Dans un récent audio, le président de l’Initiative pour la Résurgence d’un Mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA), le député Biram Dah Abeid, déclare son soutien et sa compassion aux jeunes de R’kiz, embastillés depuis plusieurs mois à Rosso pour avoir dénoncé la piètre qualité des services publics, notamment ceux de l’électricité et de l’eau, dans leur ville.
A ces jeunes qui viennent d’entamer une grève de la faim pour réclamer leur libération, BDA envoie un message fort, par voie de WhatsApp, depuis Marrakech où il participe à un forum sur l’esclavage organisé par Freedom Slavery, pour saluer leur courage face à la terrible machine tribalo-politique qui a la haute main sur les appareils de l’État, notamment celui de la justice. Comme preuve des dérives que connaît le pays dans plusieurs domaines, le Président de l’IRA cite la dernière sortie du Président Ghazouani où il tape du poing sur la table en égrenant tout ce qui ne va pas au niveau de la plupart des administrations et des services publics censés être là pour le bien des citoyens.
« Les jeunes de R’kiz, par cet acte de protestation pacifique, dénoncent le silence coupable de l’opinion publique nationale et de la classe politique sur les conditions déplorables de leur emprisonnement, alors que d’autres, comme Ould Chehlawi, jouissant du soutien de l’oligarchie tribalo-politique, n’ont pas eu à rendre compte de leurs crimes pourtant avérés. Esclavage, viols, agressions et autres exactions bénéficient, souvent, d’une impunité totale ! « Une impunité, dit BDA, accordée à des gens qui avaient tué ici, qui avaient exterminé, qui avaient déporté. Comment la justice mauritanienne ne peut s’appliquer qu’aux jeunes de N’Gawle, qu’aux jeunes de R’kiz, sous l’ère du président Ghazouani qui avait pourtant fait cette ouverture sur la société civile, sur la classe politique et qui a utilisé un nouveau langage dans ses discours s’attaquant aux anachronismes ? Pourquoi cette justice reste sourde, implacable, toujours tournée vers l’injustice et la discrimination, le passé et la compartimentation du peuple mauritanien ?
Le président de l’IRA dit craindre que les jeunes de R’kiz ne soient le souffre-douleur d’une justice tombée entre les mains d’individus qui l’utilisent, à dessein, pour régler leurs comptes à toutes ces personnes éprises de paix et de justice, refusant une situation dans laquelle les Haratines sont encore et toujours les laissés-pour-compte.
Et le président de l’IRA de revenir sur la cérémonie de sortie d’une promotion de 529 élèves fonctionnaires (Magistrats, inspecteurs du Trésor, inspecteurs des impôts, inspecteurs des Douanes, inspecteurs du travail, etc.) de l’Ecole nationale d’administration, de journalisme et de magistrature (ENAJM) où ne figure qu’une poignée de jeunes Haratines ! A ceux qui crient au scandale en dénonçant la mise à l’écart des autres communautés nationales (Pular, Wolof, Soninké), BDA rappelle que ce manège ne trompe plus personne, étant entendu que les Haratines ont pris conscience de leur condition de « Damnés de la terre », des « Damnés de l’opulence », comme on pourrait leur transposer, ici et maintenant, ce que disent Franz Fanon et G. El Gozy des injustices vécues par l’écrasante majorité des hommes sur terre.
Biram Dah Abeid dit lancer un appel au président de la République pour « prendre des mesures fortes visant à secouer le système judiciaire pendant qu’il est encore temps. « Je lance un appel au président de la République pour approfondir davantage le diagnostic des maux qu’il a lui-même dénoncés, il y a quelques jours, au nouveau Palais des congrès, à l’occasion de la sortie d’une nouvelle promotion de l’ENA de Mauritanie; une promotion monocolore de laquelle sont exclues la majorité des composantes de la société mauritanienne, à savoir les Pulars, les Wolofs, les Soninké mais aussi les Haratines, ce que certains leaders de l’opposition ne veulent pas dire. « Oui, les Négro-africains sont exclus mais les Haratines le sont tout autant », déclare le Président de l’IRA qui, en conclusion, lance un appel de soutien pour les jeunes de R’kiz dans leur grève de la faim visant à briser le silence qui entoure leur incarcération injuste.