FNP - La pêche des petits pélagiques est indéniablement la principale ressource dans nos eaux. Le Groupe de travail de l’IMROP qui vient de se terminer en Février 2023 a confirmé un potentiel avéré de 1 200 000T.
L’exploitation de cette filière très délicate a besoin de ses différents acteurs complémentaires qui sont : les navires et embarcations de pêche, les usines de congélation et celles de la farine. La disparition de l’un de ces piliers conduira à l’effondrement de toute cette activité encore dans ces premiers pas.
*Les mesures de L’éloignement des senneurs pélagiques de leurs zones de pêche avait conduit à leur quasi arrêt de la pêche.
Cela a permis de faire le constat suivant : ces zones sont très pauvres en poissons et les senneurs qui alimentent en produits frais les soixante usines de traitement, d’élaboration et de congélation, dont la production est destinée à la consommation humaine et les 15 unités opérationnelles de production de farine et d’huile de poissons sont pratiquement à l’arrêt ou tournent à 15 % de leur capacité.
Cette situation a permis d’engraisser les poissons pélagiques en Mauritanie au bénéfice des pays voisins car le poisson pélagique (chinchard, sardinelles plates et rondes, mackerel, mulet etc.etc.) migre du Golfe de Guinée vers la Méditerranée et inversement. La pêche est devenue abondante chez nos voisins qui nous félicitent pour cette décision.
Les 800 senneurs marocains (qui évoluent à 3 miles de la côte) et la cinquante de chalutiers industriels font le plein en quelques jours. Nous (mauritaniens) avons tracé une autoroute pour les poissons pélagiques d’après nos collègues du nord. La Mauritanie a participé au soutien à la production record de la pêche au Maroc qui a atteint en 2022 1.550.000 tonnes. Cette production a augmenté de 21% par rapport à 2021 et ceci en partie grâce aux mesures restrictives, blocage des chalutiers et senneurs mauritaniens et affrétés.
*l’application de limitation des quotas des usines de farines à 4000T de poissons entiers soit 800T de farine/an, avec une nouvelle interprétation qui y inclut les poissons pourris(impropres à la consommation humaine) vient de conduire à la suspension immédiate de 4 des plus grandes usines de farine de Nouadhibou. Les autres usines suivront dans les prochains jours.
Nous attirons l’attention des Pouvoirs Publics que toute la filière des petits pélagiques de la congélation et du traitement vont suivre dans l’immédiat.
Bien entendu ces restrictions (mauritaniennes) engendrent des résultats financiers négatifs immédiats que nous citons :
- Chute des chiffres d’affaires des sociétés de congélation et de farine dont les investissements dépassent 54.000 .000.000 MRO (cinquante-quatre milliard de MRO).
- Compression et licenciement du personnel donc augmentation du chômage à Nouadhibou pour des mauritaniens qui avaient un emploi stable depuis des années environ (20.000).
- Fermeture des usines de farine (actuellement environ 40% sont fermées) et mise en veilleuse des usines de congélation de poissons pélagiques et arrêt de la fabrication de l’élaboration de ces poissons en HGT et IQF.
- Perte financière entrainant les retards et ou non-paiements des salaires et les crédits bancaires.
- Arrêt et mauvais entretien des usines et senneurs mauritaniens (donc augmentations des risques d’accidents et de perte de matériel).
- Chutes drastiques des recettes d’impôts, de taxes, de la banque centrale, des ports, des transitaires, des mareyeurs et des transporteurs.
- Chute libre des recettes en devises et des recettes des banques et de la SMCP.
- Manque de confiance des investisseurs vis-à-vis des projets de la Zone Franche aussi bien par les hommes d’affaires étrangers et mauritaniens.
La flotte de senneurs mauritaniens et turcs de poissons pélagiques , qui est la seule à être capable de ramener des petits pélagiques frais en quantité suffisante, risque de quitter la Mauritanie et bien entendu c’est la fermeture de 80% des unités de production de la pêche (congélation poissons pélagiques et farine) entrainant l’augmentation exponentielle du chômage à Nouadhibou et un grand crac financier du système bancaire et faillite des sociétés.
En conclusion :
Pour sortir de cette crise du secteur pélagique qui peut conduire à une banqueroute généralisée, Il est urgent de suspendre les mesures actuelles de fermeture des Usines et de mener une concertation avec les professionnels pour reprendre les activités d’exploitation dans des conditions optimales de sauvegarde de la ressource et de la pérennité des investissements.
Nouadhibou, le 20/03/2023
Fédération Nationale de Pêche (FNP)
Section des Industries des Protéines de la Mer