A la fin du projet « Prévention de l’extrémisme violent à travers l’insertion des jeunes en conflit avec la loi et le renforcement de l’accès aux droits et à la justice », acteurs locaux et étrangers ont tiré le bilan de leurs activités au cours d’un atelier organisé à Nouakchott du 2 au 4 août 2023. La réflexion a porté sur le défi lié à la durabilité et à la pérennité des approches développées par le projet durant ses 18 mois d’existence.
Le projet « Prévention de l’extrémisme violent à travers l’insertion des jeunes en conflit avec la loi et le renforcement de l’accès aux droits et à la justice » s’achève le 13 août 2023, après 18 mois d’intenses activités entre acteurs mauritaniens (gouvernement et société civile), et partenaires techniques d’exécution, en l’occurrence l’Organisation des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) et le Bureau international du travail (BIT), avec le soutien du Fonds du Secrétaire général des Nations Unies pour la consolidation de la paix.
« Ce projet de 18 mois est mis en œuvre à Nouakchott, Nouadhibou et Kiffa. Il cible à la fois les jeunes en conflit avec la loi mineurs (15-18 ans) et adultes (18-24 ans) » selon la note conceptuelle du projet.
Atelier multi-acteurs
Du 2 au 4 août 2023 à Nouakchott, plusieurs représentants venant des départements de la Justice, de la Jeunesse, de l’Economie, des Affaires Sociales, de l’Emploi, du Travail, de la Sûreté et de la Garde Nationale, en plus du directeur général du Centre d’Accueil et de Réinsertion Sociale des Enfants en Conflit avec la loi (CARSEC), ont pris part à l’atelier de clôture du projet. Il était question de réfléchir sur la durabilité et la pérennité des approches développées.
L’objectif de l’atelier était de promouvoir une meilleure prise en charge des besoins des enfants et jeunes en conflit avec la loi en Mauritanie, à travers la présentation des résultats du projet et une réflexion collective autour de la pérennisation de ses initiatives phares.
Quelques recommandations
Au cours de leurs recommandations, les participants ont insisté sur la nécessité d’assurer l’autonomisation de ces jeunes et leur total accès aux services de justice.
Avec le guichet Techghil du ministère de l’Emploi, il a été relevé quelques dysfonctionnements au niveau de Nouadhibou où les moins de 18 ans n’ont pas accès aux fonds destinés à l’auto-emploi.
Parmi les recommandations, certains ont mis l’accent sur la nécessité de développer un plaidoyer fort pour introduire la culture du parrainage dans les mœurs avec appel aux philanthropes. D’autres ont plaidé pour le renforcement des capacités matérielles des CARSEC et l’augmentation du salaire des encadreurs.
L’appui psychologique des enfants et jeunes en conflit avec la loi a été sollicité, mais surtout le renforcement de l’appui accordé aux brigades des mineurs.
Un projet prioritaire pour le Ministère de la Justice
Clôturant les travaux de l’atelier, Nevissa Mohamed Houcein Habiboullah, Conseillère du Ministre de la Justice, a indiqué que grâce aux efforts conjugués des différents acteurs du projet, 59 jeunes membres d’associations ont pu suivre des stages de formation sur la prévention des crimes et la réinsertion socioprofessionnelle des jeunes en conflit avec la loi.
Elle a aussi évoqué l’appui que le département de la justice a apporté aux différents CARSEC, notamment l’ouverture d’un nouveau centre d’accueil à Kiffa, ce qui, selon elle, va rapprocher les jeunes en conflit avec la loi de leurs juges naturels et de leurs familles, contribuant ainsi à leur réinsertion dans leur milieu.
L’accent a été surtout mis sur la formation professionnelle des jeunes, a indiqué Nevissa Habiboullah, notamment à Nouakchott et Nouadhibou, ce qui a facilité, selon elle, l’insertion de 82 jeunes filles et garçons en conflit avec la loi, à travers des stages obtenus grâce aux partenariats tissés avec quelques entreprises et centres de formation. Ceci sans compter les « Journées portes ouvertes sur les métiers » qui profitent chaque année, pendant quatre jours, à 155 jeunes en conflit avec la loi.
Elle a aussi cité l’identification de 212 jeunes incarcérés au niveau des commissariats de police et dans les prisons, avec un plan d’appui à leur profit ainsi qu’un plan d’insertion individuelle.
L’ONUDC accompagne les efforts des partenaires locaux
Auparavant, Hélène Phan, Cheffe du Bureau de l’ONUDC à Nouakchott, a mis l’accent sur la fragilité des jeunes objets du projet qui vient de s’achever et la nécessité de les appuyer pour les extirper des voies détournées de la délinquance juvénile.
Elle a mis l’accent sur l’apport important du système judiciaire, soulignant qu’il s’agit de cibles psychologiquement faibles face à la marginalisation et à la stigmatisation dont ils sont souvent l’objet, ce qui les empêche de bénéficier au même titre que les autres jeunes des mêmes opportunités de travail. D’où, dira-t-elle en substance, la nécessité d’adopter l’approche développée par le projet pour faciliter la réinsertion sociale de ces jeunes et leur réhabilitation, afin de leur permettre de participer à la vie sociale et de profiter des chances offertes par ce projet porté par le ministère de la Justice.
Communications et travaux de groupes
Les deux premiers jours de l’atelier ont été marqués par plusieurs présentations et travaux de groupes autour de trois thématiques sur les recommandations de l’étude réalisée par une consultante sur les trajectoires de vie des jeunes en conflit avec la loi et la cartographie.
Il s’agit de recommandations relatives à la promotion du rôle des jeunes dans la résolution des conflits impliquant les enfants et jeunes en conflit avec la loi, des recommandations relatives à l’accès aux droits et à la justice, et enfin, l’inclusion et la participation socioéconomique de ces enfants et jeunes. Il a été question dans ce dernier volet de l’appui aux familles, du financement et de l’accompagnement des entreprises qui accueillent les stagiaires en provenance des CARSEC.
Parmi les communications qui ont marqué les premiers jours, le contexte du projet et les résultats de sa mise en œuvre par Nevissa Habiboullah, une présentation des CARSEC par le directeur général, Sid’Ahmed Jeddou, l’étude sur les trajectoires des enfants en conflit avec la loi, par Marie-Charlotte Bisson, consultante.
En plus de Henri Ebelin du bureau BIT Mauritanie qui a présenté le dernier jour le récapitulatif des recommandations issues des différents travaux de groupes, plusieurs associations de jeunes formés dans le domaine de la prévention des crimes et la réintégration des jeunes en conflit avec la loi, venus de Nouakchott, Nouadhibou et Kiffa, ont présenté leurs réseaux et les actions qu’ils ont menés.
Cheikh Aïdara