratives, militaires et sécuritaires pour que les prochaines élections ne soient entachées d’aucune irrégularité

L’esclave foncier et la dépossession des terres cultivables

Birame Dah Abeid a ensuite dénoncé les exactions subies par la paysannerie locale au niveau de la région du Trarza, notamment les masses laborieuses haratines et négro-mauritaniennes, les véritables exploitants des terres agricoles, a-t-il soutenu en substance. Selon lui, les terres de la Chemama sont bradées au profit d’une oligarchie dont le seul lien à la terre est spéculatif.

Pour déposséder des terres ancestrales dévolues au cours de plusieurs siècles par la voie traditionnelle, l’administration qui est la seule distributrice de documents administratifs qu’elle octroie selon ses désirs, utilise selon lui, ce prétexte pour déloger des habitats entiers au profit d’une classe prédatrice. Puissants commis de l’Etat, hauts gradés de l’armée, puissants commerçants et chefs tribaux et religieux auraient ainsi récupéré la quasi-totalité des terres agricoles de la Chemama, réduisant les anciens propriétaires en ouvriers agricoles, selon ses dires.

C’est à travers ces terres, dira-t-il en substance, que se sont engouffrés les milliards de prêts qui n’ont jamais été remboursés du défunt Union des banques de développement (UBD) et du Crédit Bancaires dont le lourd passif a été soldé par la volonté du Prince.

L’exemple du village de Niawlé a été cité en exemple, soulignant que ces habitants ont été dépossédés de leurs terres agricoles, réduisant plus de 300 famille à cultiver un espace de 20 hectares au lieu des centaines qu’elles possédaient, la même superficie qui a été accordée à un homme d’affaires.

Merci Ghazouani

Contrairement à ceux qui affirment que le Président Mohamed Cheikh Ghazouani n’a rien fait, Birame croit pour sa part qu’il a accompli ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’a fait. Bref, pour lui, Ghazouani a beaucoup fait. La preuve, dira-t-il en substance, les rangs du mouvement IRA et du parti RAG se sont beaucoup élargis lorsque l’arme de la terreur a disparu et qu’ils sont désormais autorisés à mener leurs activités sans aucune contrainte ni entrave.

La disparition de la peur et de la répression a aussi permis selon lui, à beaucoup de personnes qui hésitaient à adhérer au parti RAG ou à IRA, à manifester ouvertement leur choix. Mais surtout, souligne Birame, Ghazouani a beaucoup contribué à sa dédiabolisation et fait oublier le monstre longtemps brandi par le régime précédent pour faire peur. « En m’ouvrant les portes du Palais présidentiel et en m’accordant souvent des audiences, le président Ghazouani a incité beaucoup à me reconnaître en tant que personnalité et notable avec qui il est possible de discuter » a-t-il illustré.

« Voter pour moi et vos terres vous seront restituées »

Enfin, après avoir écouté les doléances des congressistes, Birame a conclu ses interventions en demandant à ses partisans de s’armer de sincérité et d’abnégation, en se lançant sans coup férir dans une vaste campagne de sensibilisation pour son élection au poste de président de la République. En hassaniya, en wolof, pulaar et en français, Birame a déclaré que si les populations du Trarza veulent récupérer leurs terres spoliées, elles n’ont qu’à œuvrer pour son élection à la magistrature suprême en s’armant de la carte d’électeur et en s’inscrivant et en inscrivant massivement leurs proches sur les listes électorales.

Le Congrès se poursuit dimanche 6 mars avec des recommandations très attendues.

 Cheikh Aïdara