Décidément, les Mauritaniens sont singuliers en tout. Ils ne se contentent plus d’être le pays du « million de poètes » ; ils veulent devenir celui où tout le monde a son mot à dire sur tout et rien.
La décennie de crise, sous Aziz, n’a pas servi d’exemple pour qu’ils apprécient, comme un bienfait d’Allah, l’après décennie 2009-2019 qui se déroule, depuis plus de trois ans, sans heurts politiques ou incidents sociaux d’importance.
Homme de paix, force tranquille, travaillant sans tambours ni trompettes, à la réalisation d’objectifs clairement définis, Ould Ghazouani, a choisi un Premier ministre, Mohamed Ould Bilal Messoud à son image : calme, loin du m’as-tu vu, fidèle à ses principes et surtout fidèle en engagement. Idem également pour les hommes de proximité comme le ministre secrétaire général de la Présidence, Moulay Ould Mohamed Laghdaf, du ministre de la Défense, Hanena Ould Sidi, ou le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine.
La similitude des profils entre le Raïs et le plus proche de ses collaborateurs dérange apparemment, quand on voit les flèches venimeuses que certains décochent envers le PM, croyant, à tort, atteindre, à travers lui, le programme du président de la République et ébranler un pouvoir qui engrange les points année après année.
Depuis sa première entrée au gouvernement, en avril 2007, comme ministre de l’Equipement, de l’Urbanisme et de l’Habitat, l’actuel PM a fait preuve d’une remarquable constance dans le comportement et la gestion qui siéent aux hauts responsables de l’Etat, vraiment responsables. Une attitude qui lui a sans doute valu quelques déboires avec le pouvoir de l’ancien président Aziz qui avait plus besoin de « profils » adaptables à sa vision tronquée des choses.
Homme de consensus, comme son président, épousant une politique d’apaisement qui fait partie de lui-même, Ould Bilal Messoud a des arguments solides à faire valoir pour asseoir sa vision de la politique et de l'action gouvernementale, mais surtout son désir de remplir, comme il se doit, la mission que le président Ghazouani lui a confiée. Les « pécheurs » en eau trouble ne récolteront donc qu’amertume et désespoir de celui qui aura agi pour faire du mal mais aura provoqué, malgré lui, le bien. Car Ghazouani n'est pas homme à se faire dicter ses choix. Aziz l'a appris à ses dépens, n'est-ce pas ?
Sneiba Mohamed