La ville de Tiguint a abrité le 2 juillet 2022, l’ouverture d’un atelier d’échanges de deux jours pour la promotion de la santé reproductive et l’autonomisation des femmes. L’occasion pour les députés de l’Assemblée nationale et la société civile conviés à cette rencontre de préparer, sous la houlette d’un expert international, un plan de plaidoyer et de communication pour la réduction de la mortalité maternelle et néonatale, la mobilisation des ressources et la redynamisation du réseau des parlementaires en population et développement.
Un atelier de plaidoyer auprès des députés s’est ouvert samedi 2 juillet 2022 à Tiguint. Cette rencontre d’échanges pour la promotion de la santé reproductive et l’autonomisation des femmes, prévue pour deux jours, est organisée par l’Assemblée nationale et l’Association mauritanienne pour la promotion de la santé reproductive, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).
L’occasion d’un échange de discours entre Dr. Mohamed Lemine Mohamed El Hadj, Secrétaire général du Ministère de la Santé, Dr. Bâ Halimata, Secrétaire général du Ministère de l’Action Sociale, de l’Enfance et de la Famille, du Représentant Résident de l’UNFPA en Mauritanie, M. Cheikh Fall et du président de l’Association mauritanienne pour la promotion de la santé reproductive, Dr. Hama Abdelkader et sous la modération de l’érudit et député, El Khalil El Nahwi.
Il ressort de ces discours que la Mauritanie a accompli des efforts considérables pour la réduction de la mortalité maternelle qui est passé de 582 à 424 décès pour 100.000 naissances vivantes, la réduction de la mortalité néonatale passée à 19 décès sur 1.000, avec un taux de prévalence contraceptive de 14%, un taux d’accouchement assisté par un personnel médical de 61%, mais des besoins non satisfaits en matière de planification familiale qui sont restés les mêmes, 32%.
Malgré ces progrès, la Mauritanie continue cependant d’afficher le plus lourd taux de mortalité maternelle en Afrique et dans la sous-région, selon M. Cheikh Fall qui a indiqué que ces indicateurs restent les moins performants dans le continent. Ce qui selon lui, rend encore plus incisif le rôle des parlementaires et de la société civile dont l’apport est essentiel pour un nouveau départ dans les engagements du pays. Selon M. Cheikh Fall, aucun pays ne peut se développer en laissant en rade la moitié de sa population, faisant allusion aux poids démographiques des femmes en Mauritanie qui représentent 52% de cette population totale.
En effet, selon la plupart des intervenants, l’apport des femmes dans l’économie nationale reste encore marginal. Comme le dira plus tard, la député Marième Bâ, seuls 24% des femmes possèdent un compte bancaire et moins de 20% occupent des postes électifs ou des postes de responsabilité dans les rouages de l’Etat.
Cette situation dramatique de la femme mauritanienne tranche pourtant avec la place que le président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani, cité par Dr. Halima Bâ, accorde à cette frange dans son programme politique où elle occupe un axe entier, ni dans la politique générale du gouvernement que le Premier ministre a présenté devant les députés, selon elle.
Si le Secrétaire général du ministère de la Santé a déroulé le programme de son département pour relever les nombreux défis de santé publique en Mauritanie, le président de l’Association mauritanienne pour la promotion de la santé reproductive a quant à lui posé le problème de la stérilité qui touche plus d’une famille en Mauritanie.
Plusieurs panels ont été animés durant la première journée, dont une sur la santé reproductive en Mauritanie, indicateurs, législation et politique, la réalité de la santé reproductive en Mauritanie et la participation de la société civile, Santé reproductive et autonomisation de la femme.
L’intervention du Dr. Mohamed Abdel Aziz a été édifiant dans la mesure où dans son intervention il a insisté sur la nécessite d’une campagne de sensibilisation en direction des femmes pour les informer de la gratuité des soins liés à la grossesse et à l’accouchement à travers le forfait obstétrical généralisé, faisant comprendre que les trois sources de décès maternels étant connus, l’éclampsie, l’hémorragie et l’hypertention, seul le recours aux structures de santé pourra faire baisser d’une manière drastique les décès maternels et néonataux.
Une communication a également porté sur l’intérêt de mettre en place un réseau de parlementaires spécialisé en population et développement. A ce titre, l’expert en plaidoyer, El Hadj Dioum, a déployé les étapes devant aboutir à l’élaboration d’un plan d’action dans ce cadre à partir de l’identification consensuelle des problèmes posés et des solutions envisagées.
Ces communications ont été suivies de débats enrichissants de la part des participants.
Cheikh Aïdara
Tiguint