Après l'apaisement politique, le bien le mieux partagé par la majorité et l'opposition mauritanienne, l"école républicaine dont la rentrée scolaire 2022-2023 constitue l'An I est sans doute un autre axe majeur du programme "Taahoudati" du président Ghazouani entré aujourd'hui dans le dernier virage de son exécution, alors que pointent à l'horizon les élections municipales, législatives et régionales.
Tous les enfants mauritaniens âgés de six ayant pris le 3 octobre 2022 le chemin des classes n'ont eu qu'un seul choix : l'école publique. Ils sont ainsi logés à la même enseigne, l'école républicaine, ce projet éducatif pilier d'une vision nouvelle qui veut réinstaurer les fondements d'une Équité sociale que toutes les réformes précédentes (de 1957 à 1999) ont allègrement piétiné mettant en avant des préoccupations certes essentielles mais non suffisantes.
Car ce qui compte, dans tout projet éducatif, c'est son caractère global, non particulariste, permettant à tous les enfants de bénéficier de ce qui est considéré comme des "atouts" et de se soumettre, vues les difficultés inhérentes à tout système, aux nombreuses contraintes : déficit en infrastructures, qualité des enseignants, environnement social, etc.
Les protestations qui fusent d'un peu partout, ces jours-ci, ne touchent pas à l'essentiel de ce que nous voulons pour nos enfants comme base d'une éducation saine et porteuse d'espoir d'un "redressement" - une mise à niveau, pour être juste - que la plupart d'entre nous appelaient de leurs vœux depuis plusieurs années pour mettre un terme à la situation de "ghettos scolaires" que sont nos écoles aujourd'hui, le privé étant considéré comme le domaine des familles riches ou de la classe moyenne et le public, le "refuge" de ceux qui n'y inscrivent leurs enfants que contraints et forcés.
La première vertu républicaine de l'école que nous voulons est qu'elle soumet les enfants mauritaniens aux mêmes conditions, en bien et en "mal". Les succès seront alors du seul ressort de l'élève et les échecs aussi. Au niveau élémentaire où les compteurs sont remis à zéro, l'appréciation positive de la proximité entre enfants venant d'horizons divers est certes un premier acquis mais les vrais résultats ne sont attendus que dans six ans, quand on entrera dans la phase II de la réforme et qu'on verra les enfants de cette première cuvée pousser, ensemble, les portes de collèges publics prêts à poursuivre le challenge de l'école républicaine.
Sneiba Mohamed