Clôturant la 4ème édition de son « Women Independance Festival » entamé depuis le 1er mars 2023, l’association « Assalamalekoum Culture », accompagnée par la Délégation de l’Union européenne en Mauritanie, a offert mercredi 8 mars, journée internationale de la femme, un somptueux dîner-gala, sous fond de débat sur le leadership et l’entreprenariat féminin en Mauritanie, le tout agrémenté par un entraînant concert musical.
C’est sous un imposant dispositif sécuritaire que la Délégation de l’Union européenne en Mauritanie a abrité mercredi 8 mars 2023 un cocktail dinatoire pour clôturer la 4ème édition du « Women Independance Festival » organisé par l’association « Assalamalekoum Culture » sous l’égide de son président, Limam Kane dit Monza et de la coordinatrice de l’évènement, Mme Hawa Ba. Une autre façon aussi de célébrer la journée internationale de la femme, dont la cérémonie de commémoration a été organisée au Palais des Congrès de Nouakchott par le Ministère des Affaires Sociales sous la présidence effective de la Première Dame.
L’Union européenne, un partenaire des femmes
La soirée a été marquée par un mot de bienvenue de l’ambassadeur délégué de l’Union européenne, SEM. Gwilin Jones, qui a évoqué la dynamique entraînée par les nouvelles technologues dans le domaine des affaires, mettant en exergue le dynamisme et l’engagement de la femme mauritanienne dans tout ce qui est innovation, créativité et business. Il a évoqué les opportunités qui s’offrent aux femmes, par-delà les difficultés liées à l’accès aux crédits et aux financements, citant notamment les mesures envisagées par les autorités mauritaniennes dans ce domaine, mais aussi la disponibilité des partenaires, comme l’Union européenne, à accompagner les femmes dans leur dynamique entrepreneuriale.
Il a cité pour l’exemple une banque numérique, le Timbank et ses deux millions de clients à travers le monde dont 50% de femmes.
Parterre de personnalités
C’était face à un parterre d’invités de marque, parmi lesquels le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports et des Relations avec le Parlement, M. Ahmed Ould Soueidat, le président du Patronat mauritanien, M. Zeine El Abidine Ould Cheikh Ahmed, du président de la Commission nationale des droits de l’homme, Me Ahmed Salem Ould Bouhoubeïny, de plusieurs femmes d’affaires et chefs d’entreprises.
Panel sur le leadership féminin
Les invités ont eu droit par la suite à un panel de facture, modérée par Houleye Kane et animée par Mme Cristina Isabel Santos, Représentante résidente de la Banque Mondiale en Mauritanie et Mme Salma Hmeida, ingénieur polytechnicienne, consultante et chef d’entreprise.
(https://cridem.org/C_Info.php?article=61148)
Mme Cristina évoquera de prime abord la relation innée entre femme et innovation, femme et création. L’accès aux financements et aux crédits, sont les principaux problèmes auxquels les femmes font face selon elle. Elles considèrent qu’à chance égale et moyens égaux, les femmes sont aussi capables d’aller loin dans tous les domaines autant que les hommes.
Pour Salma, le principal obstacle sur lequel bute la femme mauritanienne, ce sont les pesanteurs sociales qui veulent que la femme ne puisse faire ceci ou cela. Pour elle, les femmes jouissant d’un environnement social favorable sont celles qui s’en sortent le mieux en général, citant son propre cas, celui d’un père qui l’a soutenue et accompagnée à réaliser son plein potentiel, dans un domaine aussi pointu que l’ingénierie et les sciences, et auquel seules quelques rares femmes ont accès.
Selon elle, si les femmes mauritaniennes sont en général versées dans le commerce, seule une rare élite a prospecté le domaine des services et de l’industrie, où elles sont encore minoritaires. Pourtant, ces créneaux, selon elle, sont ceux qui sont porteurs d’une plus-value pour l’économie et pour l’emploi.
Le public s’invite dans le débat
Le public a également alimenté les débats, à l’image de Marième Kane, vice-présidente du Comité Olympique mauritanien et qui a interpellé le chef du patronat pour plaider pour l’investissement dans le sport, soulignant qu’aujourd’hui la diplomatie sportive est plus efficace que la diplomatie classique.
Dans sa réplique, le président du patronat a indiqué que les hommes d’affaires s’impliquent de plus en plus dans le sport, notamment dans le football. Il a par ailleurs indiqué que les obstacles liés à l’accès aux crédits et aux financements, qui sont jusque-là de véritables freins pour l’essor de l’entreprenariat, en particulier l’entreprenariat féminin, sont en train d’être levés, à travers un fonds de garantie que le patronat et l’Etat mauritanien sont en train de mettre en œuvre en faveur des petites et moyennes entreprises.
Selon lui, les banque font d’ailleurs plus confiance aux femmes qu’aux hommes, parce qu’elles sont plus solvables. Il a par ailleurs déclaré qu’il existe au sein du patronat une fédération des femmes chefs d’entreprises, ce qui dénote du dynamisme croissant des femmes dans le domaine des affaires.
Aminetou Diallo, chef d’entreprise et présidente d’une mutuelle d’épargne et de crédit a déclaré que les femmes ont l’intelligence, la capacité et la force de créer des entreprises autant que les hommes, mais qu’elles butent contre la discrimination au crédit bancaire et l’absence de financement. Elle a appelé les banques primaires à dégager des lignes de crédit de facilitation pour les femmes entrepreneurs et a exhorté les partenaires à les accompagner dans leur combat pour l’autonomisation financière des femmes.
« Chtaari », concert et prix
Les invités ont par la suite suivi un « Chtaari rapé » (chtaari, mot hassaniya qui signifie : quoi de neuf ? : ndlr) avec des artistes mauritaniennes, sénégalaises, belges et françaises. Un concert musical a par la suite tenu en haleine l’assemblée qui s’est servie de la vaste cour de la Délégation de l’Union européenne pour esquisser des pas de danse dans la joie et l’allégresse.
A noter qu’à l’issue du concours organisé par l’association « Assalamalekoum Culture » deux lauréates ont remporté les premières places. Il s’agit de Salma Adama et de Fayol Amadou Bâ.
Cheikh Aidara