Après les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la ville de Kaédi, provoquant de nombreux sinistres, le président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani s’est rendu sur place vendredi 20 août 2022 pour s’enquérir de la situation. Selon plusieurs observateurs, la responsabilité technique du département de l’Urbanisme et de l’Habitat et celle des différentes autorités administratives qui se sont succédé dans cette région est pointée du doigt.
Deux jours après les sinistres causés par les pluies diluviennes qui se sont abattues sur Kaédi, le président de la République, Mohamed Cheikh Ghazouani s’est rendu sur place, vendredi 20 août 2022 pour s’informer de l’ampleur des désastres.
Dans une déclaration largement étayée, Ould Ghazouani a déclaré que sa visite entre dans le cadre d’un élan de solidarité avec les habitants de Kaédi, mais surtout dans une volonté d’évaluer l’ampleur du désastre pour mieux orienter les mesures à prendre. Il a ajouté à ce propos que l’Etat et ses moyens humains et financiers sont mobilisés ces derniers temps pour faire face à ce genre de catastrophes, conscients que l’hivernage cette année est tout à faire différent du passé, compte tenu des quantités de pluies envisagées. C’est pourquoi, a-t-il déclaré en substance, un plan de secours et de sauvetage a été mis en place. Il s’agit aujourd’hui, selon lui, de mettre en œuvre ce plan et d’identifier les insuffisances potentielles afin de les corriger.
Ould Ghazouani qui a visité quelques familles sinistrées, évacuées par l’armée et placées dans certains établissements scolaires, s’est félicité de l’absence de tout dégât humain, même s’il dit déplorer la situation des sinistrés et les dommages matériels causés. Il a appelé la population à plus de vigilance, soulignant que d’autres pluies sont attendues.
Par la suite, il a rendu visite aux périmètres agricoles de Kaédi et discuté avec les agriculteurs. Selon lui, l’excellent hivernage de cette année doit être exploitée à fond pour redynamiser l’agriculture sous pluie qui a connu un grand recul ces dernières années du fait des faibles pluviométries. Il a indiqué toute l’importance qu’il accorde à l’agriculture, précisant qu’il s’agit d’un secteur de souveraineté, le seul capable d’assurer la sécurité alimentaire du pays.
Certains habitants de Kaédi ont estimé que la visite de Ghazouani est purement politique et n’a eu aucun impact sur la vie des sinistrés. « Il est venu les mains vides. Aucune tente n’a été dressée pour les habitants qui ont passé la nuit à la belle étoile, sans nattes, sans couvertures, sans hôpital de campagne et sans aide alimentaire. Il est juste venu pour les caméra » a réagi l’un d’entre eux
Selon des témoins oculaires, les responsables de la commune et les autorités administratives ont empêché le président de la République de se rendre au Lycée de Kaédi, là où sont parqués la plupart des sinistrés, pour masquer leurs incuries. Ils n’ont voulu montrer au président que ce qu’ils veulent qu’il voit, c’est-à-dire, certains endroits déjà dégagés de la ville.
Plusieurs autres objections ont été également apportées au contenu du discours face aux réalités. En effet, selon plusieurs techniciens, les plans de lotissement à Kaédi et dans plusieurs autres villes du pays n’ont pas respecté les normes en la matière. Selon eux, plusieurs quartiers à Kaédi et ailleurs ont été bâtis sur des zones inondables qui du fait de la faible pluviométrie enregistrée ces dernières années n’avaient pas montré de faille. Les inondations enregistrées à Kaédi aujourd’hui, et à Sélibaby toutes les années, mais aussi à Tintane et Atar, sont dues à de mauvais plans de lotissement, avec la complicité des autorités administratives qui ont distribué des centaines de lopins de terrain sur des emplacements connus jadis comme passage obligé des eaux de pluie.
Il en va de même des ouvrages de franchissement qui ont été pour la plupart construits avec moins de frais et qui aujourd’hui se sont écroulés ou risquent de le faire. D’où l’urgence selon les techniciens de revoir les plans d’urbanisme et l’état de tous les ouvrages construits ces dernières années.
D’autre part, l’agriculture et l’élevage qui sont les deux secteurs les plus importants de l’économie nationale, sont ceux qui bénéficient le moins d’attention, selon plusieurs observateurs. En sus des conflits domaniaux qui minent le secteur de l’agriculture et les disputes de type communautaire autour des terres agricoles, s’ajoutent les faibles interventions des responsables administratifs du secteur. Absence d’encadrement des agricultures, manque d’intrants agricoles et d’engrais, absence de subvention et de crédits au profit des exploitants qui se sentent délaissés. L’agriculture qui est pourvoyeuse d’emplois, garante de l’indépendance alimentaire du pays qui continue d’exporter plus de 80% de sa nourriture a besoin d’une véritable révolution, selon plusieurs observateurs.
Cheikh Aïdara