Clap de fin pour le projet « Appui à la Migration Equitable pour le Maghreb (AMEM) » après trois années de mise en œuvre pour l’amélioration de la gouvernance des migrations et la promotion de la migration de main d’œuvre équitable en Mauritanie, au Maroc, en Libye et en Tunisie. Un atelier de restitution a été organisé dans ce cadre vendredi 22 juillet 2022 à Nouakchott, en présence des mandants de l’OIT, le gouvernement, les travailleurs et les employeurs.
Lorsqu’en mai 2018, l’Organisation Internationale du Travail (OIT) avait conclu avec l’Agence Italienne de Coopération pour le Développement (AICS) un accord de partenariat pour un projet destiné à l’amélioration de la gouvernance des migrations et à la promotion de la migration de main d’œuvre équitable dans les quatre pays du Maghreb (Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie), peu de personnes s’attendait aux résultats importants réalisés en Mauritanie pendant cette période.
Il a fallu la clôture du projet, le vendredi 22 juillet 2022, pour s’en apercevoir d’une manière globale à l’occasion de l’atelier organisé à Nouakchott, en présence des différents acteurs qui ont accompagné le processus de 2018 à ce jour. Il s’agit en l’occurrence des responsables du Ministère de la Fonction Publique et du Travail, du Ministère de l’Intérieur, du Ministère des Affaires Etrangères, de l’Union Nationale du Patronat de Mauritanie (UNPM), des principales centrales syndicales des travailleurs (UTM, CGTM, CLTM et CNTM), des organes techniques, tels que la CNSS et ANSADE, des partenaires internationaux comme le BIT, l’OIM et le HCR.
Mohamed Belarabi
Tirant le bilan du projet AMEM en Mauritanie, Mohamed Belarbi, Conseiller technique du projet AMEM basé en Tunisie, a cité parmi les réalisations les plus significatives du projet en Mauritanie, l’amélioration du système d’informations et de données sur la migration de la main d’œuvre et le renforcement de capacité dans ce cadre de l’Agence Nationale des Statistique et des Analyses Démographiques et Economiques (ANSADE, ex-Office National des Statistiques ONS). Il a également cité le renforcement des partenariats sociaux et l’accompagnement des acteurs dans le plaidoyer et l’octroi d’outils d’harmonisation de la Convention 143 après sa ratification par la Mauritanie.
Avec l’Agence Techghil piloté par le Ministère de l’Emploi, le projet AMEM selon lui, a aidé le département à mieux calibrer ses interventions dans le domaine du travail transfrontalier, accompagnant aussi dans ce cadre le Ministère de la Fonction Publique dans la campagne menée dans les régions du pays pour la régulation de la migration transfrontalière.
Il a cité aussi les études importantes réalisées par le projet AMEM, notamment celle relative à la situation des Mauritaniens à l’étranger et l’autre relative à la législation du travail des migrants.
Mohamed Belarbi a évoqué les importantes rencontres internationales qui ont introduit des innovations dans le monde du travail des migrants, notamment celle tenue en Afrique du Sud en mai 2022 et qui s’est soldé par l’Appel de Durban relatif au travail des migrants dans l’agriculture et la protection sociale. Le redimensionnement de cet axe avec la santé et la sécurité sociale, va guider selon lui, les efforts du Bureau International du Travail (BIT) et les mandants de l’OIT.
Marc Ninerola du BIT
Marc Ninerola, Coordinateur du Projet BRIDGE en Mauritanie a quant à lui souligné les efforts fournis dans la protection des enfants mineurs dans le milieu du travail, notamment dans le secteur de la pêche et les appuis apportés dans ce domaine au gouvernement, par le biais de la coopération avec le Ministère des Affaires Sociales et le Ministère du Travail. Il a parlé aussi de la situation des filles mineures domestiques issues des pays limitrophes, comme le Mali, et les actions menées pour leur protection contre l’exploitation au travail. Marc Ninerola a également évoqué les deux conventions de l’OIT que la Mauritanie a ratifiées ensemble, la Convention 143 sur le droit des travailleurs migrants et la Convention 134 sur la prévention des accidents.
La direction du travail
Quant à Mamour Diop, Directeur de la Prévoyance Sociale et de la Migration à la Direction Générale du Travail, s’exprimant au nom du Ministère de la Fonction Publique, il a remercié le projet AMEM pour les trois années d’appui au gouvernement mauritanien dans le renforcement de capacités des acteurs nationaux dans la gestion de la migration au travail. Ce qui a permis selon lui, de dresser un bilan appréciable qui a conduit à des acquis solides en termes de leçons apprises, ce qui ouvre des perspectives pour le renouvellement souhaité de l’expérience avec une deuxième phase du projet. Il a aussi remercié tous les partenaires sociaux et les partenaires techniques et financiers, le BIT et la coopération italienne en l’occurrence pour leur précieux concours.
Le Coordinateur AMEM en Mauritanie
Pour sa part, Sy Samba, Coordinateur national du projet AMEM en Mauritanie, il a rappelé les trois axes autour desquels s’est articulé le projet AMEM, à savoir une meilleure cohérence entre les politiques migratoires et l’emploi, une meilleure coordination entre les acteurs clé du marché du travail concernant la migration pour l’emploi, et enfin, l’amélioration de la gouvernance de la migration pour l’emploi. En d’autres termes, dira-t-il en substance, il s’agissait de renforcer le système d’informations et de données sur la migration de la main d’œuvre, renforcer les capacités des acteurs au sein du Comité national de dialogue social (CNDS) et renforcer la gouvernance migratoire à travers une meilleure cohérence entre les services d’intermédiation.
Le Consultant
Le Consultant, Isselmou Ould Taleb, celui qui a mené la première enquête sur les conditions de vie et de travail des Mauritaniens à l’étranger au niveau de 5 pays où leur présence est la plus forte, Sénégal, Côte d’Ivoire, Gambie, Mali et France, il s’est félicité de la collaboration avec ANSADE qui a permis l’introduction d’un module sur la migration dans les canevas du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 2013 et sa mise à jour envisagée dans le 5ème RGPH 2023. Cette action permettra selon lui au pays de disposer de données sur la migration, ce qui viendra enrichir les informations fournies par l’enquête sectorielle d’identification des métiers exercés par les migrants par activité socioéconomique. Cela va encore renseigner davantage, dira-t-il en substance, les informations relatives à l’apport de la main d’œuvre étrangère dans l’économie du pays, l’identification des différents canaux de recrutement de cette main d’œuvre, notamment dans les BTP, à Nouakchott et à Nouadhibou.
Il a aussi évoqué l’étude qu’il a menée pour le compte du projet AMEM sur l’état des lieux et les conditions de vie et de travail des Mauritaniens à l’étranger.
Les témoignages
Enfin, les participants ont suivi les témoignages de certains acteurs sociaux, Tamboura Assouké de la CLTM, Mahmoud Khairou de l’UTM, Mohamed Mahmoud Mohamed Sghaïr du CNDS, Mokhtar Ould Abdallahi du Patronat, Mohamed Ould Rabani de la CNTM. D’autres intervenants ont également apporté leur témoignage, la CNSS et le Ministère des Affaires Etrangères en particulier. Il est ressorti de l’ensemble des interventions un souhait de voir se concrétiser la poursuite du projet dans une deuxième phase pour consolider les acquis. Les participants ont formulé à la fin de l’atelier plusieurs recommandations allant dans ce sens.
Cheikh Aidara