Le Capitole et sa salle de 10.000 places, logé au Centre International des Conférences de Sharm El Sheikh (Egypte) a abrité, jeudi 2 juin 2022, l’ouverture officielle de la 47ème réunion annuelle du Groupe de la Banque Islamique de Développement (BID). Le Premier ministre Egyptien, Dr. Mustapha Medbouli et les principaux intervenants ont proposé des solutions de sortie de crise pour les pays membres, malgré un contexte mondial fortement marqué par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. La relance du secteur privé pour l’atteinte des ODD est la voie tracée par l’Egypte.
Prenant la parole au cours de l’ouverture officielle de la 47ème réunion annuelle de la BID le 2 juin 2022 à Sharm El Sheikh, le Chef du gouvernement égyptien, Dr. Mustapha Medbouli, a transmis à l’assistance les salutations du président Abdel Fetah Sissi. Il a adressé ses remerciements au Groupe de la BID pour les efforts inlassables en faveur de ses 57 pays membres, ainsi que les expertises qu’elle n’a cessé de mettre à leur disposition tout au long des quatre décennies passées. Il a aussi remercié la BID d’avoir choisi la ville de Sharm El Sheikh pour sa rencontre qui intervient, selon lui, dans un contexte mondial difficile qui requiert une nouvelle vision capable de s’adapter à ces circonstances.
Atteindre les ODD en développant le secteur privé
Le Premier ministre égyptien a décrit une situation mondiale compliquée et inextricable avec la pandémie Covid-19 et les crises géopolitiques qui ont bouleversé les équilibres aussi bien sur le plan économique et social, affectant plus durement les pays les plus fragiles et les populations les plus démunies. « Le monde commençait à peine à se remettre des impacts de la covid-19 qu’éclate la guerre entre la Russie et l’Ukraine, rendant l’avenir encoure plus incertain » a-t-il déclaré…
Selon lui, cette situation affecte les plans de développement au niveau mondial, en particulier les pays membres de la BID déjà confrontés à des problèmes économiques, sociaux, environnementaux et de développement durable. Il a exhorté les pays membres de la BID à absorber toutes ces transformations structurelles et à s’y adapter. D’où, selon lui, la nécessité de booster le secteur privé et les initiatives individuelles, tout en préconisant des solutions durables face aux effets des changements climatiques, ainsi que leurs impacts sur l’agriculture et la sécurité alimentaire. Il a préconisé dans ce cadre le développement du capital humain, l’investissement dans le savoir et le renforcement des échanges commerciaux entre les Etats.
Malgré les défis, la BID affiche une bonne santé
Auparavant, le Président du Groupe de la BID, Dr. Muhammad Soulaiman Al Jasser avait pris la parole pour remercier les autorités égyptiennes pour la bonne organisation de cette rencontre annuelle et souhaiter la bienvenue aux délégations et aux institutions régionales et internationales qui ont fait le déplacement. Il a évoqué au passage le total des fonds injectés en Egypte par la BID, soit 18 milliards de dollars U.S, dans divers projets de développement. Il a aussi parlé du Centre régional de la BID qui vient d’être inauguré au Caire en marge du présent sommet de Sharm El Sheikh, saluant la solidité de l’économie égyptienne malgré un contexte mondial marqué par la hausse des prix. Il a souligné au passage l’accroissement de la dette que la guerre en Ukraine vient exacerber au niveau des Etats membres, mais aussi la chute des recettes du tourisme, le renchérissement des prix énergétiques, la fragilité accrue des systèmes de santé mis à nu par la pandémie Covid-19.
Brossant le bilan du Groupe de la BID au cours de la période 2020-2021, il a cité l’accroissement du capital de 8, 8 milliards de dollars U.S et celui du Fonds Islamique de Développement de 1,6 milliards de dollars, sans compter les autres filiales. Abordant les projets financés par le groupe, il a souligné que ces projets ont profité à 121 millions de personnes dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’assainissement. Selon lui, le capital du groupe a connu un accroissement de plus de 38% en 2022, avec un bénéfice de 150 millions de dollars.
Selon lui, le Plan stratégique du groupe 2021-2025 basé sur les priorités prévoit un fort investissement sur les infrastructures numériques, avec un nouveau programme pour faire face à l’insécurité alimentaire avec une enveloppe de 1,7 millions de dollars.
17 milliards de dollars pour 367 projets en Egypte
Avant lui, Dr. Hella Helmy El Saed, Ministre égyptienne du Plan et du Développement Economique, présidente du Conseil des Gouverneurs du groupe de la BID, avait mis l’accent sur la nécessité d’unir les efforts de l’ensemble des pays membres. Après un succinct rappel de l’histoire du groupe de la BID, née selon elle d’une idée en 1975, elle a exhorté les pays à investir encore davantage dans le capital humain. Elle a souligné que la pandémie Covid-19 et la guerre en Ukraine ont provoqué une forte augmentation de la pauvreté, affectant les capacités de l’économie mondiale tout en provoquant une rupture dans les chaînes d’approvisionnement. Selon elle, il faut renforcer le partenariat entre les gouvernements et la société civile, tout en boostant la coopération régionale et internationale. Les défis restent énormes pour les Etats membres de la BID, d’après Dr. Hella, notamment dans le domaine de l’agriculture, de l’eau, de la santé, de l’assainissement et de l’éducation.
Parlant de l’Egypte, elle a souligné que le gouvernement a injecté 17 milliards de dollars dans 367 projets qui sont intervenus dans le domaine du renforcement du capital humain, de l’éducation et de la santé, saluant au passage les perspectives qu’offre l’ouverture du Centre régional de la BID au Caire.
La coopération BID-OCI
A son tour, M. Hissein Brahim Taha, ancien Ministre des Affaires Etrangères du Tchad et Secrétaire Général de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI) depuis novembre 2021, a rappelé que cette 47ème réunion annuelle du Groupe de la BID coïncide avec la 37ème réunion du Conseil supérieur des Gouverneurs. Il a lui-aussi évoqué le choc engendré par la pandémie Covid-19 et ses répercussions économiques, notamment son impact sur les moyens d’existence des populations. Il a rappelé les multiples interventions de l’OCI pour intensifier la coopération entre les Etats membres à travers le levier de la solidarité islamique. Dans ce cadre, dira-t-il en substance, l’OCI a contribué à hauteur de 2,3 milliards de dollars pour amortir les chocs sociaux engendrés par la pandémie et la guerre en Ukraine.
Selon lui, la hausse du prix du carburant et des denrées alimentaires a surtout affecté les populations vulnérables, soulignant qu’une stratégie de relance économique s’impose. Pour le Secrétaire général de l’OCI, l’action des Etats membres doit s’orienter vers les catégories sociales les plus fragiles comme les femmes et les jeunes, et elle doit cibler les Etats les moins avancés. Pour M. Hissein Brahim Taha, les pays membres de l’OCI qui en ont la possibilité doivent renforcer leur capacité à fabriquer des vaccins. Selon lui, les Etats doivent créer des programmes spécifiques dédiés à l’agriculture et participer à la mobilisation des ressources au profit du Fonds Islamique de Développement afin qu’il puisse davantage multiplier les projets de réduction de la pauvreté et améliorer les services sociaux. Il s’est réjoui de la coopération entre le Groupe de la BID et l’OCI, mais aussi avec d’autres organisations arabes et islamiques. Il a cité dans ce cadre plusieurs projets financés conjointement avec ces organismes au profit des pays membres. Il a évoqué à ce titre les accords de Djeddah de 2017, dans le domaine de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, entre l’Organisation Islamique pour la Sécurité Alimentaire (OISA), l’institution spécialisée de l’OCI basée à Astana (capitale du Kazakhstan) et l’Organisation Arabe pour le Développement Agricole (OADA). Il a enfin parlé de deux grands programmes régionaux que l’OCI compte lancer en Afrique et en Asie centrale, pour promouvoir la croissance économique et booster le développement social dans ces deux régions.
5.000 participants
Cette rencontre a regroupé 5.000 participants, comprenant des ministres chefs de délégation des pays membres, des gouverneurs de banques centrales, des ambassadeurs, des représentants du secteur privé et de la société civile, les représentants d’institutions régionales et internationales de financements ainsi que des bailleurs de fonds et des investisseurs, en plus de centaines d’experts qui ont animé plus d’une dizaine de sessions parallèles.
La délégation mauritanienne, presqu’invisible au cours des assises, était représentée par le Ministre des Finances et le Gouverneur de la Banque Centrale, avec un nombre très réduit de cadres. Le secteur privé et la société civile mauritanienne étaient les grands absents de la réunion de la BID à Sharm El Sheikh. Etait aussi présent à la rencontre, le Mauritanien, M. Sidi Ould Tah, Directeur Général de la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA), dont le mandat s’achève en 2024, après trois mandats successifs depuis 2015.
Cheikh Aïdara
Sharm El Sheikh