Arrêté le 6 mai 2023 à l’aéroport Oumtounsy de Nouakchott alors qu’il revenait de voyage, Mohamed Dellahi, homme politique et défenseur des droits de l’homme, a été libéré sous contrôle judiciaire le 18 mai, alors que les raisons de son incarcération restent officiellement non encore connues. Ses partisans ont maintenu la conférence de presse organisée le même jour.
La conférence de presse organisée par les partisans, sympathisants et amis de Mohamed Dellahi, président du Parti Mauritanien pour le Développement et l’Environnement (PMDE), est intervenue le jour de sa mise en liberté provisoire par le parquet de Nouakchott. Cette conférence de presse qui fait suite à plusieurs jours de protestations dans les médias et des lettres adressées aux institutions chargées de la défense des droits de l’homme dans le pays, avait pour objectif d’exiger sa libération. Chose qui a été faite depuis le matin du jeudi 18 mai 2023.
Le FONADH, une tribune libre
Organisée au siège du FONDAH, la conférence de presse a servi de tribune pour dénoncer les dérives autoritaires du pouvoir de Mohamed Cheikh Ghazouani déjà entachées, selon les différents intervenants, par des élections générales marquées par des fraudes massives et généralisées.
Prenant la parole à l’occasion, Sarr Mamadou, président du FONADH devait constater le recul à tout point de vue des libertés publiques, notamment la liberté d’expression dont sont victimes déjà plusieurs bloggeurs, journalistes et hommes politiques, notamment Mohamed Dellahi.
Il a exhorté la jeunesse à s’affranchir des mauvaises pratiques qui montent crescendo, soulignant que le climat qui avait prévalu en 1966 est le même que nous vivons aujourd’hui sinon pire. Il a évoqué les accusations portées contre son organisation aussi bien par le pouvoir que l’opposition, à cause de son indépendance d’initiative.
Les intervenants sont unanimes à reconnaître que le siège du FONADH a toujours accueilli les opprimés, ceux dont aucune organisation sur place ne veut.
Une « séquestration » illégale
A son tour, Yacoub Ahmed Lemrabott, président du mouvement KAVANA, a déclaré que Sarr Mamadou est une école et que le FONADH est l’unique lieu ouvert à tous les opposants pour faire entendre leur voix. Selon lui, l’arrestation de Mohamed Dellahi est illégale et constitue une atteinte grave à la liberté d’expression. Comme Sarr Mamadou, il a appelé à l’union des Mauritaniens pour relever les défis qui se posent et imposer le respect des lois et des bonnes pratiques, contre le racisme, la discrimination et la mauvaise gouvernance.
Le président Samba Thiam, le président de la CLTM, Samory Ould Bèye, la député Coumba Dado Kane, la Secrétaire générale de l’association des veuves, l’activiste Bekaye Sy, et plusieurs autres intervenants ont dénoncé ce qu’ils appellent le « kidnapping » du président Mohamed Dellahi. Ils ont appelé les Mauritaniens à resserrer les rangs et défendre les idéaux de liberté et de justice dont ils rêvent.
Pour sa liberté de ton
Beaucoup ont lié l’arrestation de Mohamed Dellahi à son combat pour la résolution du passif humanitaire dont il a fait son cheval de bataille, mais aussi pour son franc parler et sa liberté de ton. Ce serait surtout pour sa participation au film documentaire « Le Tribunal du Fleuve » tourné à Dagana (Sénégal) et qui revient sur les douloureux évènements de 1989-1991 avec ses lots de déportations, d’apatrides et de liquidations extra-judiciaires de plusieurs soldats négro-mauritaniens.
Cheikh Aïdara