Une vingtaine d’acteurs de développement ont suivi du 25 au 28 juillet 2022 à Nouakchott, une formation intensive dans le domaine de l’Analyse économique des ménages, en anglais « Household Economic Analysis HEA ». Cette session entre dans le cadre du Projet « ProAct Sahel » mise en œuvre en Mauritanie par l’Observatoire de la Sécurité Alimentaire et Action Contre la Faim (ACF).
Renforcer la capacité technique de la société civile sur les outils de collecte des paramètres clés et les Outcome Analysis (OA) HEA en vue d’améliorer l’intégration du cadre d’analyse dans le dispositif national de prévention de gestion de la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Mauritanie. Tel est l’objectif global visé par l’atelier de formation que l’ONG internationale ACF a dispensé du 25 au 28 juillet 2022 à Nouakchott à des acteurs de développement.
Pendant quatre jours, les participants, issus d’organisations de la société civile actives dans le domaine de la sécurité alimentaire et la nutrition, ont suivi plusieurs modules.
Objectifs de la formation
Ces cours, très techniques, ont été dispensés par deux formateurs mauritaniens, Aïcha Bâ d’ACF et Mohamed Maazou du Commissariat à la Sécurité Alimentaire, qui ont suivi au Sénégal une formation des formateurs. Ce fut sous l’œil vigilant d’un superviseur, Demba Touré, expert en HEA auprès du siège central d’ACF à Dakar.
Les participants ont suivi plusieurs présentations, dont une introduction aux Cadres Analytiques et les concepts de base, avant de se familiariser avec l’identification des paramètres clés.
Le HEA comprenant deux grands ensembles de trois étapes chacun, la partie Baseline et la partie Analyse, la formation dispensée ne concernait que les trois dernières étapes du HEA relatives à l’Analyse. Il s’agit de l’étape 4 sur la spécification du choc, l’étape 5 sur les stratégies d’adaptation et l’étape 6 relative au résultat final.
En effet, le HEA commence avec l’analyse des moyens d’existence des ménages dans une année normale, puis incorpore les effets économiques d’un choc et considère finalement comment les ménages peuvent faire face au choc.
Bien que non concernés par les trois premières étapes de la Baseline, les participants ont été cependant édifiés sur le zonage des moyens d’existence, la division des groupes socioéconomiques et la quantification des moyens d’existence.
L’analyse des scénarios, objet réel de la formation, a permis ainsi aux participants de se familiariser avec la spécification des chocs (perte de récoltes, baisse de salaire, hausse des prix, etc.) et leur relation mathématique avec chaque moyen d’existence.
L’analyse des stratégies d’adaptation a permis d’évaluer la capacité des ménages à réagir face aux chocs avec des indicateurs de suivi.
Avis aux décideurs
Enfin, la projection des résultats sert à analyser le résultat d’un choc par rapport aux seuils de survie et de protection des moyens d’existence. Ce qui servira à déterminer le besoin en aide extérieure par rapport à ses deux seuils.
En définitive, le HEA est une approche qui permet de fournir aux décideurs (Etat ou organismes humanitaires) des éléments de cartographie fiable des zones et des ménages en situation de crise alimentaire.
Contenus de la formation
Ces cours ont été ponctués d’exercices faisant appel à des calculs intelligents, tels que l’ont démontré les exercices sur la spécification de problème et sur la plaine de Meru, un exemple tiré d’une zone au Kenya.
Les deux derniers jours de la formation ont porté sur le tableur d’analyse d’impact sur les moyens d’existence, le « Livelihood Impact Analysis Spreadsheet » ou LIAS et ses neuf (9 Feuilles). Il s’agit des quatre feuilles de la spécification des problèmes, la Feuille C (Production agricole), la Feuille L (Production animalière), la Feuille M (Prix du marché), la Feuille 0 (Autres sources de revenus).
Ensuite, les 5 autres feuilles, la Feuille B (données de la Baseline), la Feuille P (Population et répartition des richesses), la Feuille R (Résultat et calcul des besoins), la Feuille G (Infographie des données) et la Feuille S (saisonnalité).
Le dernier module de la formation a porté sur la fiche de collecte des paramètres clés et le remplissage du questionnaire les concernant.
Il faut souligner que cette formation dispensée aux acteurs susvisés répond à un sérieux besoin en renforcement de capacités institutionnelles et en appropriation par les structures nationales de l’Etat pour mieux intégrer et maintenir le HEA dans les systèmes d’alerte et de prévention.
Un financement de l’Union européenne
Sous le lead de Save The Children, ACF et OXFAM ont ainsi bénéficié d’un financement de l’Union européenne pour renforcer la capacité des acteurs de la sécurité alimentaire sur les outils CH et parachever l’institutionnalisation des outils HEA dans 11 pays au Sahel, en Afrique de l’Ouest et du Centre. Ce projet intitulé « Renforcement des capacités institutionnelles pour améliorer la gouvernance des systèmes d’alerte précoce et d’intervention en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle afin d’accroître la résilience de la population la plus vulnérable » a une durée de 36 mois (Février 2020-Février 2023).
Cheikh Aïdara